Mag-log inSes doigts atteignirent la base de la robe. Il la regardait sans cligner des yeux. Prêt à aller trop loin.
Et c’est là que ça arriva. Un sanglot. Faible. Étouffé.Puis un autre. Et encore un. Le corps de Léna se figea. Elle pleurait. En silence. Mais les larmes roulaient sur ses joues, incontrôlables, pures. Pas de hurlement. Pas de théâtre. Juste… la tristesse. L’angoisse. Le désespoir. Elle murmura, d’une voix brisée : — Je ne voulais pas de ça. Pas de cette vie. Pas de cette souffrance. J’ai juste essayé de survivre. J’ai juste voulu protéger ce qui me restait. Ilyès ne bougeait plus. Sa main était suspendue à quelques centimètres de son corps. Et pour la première fois… il hésita. — Tais-toi, murmura-t-il. Ne me fais pas ça. Mais elle ne pouvait plus se taire. — Je n’ai plus personne, Ilyès. Ma mère est morte. Mon père m’a vendue. Et toi… toi tu veux m’éteindre. Pourquoi ? Pour une gifle ? Sa voix tremblait. — Est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Il recula.Un pas. Puis un autre. Comme si ses propres gestes lui avaient soudain fait horreur. — Merde… Il tourna le dos. Sa mâchoire était crispée. Ses poings, serrés. Léna tomba à genoux, la respiration tremblante.Elle n’avait pas crié. Pas mordu. Pas supplié. Elle avait pleuré. Et ça l’avait arrêté. — Tu peux me détester, murmura-t-elle. Mais n’oublie jamais que je ne suis pas ton jouet. Même cassée… je ne suis pas à toi. Ilyès ne répondit pas. Il sortit. Sans un mot. Laissant la porte grande ouverte. Cette fois, il ne l’avait pas enfermée. Mais quelque chose, dans son regard, avait changé. Et Léna comprit que ce n’était pas elle qu’il était venu briser. C’était lui qu’il tentait de sauver. À sa manière. Sale. Tordue. Terrifiante. Et qu’au fond… il ne savait pas comment aimer autrement. 🖤 Le salon brillait sous les lustres de cristal. Des verres tintèrent. Des rires légers s’élevèrent. Mais dans la poitrine de Léna, tout était figé. Elle était assise à la droite d’Ilyès, vêtue d’une robe rouge que ses doigts n’osaient même pas toucher. Le tissu collait à sa peau comme une marque de possession. Trop décolleté. Trop fendu. Trop transparent. Elle n’aurait jamais osé porter une telle tenue. Mais ce n’était pas son choix. C’était la robe qu’il avait fait livrer dans une boîte noire, une heure plus tôt, sans un mot. Il n’en fallait pas plus pour comprendre. Assieds-toi. Souris. Ne parle pas. Ilyès, lui, était dans son élément. Impeccable. Glacial. Intouchable. Il parlait affaires avec ses investisseurs, comme s’il n’avait pas traîné une jeune femme dans une prison dorée quelques jours plus tôt. Comme s’il n’avait pas failli la forcer à se donner à lui. Il ne la regardait même pas. Et pourtant, sa main reposait sur sa cuisse. Ferme. Possessive. Comme un rappel silencieux : Tu es là parce que je l’ai décidé. — Ilyès, murmura l’un des hommes à gauche, un verre à la main. Tu ne nous présentes pas cette beauté silencieuse ? Léna sentit tous les regards converger vers elle. Elle baissa les yeux. Elle ne voulait pas qu’on la voie. Pas comme ça. Pas comme une chose. Mais il sourit, sans même tourner la tête vers elle. — Oh, elle ? Juste un passe-temps, mon nouveau jouet. Un petit rire poli. — J’aime changer souvent. Un frisson glacé remonta le long de l’échine de Léna. Elle se mordit la lèvre pour ne pas réagir. Il l’avait humiliée. Volontairement. Publiquement. Et elle… elle n’avait pas le droit de parler. — Ravissante, murmura une femme un peu plus loin. Dommage qu’elle ne parle pas. — C’est ce qui la rend précieuse, répondit Ilyès. Elle connaît sa place. Rires étouffés. Champagne. Mais Léna n’entendait plus rien. Elle regardait son verre. Vide. Comme elle. Elle ne comprenait pas comment elle pouvait encore avoir honte. Après tout, il avait déjà tout pris, non ? Son libre arbitre, sa voix, son corps. Et pourtant, cette soirée la brisait d’une autre manière. Parce qu’ici, dans ce monde-là, elle n’était même pas une femme. Elle était une possession. Et elle l’acceptait. Elle le laissait faire. Parce qu’il avait tout prévu. Tout verrouillé. Tout piégé. Et qu’elle ne savait pas comment fuir. Plus tard, après le départ des invités, le silence était lourd. Léna n’avait pas dit un mot. Elle marchait derrière lui dans le couloir comme une ombre. Les talons lui faisaient mal, la robe collait à sa