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Le moment tant attendu était enfin arrivé. Elle se trouvait devant l'entrée de l'hôpital, la boule au ventre. Elle fallait qu'il se comporte en adulte et qu'elle fasse enfin cet examen avant de décider de quitter la ville. Où irait-elle ? Elle n'en savait toujours rien. Pour l'instant, ce qui comptait, c'était son bébé à venir. Elle devait s'assurer qu'elle était en bonne santé. C'était ce qui comptait, et rien d'autre. Elle souffla avant de franchir les portes de l'hôpital. Elle se fit bien vite remarquer suite à son habillement peu décent. Ariel sourit timidement à la réceptionniste qui lui permit d'écrire son nom dans la liste d'attente avant d'aller prendre place sur le canapé avec les autres. Les minutes et les heures passèrent avant que son tour n'arrive et qu'une infirmière le conduise jusqu'à la salle d'examen. — Monsieur Ariel, veuillez prendre place, demanda le médecin assis derrière son bureau. C'était une Alpha, elle pouvait le sentir aux phéromones que cette dernière relâchait pour le rassurer. Elle prit alors place sur le siège, les mains posées sur son haut large. — Depuis combien de temps savez-vous que vous êtes enceinte ? J'ai lu dans votre dossier que vous avez utilisé un test de grossesse, mais que vous n'êtes pas sûr du résultat ? continua-t-elle sur sa lancée. — J'avais des doutes, alors j'ai demandé à avoir un test que j'ai utilisé ce matin. Et si je suis vraiment enceinte, alors j'aimerais savoir si mon enfant se porte bien, dit-elle tout en se triturant les doigts. La femme Alpha sourit à la jeune femme face à elle, heureuse de constater que cette dernière faisait passer le bien-être de son futur enfant avant tout. Mais elle n'était pas aveugle et voyait bien que cette dernière menait une vie peu décente, et ça lui brisait le cœur de le voir. Elle souffla avant de s'exclamer : — Vous n'êtes pas venu avec votre Alpha ? demanda-t-elle tout en s'arrêtant d'écrire. Lea jeune Oméga secoua la tête, faisant soupirer l'Alpha. — Je vois. On va passer à l'échographie pour voir exactement si vous avez un bébé dans le ventre. L'infirmière va vous aider à vous allonger, dit-elle tout en pointant la jeune femme du doigt. Cette dernière se leva, suivie de Ariel, qui accepta l'aide de la jeune femme et s'allongea sur le lit. Avant qu'elle ne relève son haut, elle sentit quelques minutes plus tard un liquide froid sur son ventre, la faisant frissonner de froid. Elle ferma fortement les yeux avant de les rouvrir en entendant les premiers battements de cœur de son enfant. C'était bizarre et magnifique à la fois. Une larme roula sur sa joue alors qu'elle ne pouvait l'empêcher. C'était réel : son bébé était vraiment dans son ventre. Ariel essuya rapidement ses larmes en entendant la voix du médecin. — Regardez, vous voyez cette petite tâche, pas plus grande qu'un petit pois ? C'est votre bébé. Il a un poids normal, et avec l'aide de votre Alpha, votre bébé sera fort et en bonne santé, dit-elle alors que les yeux d'ariel s'émerveillaient à la vue du fœtus, même pas encore formé. Ariel savait qu'à ce moment, elle venait de craquer pour ce petit bout de cellules, même pas encore formé, et qu'elle ferait tout son possible pour lui donner la meilleure des vies. L'infirmière lui donna un mouchoir pour essuyer son ventre avant qu'elle ne quitte le lit pour aller s'asseoir sur la chaise face au bureau du docteur. Le médecin prit place sur son siège après avoir rangé son matériel. — Les Oméga fragile comme vous ont besoin d'être entourés. Vous devez savoir que seul votre Alpha pourra vous aider durant toute la durée de la grossesse. Votre odeur change avec la grossesse, et plus vos phéromones seront fortes, plus l'enfant sera dominant. Vous aurez besoin d'un autre Alpha pour les canaliser. Pensez à revenir la prochaine fois accompagné de votre Alpha. Un enfant se fait à deux, et vous ne serez pas la seule à supporter cette responsabilité, dit-elle tout en lui remettant une ordonnance et l'enregistrement de l'échographie. — Euh... Je... Merci, docteur, souffla-t-elle tout en se levant. Elle s'inclina avant de quitter la pièce. Elle resta un moment devant la porte, le regard dans le vide. Ariel ne