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Chapitre 6

Author: Ophélie Miller
En entendant ces mots, Fabrice a reporté immédiatement son attention sur Blanche, son regard trahissant une inquiétude encore plus vive qu'auparavant.

Blanche, d'un ton entêté, a protesté : « Fabrice, ça va, c'est juste mon hémophobie qui se manifeste. Occupe-toi plutôt d'Irène, elle en a plus besoin que moi. »

« Tata Blanche, tu es toute pâle ! Arrête de dire que ça va ! » s'est écrié Lionel.

« Papa, ne reste pas là comme un idiot ! Emmène-la à l'hôpital ! La voiture a freiné à temps, de toute façon maman fait juste semblant pour attirer ton attention ! »

Les paroles de Lionel ont fait naître un soupçon dans le regard que Fabrice a posé sur Irène. Les sourcils froncés, il semblait indécis.

Quand Blanche a gémi à nouveau de douleur, toute raison l'a abandonné. Il l'a prise par les épaules pour la guider vers leur voiture.

En passant devant Irène, il avait même le réflexe de couvrir les yeux de Blanche. Puis, se retournant, il a murmuré, visiblement gêné : « Blanche a toujours eu une santé fragile, je ne peux prendre aucun risque. J'ai appelé les secours, ils ne devraient pas tarder. Tiens bon encore un peu. »

Au fur et à mesure que leurs pas s'éloignaient, Irène a réalisé qu'elle venait bel et bien d'être abandonnée.

Elle a tenté de sourire amèrement, mais un filet de sang s'est échappé de ses lèvres entrouvertes.

Lorsque les secouristes l'ont hissée sur le brancard, sa conscience était déjà trouble. Seules les réprobations des passants parvenaient à ses oreilles : « Quel genre de personnes laissent une blessée seule comme ça ? C'est inhumain ! »

...

À son réveil, Irène s'est retrouvée allongée sur un lit d'hôpital. Le médecin lui a annoncé : « Vous avez eu un accident de voiture. Des éraflures sur tout le corps et une légère commotion cérébrale. »

Ce diagnostic ne l'a guère surprise.

Le conducteur avait bien freiné à temps, mais le choc avait tout de même été suffisant.

« Quand pourrai-je sortir ? » a-t-elle demandé.

Le médecin a levé une main réprobatrice : « Sortir ? Avec une commotion, c'est quatre jours d'observation minimum ! »

Après son départ, Irène a compté mentalement les jours restants. Cinq jours avant la fin du contrat. Quatre jours d'hospitalisation... Il ne lui resterait plus qu'une journée de liberté ensuite. À cette pensée, elle a exhalé profondément.

Enfin, le bout du tunnel approchait.

« Hé, tu es au courant ? Blanche est hospitalisée ici ! Son fameux petit ami est venu aussi ! »

« Sérieusement ? »

« Je te jure ! Tu aurais dû voir Fabrice, complètement paniqué ! Il l'a portée jusqu'à la chambre VIP en courant ! Et il a fait venir le meilleur spécialiste du pays pour l'examiner ! »

Un rire amer aux lèvres, Irène s'est appuyée contre le mur et a avancé pas à pas vers la chambre en question.

La porte entrouverte laissait filtrer la scène : Blanche alitée, Lionel serrant sa main avec inquiétude, Fabrice lui donnant tendrement la cuillère avec une douceur qu'il ne lui avait jamais témoignée.

Tous trois formaient un tableau de bonheur parfait.

Et Irène, derrière la porte, n'était plus qu'une intruse observant furtivement ce bonheur qui n'aurait jamais été le sien.

Une infirmière est venue pour changer les pansements de Blanche. Pensant qu'Irène soit une admiratrice, elle s'est mise à bavarder avec complicité :

« Vous aussi vous trouvez qu'ils forment un couple adorable ? Quand Fabrice l'a amenée aux urgences, on aurait dit qu'il souffrait plus qu'elle ! À voir comme il est aux petits soins pour elle, ils sont définitivement de retour ensemble ! »

D'une voix rauque, Irène a répondu : « Oui... Ils ont l'air très heureux. »

Après le départ de cette infirmière, Irène a regagné silencieusement sa chambre.

Depuis son admission, son téléphone était resté désespérément muet. Ni son fils, ni son mari n'avaient daigné envoyer un simple message d'inquiétude. Comparé aux attentions dont Blanche bénéficiait, sa situation était pitoyable.

Seule une notification rouge dans sa boîte mail a retenu son attention : une maison d'édition étrangère lui rappelait l'échéance imminente du concours littéraire.

Irène a demandé alors à Nadine de lui apporter son ordinateur portable. Elle comptait profiter de son hospitalisation pour écrire.

Sa chambre individuelle, calme la plupart du temps, offrait un environnement propice à la création.

Pour préserver sa concentration, Irène a éteint son téléphone et a mis son ordinateur en mode hors connexion.

Pendant cinq ans, elle avait tout sacrifié pour Fabrice, délaissant l'écriture. Pourtant, dès que ses doigts ont effleuré à nouveau le clavier, la magie a opéré. Plongée dans son texte, elle a perdu complètement la notion du temps.

C'était l'infirmière venue l'informer de sa sortie qui lui a révélé que quatre jours s'étaient écoulés !

Juste à temps, elle a terminé son essai et l'a envoyé avant d'allumer enfin son téléphone.

L'écran était instantanément submergé par plus de cent notifications : appels et messages désespérés de Fabrice.
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