peau, mais elle n’osait pas se plaindre. Ils entrèrent dans la chambre. Il referma la porte derrière elle. — Tu étais parfaite, murmura-t-il. Elle ne répondit pas. Il s’approcha lentement. Glissa ses doigts sur sa joue. — Obéissante. Silencieuse. Belle. Elle frissonna sous son contact. — Tu n’as même pas pleuré, ce soir. C’est bien. Ses doigts descendirent sur sa gorge, puis sur son épaule. Elle tremblait. Mais elle ne recula pas. Il aimait ça. Ce mélange de peur et de soumission. — Ils t’ont regardée. Ils t’ont voulue. Et pourtant tu es restée là. À ta place. À ma droite. Sa main se posa sur sa taille. Puis s’arrêta juste au-dessus de ses hanches. — Tu m’appartiens, Léna. Tu le comprends maintenant ? Elle hocha doucement la tête. Une seule fois. Elle ne pouvait pas parler. Sa gorge était nouée. Il l’embrassa. Lentement. Comme s’il prenait son temps pour la goûter. Pour l’imprimer. Pour lui rappeler que tout ce qu’elle était… existait sous sa volonté. Puis il se recula. — Dors. Et il sortit, sans se retourner. Laissant derrière lui une Léna immobile. Silencieuse. Étouffée. Elle s’assit lentement au bord du lit. Ses mains tremblaient. Elle ne pleura pas. Elle n’en avait plus la force. Ce soir-là, elle comprit que l’humiliation n’était pas l’arme la plus cruelle. Non. Le plus terrible, c’était cette place qu’il lui avait donnée. Et qu’elle, lentement… avait commencé à accepter.Nathalie ne répondit pas. Elle se contenta de poser une couverture sur ses épaules, comme pour la protéger du froid… ou de tout le reste. Dans le silence pesant du motel, la nuit s’étira, longue et fragile, suspendue à l’espoir qu’au matin, elles seraient encore libres. La lumière jaune et fatiguée de la lampe de chevet diffusait une clarté tamisée dans la petite chambre du motel. Léna s’était enfin allongée, le corps encore tendu par les heures de fuite. Elie dormait contre elle, la respiration lente et douce. Nathalie, sur l’autre lit, faisait semblant de lire pour masquer son inquiétude. Le silence, lourd et fragile, s’installait peu à peu. Léna ferma les yeux, priant presque pour que la nuit se passe sans incident. Un claquement brutal retentit. La porte venait d’être forcée, projetée contre le mur avec une telle violence que la poignée rebondit. Léna sursauta, le cœur bondissant dans sa poitrine. Deux hommes entrèrent, larges d’épaules, vêtus de noir. Leurs vis
Ces mots firent l’effet d’une secousse électrique à Léna.— Cette nuit ? Mais… le vol est demain, et… Elie dort…— On trouvera une autre solution si on doit changer d’itinéraire. Mais rester ici jusqu’au matin, c’est prendre un risque inutile.Nathalie se leva, déjà en train de vérifier les affaires.Ses gestes étaient rapides, méthodiques, comme si elle avait répété ce genre de fuite des dizaines de fois.Léna, elle, était clouée sur le lit, le regard fixé sur le téléphone toujours posé sur la table.Chaque seconde qui passait, elle avait l’impression que quelqu’un, quelque part, réduisait la distance qui les séparait.Sa respiration devenait plus courte, plus rapide.Elle ferma les yeux, essayant de se convaincre que tout allait bien se passer… mais l’image d’Ilyes, debout dans une porte, la fixant avec ce sourire glacial, revenait sans cesse.— Léna, debout, ordonna Nathalie.Elle se leva enfin, serrant Elie contre elle, et enfila son manteau.Son corps était en mode sur
Elles s’embrassèrent brièvement, mais dans ce geste, il y avait plus que de simples salutations : il y avait la reconnaissance, l’urgence, la peur partagée.— Viens, assieds-toi, dit Nathalie à voix basse. On a très peu de temps.Léna sentit ses yeux s’embuer.— Je… je n’en peux plus, Nathalie. Je dois partir, loin, avant qu’il ne me retrouve.— Et tu vas le faire, répondit Nathalie fermement. Mais il faut être rapide et malin.Elle sortit un petit plan plié de son sac et le posa entre elles.— On va d’abord te mettre à l’abri. Après, on verra comment sortir du pays.Léna hocha la tête, sentant enfin un mince filet d’espoir se frayer un chemin à travers la peur.Elle n’était pas encore sauvée… mais elle n’était plus seule.La petite chambre d’hôtel où elles s’étaient réfugiées baignait dans une lumière jaune et douce, provenant d’une lampe de chevet branlante.Léna, assise en tailleur sur le lit, tenait Elie endormie contre elle, ses cheveux fins éparpillés sur son épaule.