savait pas comment vivre seul alors que les mots du médecin résonnaient dans sa tête. Elle était si fatigué d'avoir marché. C'était la première fois qu'elle sortait en plein jour, ce n'était pas comme si elle avait déjà mis les pieds en dehors de la maison close. Elle serra ses résultats médicaux contre son torse avant de sursauter en reconnaissant une voix familière. Elle se retourna et écarquilla les yeux en reconnaissant le Bêta en face de lui. — Alors, ta mère avait raison ! Tu es vraiment enceinte ! s'exclama-t-il, faisant sursauter la jeune femme de peur. Je te cherchais partout. Lorsqu'elle m'a prévenu de ta disparition, elle était si inquiète. Rentrons à la maison, dit-il tout en voulant attraper la main de cette dernière, qui recula. — Non, je n'y retournerai plus jamais. Je préfère mourir dans la rue que dans cet endroit. Et de toute façon, j'allais quitter la ville après ma visite à l'hôpital. Alors vous n'aurez plus à vous inquiéter pour moi, dit-elle tout en voulant dépasser ce dernier, qui le retint par le bras. — Qui t'a dit que je te ramenais là-bas ? L'Alpha Kael n'acceptera jamais que son enfant vienne au monde dans un tel endroit. Je t'emmène avec moi dans la meute, dit-il avant de lâcher le bras de la jeune femme. Ariel ne comprenait pas vraiment ce que le Bêta lui racontait. Elle n'avait jamais connu de meute, elle qui avait grandi dans une grande ville, enfermé dans un bordel où tout ce qu'elle avait à faire était d'être belle. Alors, une meute... Elle ne savait pas à quoi ça ressemblait. — Une... meute ? demanda la jeune femme, tout en penchant la tête de côté avec incompréhension. — Oui, la meute de la Rose Bleue. L'Alpha Kael la dirige, et tu verras, toute la meute va t'accueillir à bras ouverts avec la nouvelle que tu as apportée. Tout le monde en sera heureux. Moi, je le suis déjà, dit-il tout en sautant presque sur place avant de se reprendre. Mais avant d'y aller, nous devons d'abord te nourrir. Tu dois mourir de faim, dit-il tout en faisant signe à la plus jeune de le suivre. Ariel ne voulait penser à rien d'autre. Pour l'instant, elle avait bien trop faim pour faire marcher son cerveau. Même si elle savait que l'Alpha qui était le père de son enfant avait une Alpha comme compagne, et que les Alpha préféraient leur semblable pour partenaire plutôt qu'une Oméga fragile comme elle. Alors, il ne comprenait pas pourquoi être enceinte pouvait rendre tout le monde heureux.❍♬❍🎼❍♬❍Le temps, sur Sŏn'gak, avait retrouvé son cours paisible, mais il était désormais chargé d'une sagesse nouvelle. La grande épreuve était passée, laissant derrière elle une meute transformée, et un monde qui, sans le savoir vraiment, devait sa survie à une poignée de "loups sauvages" et à la sensibilité d'un jeune homme.Kae et l'Observatoire de l'Héritage tinrent parole. Un lien discret mais solide fut établi. Ils ne révélèrent jamais l'existence de la meute au grand jour, agissant plutôt comme leurs protecteurs dans l'ombre, détournant les curiosités, noyant les rumeurs dans des rapports scientifiques obscurs sur les "anomalies géomagnétiques" de l'île. En échange, ils recevaient des bribes de compréhension, des aperçus de la connexion symbiotique que la meute entretenait avec le vivant.Haneul, l'enfant-prophète, était devenu un jeune homme d'une sérénité troublante. L'effort colossal pour canaliser le chant de la Terre l'avait marqué à jamais. Il passait ses journées à err
❍♬❍🎼❍♬❍Le plan de Haneul était d'une ambition terrifiante. Canaliser la signature vitale de la Terre entière. C'était une tâche impossible, une folie d'enfant. Pourtant, face au silence approchant du Vide, c'était la seule lueur qui restait.Le Quartier Lueur devint le cœur battant d'une opération sans précédent. Kae et son équipe se joignirent pleinement à Jin-Sang et au Dr. Aris, les rivalités et les méfiances oubliées devant l'urgence. Ils n'étaient plus des humains et des loups, mais les derniers neurones d'un cerveau planétaire en train de se réveiller.Leur premier défi fut de trouver un moyen de « brancher » Haneul à la biosphère. Les cristaux de l'île pouvaient amplifier son don, mais ils n'étaient qu'un microphone. Il leur fallait une antenne à l'échelle de la planète.« Les lignes telluriques », proposa Kae, les yeux brillant d'une inspiration soudaine. « Les courants d'énergie qui parcourent la croûte terrestre. L'Observatoire a cartographié leurs nœuds. Sŏn'gak en est un
