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chapitre 5

Author: Emmsi.708
last update Last Updated: 2025-07-25 03:06:58

Chapitre Cinq – Le Pacte

Le lendemain matin, la lumière entra timidement par la grande baie vitrée de la chambre conjugale. Julianne ouvrit les yeux dans un lit qui ne lui semblait plus aussi froid. Ulric dormait encore, torse nu, la main posée nonchalamment sur le drap froissé, comme s’il n’avait jamais connu la guerre, comme si cette nuit avait lavé son âme.

Elle l’observa longtemps. C’était la première fois qu’elle voyait la paix sur ce visage d’habitude tendu, comme une arme prête à être dégainée.

Mais la paix… n’était qu’un sursis.

Ce fut Dante, l’un des hommes de main d’Ulric, qui apporta la nouvelle.

— Giovanni est reparti pour la Calabre, mais il a laissé un message. “Je n’ai pas dit mon dernier mot.”

Ulric hocha lentement la tête. Julianne, elle, ne dit rien. Elle savait. Ce n’était pas une menace. C’était un serment. Et dans ce monde-là, les serments se paient en vies.

— On va devoir frapper les premiers, dit Ulric plus tard, les bras croisés dans la cour intérieure. Il parlait à Julianne comme à une égale désormais. Pas comme à une épouse soumise.

— Frapper, oui, répondit-elle calmement. Mais pas comme ils s’attendent. Tu veux survivre ? Il faut penser comme lui. Et lui… il croit que tu ne comprendras jamais le passé.

Il fronça les sourcils.

— Quel passé ?

Elle se tourna vers lui, le regard dur.

— Le passé entre ma mère et Giovanni.

Un silence.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Julianne inspira profondément.

— Ma mère… n’a jamais été promise à mon père. C’est Giovanni qui l’aimait le premier. Ils étaient fiancés, jeunes. Mais mon grand-père a changé d’avis au dernier moment. Il l’a mariée à mon père pour sceller une alliance plus forte. Giovanni ne l’a jamais pardonné. Il s’est juré de reprendre un jour ce qui lui a été arraché.

— Tu penses qu’il t’a voulue pour te posséder ? Pour réparer cette humiliation ?

— Non, souffla-t-elle. Il me voulait… pour me briser. Pour humilier mon père. Pour effacer ma mère.

Ulric se passa une main sur le visage.

— Alors on est tous des fantômes dans son jeu.

— Exactement. Et si on veut l’atteindre… il faut faire mieux que résister. Il faut s’unir.

Ulric la regarda longuement. Puis, il sortit un petit coffret noir. À l’intérieur, un vieux rosaire. Usé, terni, mais solide.

— C’est celui de ma mère. Elle priait avec chaque matin avant que mon père ne la tue.

Julianne ferma les yeux, bouleversée.

— Faisons un pacte, dit Ulric. Pas seulement d’alliance… mais de sang.

— Tu veux mêler nos prières à nos armes ? demanda-t-elle avec un sourire triste.

— Exactement. On survivra. Mais pas en fuyant. En bâtissant quelque chose que même Giovanni ne pourra détruire. Une force… une foi… un feu qui ne s’éteint pas.

Julianne s’approcha. Lentement. Et pour la première fois, elle posa sa main sur la sienne sans peur. Le rosaire entre eux, comme un lien ancien.

— Je jure sur ce rosaire, Ulric. Tant que tu ne me trahis pas… je serai ton ombre. Ta parole. Ta main droite.

Il serra sa main, doucement.

— Et je jure devant Dieu, Julianne. Si quelqu’un t’arrache à moi, il ne vivra pas assez longtemps pour prononcer ton nom.

Le pacte fut scellé. Ni religieux, ni mafieux. Plus profond que ça.

C’était un serment de deux cœurs nés dans l’ombre. Deux enfants de la guerre… décidés à ne plus être des victimes.

Mais pendant qu’ils se promettaient loyauté dans la lumière du jour…

dans les caves de Calabre, Giovanni Pirouli rouvrait un dossier scellé depuis vingt ans.

Un dossier contenant une photo. Une lettre. Et un acte de naissance.

Son fils.

Son arme.

Son héritier caché.

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