Elle détourna le regard, laissant planer un silence lourd de sens.Léna, encore tremblante, serra Elie un peu plus fort.La petite, confuse mais apaisée par la chaleur de sa mère, avait posé la tête contre son épaule.Chaque minute qui passait, Léna sentait un poids se détacher de sa poitrine.Elle n’était pas encore en sécurité. Elle ne savait même pas exactement où cette voiture les conduisait. Mais pour la première fois depuis des semaines, elle était hors des murs d’Ilyes.Et, dans la poche intérieure de sa veste, le petit téléphone chargé reposait, prêt à lui permettre de contacter Nathalie.Elle se fit la promesse silencieuse de ne pas gaspiller cette chance.La voiture roulait depuis une dizaine de minutes.Chaque bruit de klaxon, chaque virage un peu brusque faisait bondir le cœur de Léna. Elle ne cessait de jeter des coups d’œil furtifs à travers la vitre teintée, craignant de voir surgir la silhouette familière d’un véhicule noir d’Ilyes.À côté, Dalia semblait parfaite
Elle monta rapidement à l’étage, son cœur battant à tout rompre. En entrant dans la chambre, elle ferma la porte derrière elle. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu’elle ouvrit le tiroir caché derrière la pile de draps.Le petit téléphone était là, froid au toucher, comme un secret endormi.Elle le prit avec précaution, presque comme si c’était un objet fragile qui pouvait se briser au moindre faux geste.Elle referma le tiroir, retourna s’asseoir sur le lit, et sortit le chargeur qu’elle avait caché à l’intérieur d’un livre creux.Quand elle brancha l’appareil, l’écran noir s’alluma, projetant une lumière faible mais rassurante.Son cœur se serra à la vue de l’icône de batterie presque vide.Elle resta là, assise, à regarder le petit indicateur grimper lentement, comme si chaque pourcentage gagné était une victoire.Ce téléphone… c’était bien plus qu’un simple appareil.C’était une corde jetée au milieu de son naufrage.Son seul lien avec Nathalie.Son seul espoir d’avoir qu
Car une seule vibration de plus… et cette fois, il n’y aurait pas d’issue.Le dîner de ce soir-là fut l’un des plus longs de la vie de Léna.Ilyes était assis face à elle, parfaitement calme, presque trop. Ses gestes étaient mesurés, ses mots choisis, et chaque fois qu’il levait les yeux vers elle, elle avait l’impression qu’il cherchait à lire directement dans ses pensées.Il parlait de choses banales : un nouveau contrat en cours, une réunion reportée, les problèmes de circulation en ville. Mais sous cette façade lisse, Léna sentait autre chose, comme une lame invisible prête à s’abattre.Elle n’arrivait pas à avaler plus de deux bouchées. Chaque fois qu’elle portait sa fourchette à sa bouche, sa gorge se serrait.Ilyes, lui, mangeait lentement, comme s’il avait tout son temps.— Tu n’as pas faim ? demanda-t-il soudain, brisant le silence.Elle sursauta légèrement.— Si… un peu, c’est juste… je suis fatiguée.Un mince sourire passa sur ses lèvres.— Fatiguée… ou préoccupée