❍♬❍🎼❍♬❍Les jours qui suivirent l'arrivée de Kae virent Sŏn'gak se transformer en une ruche d'activité fébrile. Une zone restreinte près du Quartier Lueur fut allouée à l'Observatoire de l'Héritage. Des équipements sophistiqués mais discrets furent débarqués du voilier – des antennes à champ étroit, des interféromètres, des ordinateurs quantiques portatifs – et installés sous la supervision méticuleuse de Elyan et de ses « Griffes ».Kae, fidèle à sa parole, ouvrit l'intégralité de ses bases de données. Le Dr. Aris et Jin-Sang, malgré leur méfiance initiale, furent éblouis par la quantité et la qualité des informations. Ils découvrirent des modèles astrophysiques avancés, des études sur la matière noire, des analyses du rayonnement de fond cosmologique que leur science plus organique n'avait jamais abordées.Haneul était le pont. Assis entre les écrans de Jin-Sang et la présence silencieuse de Kae, il traduisait les « couleurs » et les « mélodies » du Chant des Profondeurs en paramèt
❍♬❍🎼❍♬❍L'homme, Kae, fut conduit à Port-Lumière sous bonne garde. La méfiance de la meute était palpable, un mur invisible dressé face à cet étranger. Il fut présenté au conseil dans la grande halle commune, sous le regard inquisiteur de Kang-Dae, kael, Elyan et Jiah. Haneul était présent, silencieux, épiant les émotions de l'étranger – une palette de curiosité, de crainte révérencieuse, mais surtout, d'une lassitude profonde.« Parlez », ordonna Kang-Dae, sans préambule. « Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que "l'Observatoire de l'Héritage" ? »Kae s'inclina légèrement. « L'Observatoire n'est pas une institution gouvernementale. C'est une organisation clandestine, fondée par des scientifiques, des historiens, des philosophes... et quelques dissidents comme moi. Notre but est de préserver les connaissances et de chercher des signes d'intelligence au-delà de la Terre. Nous existons depuis presque aussi longtemps que votre meute s'est cachée. »Il expliqua qu'ils avaient, au fil des décennies
❍♬❍🎼❍♬❍Dix années s'étaient écoulées depuis que la "pluie d'étoiles" avait offert à Sŏn'gak la mousse bleutée d'Europe. L'île avait été transformée. La forêt était maintenant parcourue de douces lueurs la nuit, et l'air lui-même semblait plus pur, chargé d'une énergie apaisante. La mousse, qu'ils avaient nommée Sŏn'ggot - "la Fleur du Sanctuaire" - s'était intégrée à l'écosystème, accélérant la croissance des plantes et rendant les récoltes plus abondantes que jamais.Haneul, maintenant un jeune homme de seize ans, était l'âme de cette nouvelle ère. Sa connexion au signal d'Europe n'avait fait que grandir. Il ne le "dessinait" plus ; il le comprenait. Pour les autres, c'était une série de données. Pour lui, c'était une présence constante, une mélodie de fond dans son esprit, qu'il appelait le "Chant des Profondeurs".Il passait ses journées à cheval entre le village et la grotte du Quartier Lueur, servant de pont entre l'intuition pure et la science. Jin-Sang et le Dr. Aris, désorma
❍♬❍🎼❍♬❍Leur victoire contre la menace du gouvernement fut amère. Ils avaient sauvé leur sanctuaire, mais l'innocence de Sŏn'gak était perdue. L'île n'était plus un simple refuge ; c'était une forteresse dont les défenses étaient l'anonymat et la ruse. Une vigilance sourde s'installa, perceptible dans le regard des sentinelles postées discrètement en hauteur, dans les vérifications quotidiennes des systèmes de surveillance passive.Pourtant, la vie, têtue, continuait. Haneul, le fils de Kang-Dae et Mi-cha, grandissait comme une liane sauvage et joyeuse. Il était le premier enfant né de l'île, et il en incarnait l'esprit libre. Il connaissait chaque recoin de la forêt, le nom de chaque poisson dans le lagon. Mais il sentait aussi le poids silencieux qui pesait sur ses parents, sur son grand-père Kael.Un après-midi, alors qu'il jouait près de la grotte du Quartier Lueur, il entendit Jin-Sang et le Dr. Aris parler à voix basse. Le mot « Europe » fut chuchoté. La curiosité l'emporta. Il







