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Chapitre 5

Author: Ophélie Miller
Un sourire triomphant flottait sur les lèvres de Blanche, tandis que Lionel criait à tue-tête : « Papa et tata Blanche sont trop gentils ! Pas comme méchante maman qui me refuse une simple glace ! »

Les paroles de l'enfant ont attiré l'attention des passants. Des regards réprobateurs se sont tournés alors vers Irène.

Face à ce « bon fils » qu'elle avait chéri pendant quatre ans, elle n'a ressenti plus qu'un désespoir abyssal.

Fabrice a laissé Lionel crier sans intervenir. C'était finalement Blanche qui, hypocritement, a mis fin à cette scène ridicule.

Après les courses, ils ont proposé d'aller dans un restaurant vietnamien. En réalité, Irène n'avait même pas son mot à dire.

Fabrice a commandé une multitude de plats. À part une soupe pour Lionel, tous étaient épicés. Personne n'a demandé à Irène ce qu'elle souhaitait manger, son existence semblait avoir été oubliée.

« Fabrice, après toutes ces années, tu te souviens encore de toutes mes préférences... » a murmuré Blanche en effleurant sa main. Les oreilles de Fabrice ont viré au rouge.

Quand les plats sont arrivés, Fabrice n'a pas cessé servir Blanche.

Irène, quant à elle, s'est contentée de picorer son riz, sans toucher aux autres mets.

« Tu ne manges rien ? » s'est étonné Fabrice.

« Je ne supporte pas le piquant », a-t-elle répondu calmement.

Fabrice est resté interdit. Il se souvenait pourtant que tous les repas qu'Irène préparait étaient épicés. Il avait toujours cru qu'elle partageait ce goût, sans jamais percevoir la vérité.

Un étrange malaise l'a envahi et il a saisi la carte : « Je vais te commander autre chose. Dis-moi ce que tu aimes. »

« Inutile. Bon appétit. »

Fabrice allait répondre quand un passant a pointé Blanche du doigt, s'exclamant : « Mais... c'est Blanche ?! Et Fabrice ?! »

Blanche a incliné légèrement la tête.

Le ton du passant est devenu alors fébrile : « Je suis votre fan ! Votre histoire est tellement romantique, comme dans un drama ! Puis-je vous demander... Vous êtes vraiment revenus ensemble ? »

Fabrice a jeté un regard furtif à Irène avant de croiser les yeux pleins d'espoir de Blanche. Après une hésitation, il a hoché imperceptiblement la tête, murmurant un faible « Oui... »

Le fan avait un éblouissement : « Mon Dieu ! Après cinq années de séparation, vous retrouver... C'est le véritable amour, ça ! »

Blanche a souri avec grâce : « Avant, je n'avais pas su apprécier Fabrice à sa juste valeur. Je ne commettrai plus cette erreur. »

À ces mots, une expression radieuse a illuminé le visage de Fabrice.

Quand le fan était parti, Lionel a bondi d'excitation : « Papa ! Si tu es avec tata Blanche, est-ce que ça veut dire qu'elle sera ma maman ? »

Fabrice lui a couvert précipitamment la bouche avant de se tourner vers Irène : « Il est petit, ne prends pas ses paroles au sérieux... »

Devant son silence, il a ajouté : « Tout à l'heure... C'était pour protéger l'image publique de Blanche. »

Irène a acquiescé d'un mouvement las : « Je sais. Inutile d'expliquer. »

Fabrice a observé Irène, étrangement impassible, et a senti une bizarre sensation l'envahir.

À ses côtés, Blanche lui a serré doucement la main : « Fabrice, dépêche-toi de manger, ton plat va refroidir. »

Son visage s'est éclairé d'un nouveau sourire, aussitôt absorbé par la tendresse de Blanche, sans plus prêter attention à Irène.

Une fois le repas terminé, ils se sont dirigés vers le parking situé de l'autre côté de la rue.

Soudain, une petite voiture a débouché brusquement d'une intersection.

En l'apercevant, Fabrice, par réflexe, a attiré Blanche et Lionel sur le bas-côté, oubliant complètement Irène, restée au milieu de la chaussée.

Un crissement de pneus a déchiré l'air et Irène s'est écroulée sur le bitume.

Saisi d'effroi, Fabrice a lâché Blanche et s'est précipité vers Irène.

Celle-ci tremblait de tout son corps, recroquevillée sur elle-même, le front perlée de sueur froide.

Pour la première fois, Fabrice n'a vu plus qu'elle. D'une voix brisée par l'angoisse, il a balbutié : « Irène… Tu vas bien ? Attends, je t'emmène à l'hôpital ! »

Irène a essayé de répondre, mais la douleur lui a coupé le souffle. Elle a tenté de saisir la main de Fabrice, comme pour l'apaiser…

Quand soudain, Lionel a hurlé : « Papa ! Vite, Blanche… Elle va s'évanouir ! »
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