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chapitre 6 : Les lignes fines

Penulis: Gaina Len
last update Terakhir Diperbarui: 2025-12-09 01:52:52

Je retourne dans la salle 7 le lendemain matin avec un mélange étrange de calme et d’appréhension.

Calme… parce que je sais que rien n’est censé se passer.

Appréhension… parce que je n’arrive pas à oublier ce qui s’est passé hier.

Pas un geste.

Pas une parole déplacée.

Juste cette tension silencieuse, cette impression qu’on avançait l’un vers l’autre sans jamais se toucher.

Quand j’entre, il est déjà là.

Il lève les yeux vers moi et je sens une chaleur brève monter dans ma poitrine.

Pas parce qu’il sourit.

Il ne sourit pas.

Mais parce qu’une seconde — une seule — ses yeux se fixent sur moi d’une manière que je n’arrive pas à déchiffrer.

Puis il se redresse et toute trace de cette émotion disparaît.

— Bonjour, Léa.

— Bonjour.

Je m’installe.

Le professionnalisme est impeccable, mais… tendu.

Comme si chacun de nous surveillait la distance sans le dire.

Nous travaillons sur les projections financières.

Il me pose des questions.

Je réponds.

Je présente une analyse.

Il m’écoute.

Sérieusement.

Intensément.

Un peu trop intensément.

Et ça me trouble.

À un moment, il s’approche pour voir une note sur mon écran.

Il ne me touche pas.

Il ne m’effleure même pas.

Mais l’air change.

Je retiens mon souffle sans comprendre pourquoi.

— Votre méthodologie est très pertinente, dit-il doucement.

Ses mots sont professionnels.

Son ton, un peu moins.

Je fais glisser une mèche derrière mon oreille, geste stupide et nerveux.

Il détourne les yeux une demi-seconde trop tard.

La tension est là.

Diffuse.

Inavouée.

Presque frustrante.

À la pause, il dit :

— Vous voulez un café ?

C’est banal.

Alors pourquoi mon cœur accélère-t-il aussi vite ?

Je hoche la tête.

Nous sortons de la salle.

Marchons dans le couloir.

Côte à côte.

Pas trop près.

Pas trop loin.

Mais chaque pas semble… chargé.

Dans l’ascenseur, il y a un silence étrange.

Un silence plein de choses qu’on ne dit pas pour éviter d’ouvrir une porte qu’on ne saura pas refermer.

— Vous travaillez avec beaucoup de précision, murmure-t-il enfin.

Je me tourne vers lui.

— C’est important pour ce projet.

Il me regarde.

Fixement.

Pas avec de l’intérêt.

Pas avec de la curiosité.

Avec… autre chose.

Une intensité retenue qui me donne l’impression qu’il voit à travers moi.

Puis il détourne les yeux, comme s’il venait de dépasser une limite intérieure.

— C’est très appréciable, dit-il, redevenant neutre.

Le reste de la matinée se déroule sans incident.

Mais rien n’efface ce moment suspendu dans l’ascenseur.

Ni la proximité silencieuse.

Ni le frôlement des regards.

Ni cette impression qu’un fil invisible se tend entre nous.

En fin de séance, il dit calmement :

— Merci. Votre travail est précieux pour l’avancement du projet.

Professionnel.

Tiède.

Parfaitement maîtrisé.

Mais quand je range mes affaires, il ajoute, presque malgré lui :

— Et…

Il s’arrête.

Cherche ses mots.

Se ravise.

— Non. Rien.

Je lève les yeux vers lui.

— Gabriel ?

Il secoue légèrement la tête, comme pour chasser une idée.

— À demain, Léa.

Je quitte la pièce.

Je respire profondément.

Et je comprends très clairement quelque chose :

Il y a une frontière.

Nous marchons dessus.

Tous les deux.

Et pour l’instant…

On essaye juste de ne pas glisser.

Je traverse le couloir, essayant de remettre de l’ordre dans mes pensées, mais quelque chose me retient.

Pas physiquement.

Pas vraiment mentalement non plus.

C’est plus… une sensation.

Comme si une partie de moi restait encore dans la salle 7, accrochée à son regard.

Je m’installe dans l’espace détente pour prendre l’air — ou plutôt, pour reprendre le contrôle.

Je fixe ma tasse sans la boire.

Et soudain, j’entends :

— Léa ?

Je relève brusquement la tête.

Je n’ai pas entendu ses pas.

Il est là, debout, un peu hésitant, ce qui est étrange quand on connaît la précision presque militaire de sa posture habituelle.

— Vous êtes partie un peu vite, dit-il.

Je fronce les sourcils.

— Je… j’avais fini ce qu’il fallait.

Il hoche la tête, mais je sens que ce n’est pas ça qu’il voulait dire.

Pas exactement.

Il s’avance d’un pas, mais garde une distance raisonnable.

Trop raisonnable.

Comme s’il avait tracé une ligne invisible qu’il s’interdisait de franchir.

— Je voulais juste… préciser quelque chose concernant notre collaboration.

Je sens mon cœur se serrer, comme si mes nerfs anticipaient une mauvaise nouvelle.

— Oui ?

Il inspire, et je vois la tension dans son geste — les muscles de sa mâchoire, son regard légèrement fuyant, la main qui se crispe à peine sur le dossier qu’il tient.

— Vous êtes très investie. Et c’est une qualité.

— Je… merci.

— Et je ne voudrais pas que…

Il hésite.

Et c’est cette hésitation qui me frappe.

Parce qu’il ne doute jamais.

Jamais.

— Que… ?

Il relève enfin les yeux vers moi.

— Que l’ambiance de ces séances… ajoute une pression indue.

Je manque de rire nerveusement, mais je me retiens.

— Vous parlez de quelle ambiance ?

Son regard s’attarde une fraction de seconde trop longtemps dans le mien.

Et cette fois, je le vois.

Vraiment.

Cette tension qu’il tente de masquer.

Cette prudence qui ressemble plus à de la peur de déraper qu’à de la froideur.

Ce fil qu’il tient serré entre ses doigts, comme un équilibre fragile.

Il détourne les yeux.

Sa voix baisse imperceptiblement.

— Je veux dire… la charge de travail.

— Bien sûr, dis-je doucement, même si on sait tous les deux qu’il ment un peu.

Il se redresse, reprend son masque professionnel.

— Nous avons encore beaucoup à faire. Mais… vous gérez tout ça avec une belle maîtrise.

— J’essaie.

Il hoche la tête et recule d’un pas, comme s’il s’obligeait lui-même à maintenir la distance.

— À demain, Léa.

Je le regarde s’éloigner.

Pas vite.

Pas lentement.

Simplement avec cette retenue qui le rend encore plus troublant.

Je reste là, immobile, la tasse refroidie entre mes mains.

Et je comprends que ce chapitre ne se passe pas vraiment dans la salle 7.

Il se passe ici :

Dans ce qui n’est pas dit.

Dans ces regards qu’on retient.

Dans cette frontière qu’on évite soigneusement de traverser.

Dans ce besoin d’être raisonnable qui lutte contre une attirance dont on ne parle pas.

Je finis par souffler, un murmure pour moi-même :

— On marche sur un fil, Gabriel… et tu le sais.

Et moi aussi, désormais.

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