Solana, la grincheuse

Le soleil se levait sur les hautes tours de l’Académie d’Eryndor, illuminant les pavés d’un éclat doré et baignant la cour de l’école dans une douce lumière matinale. La magie vibrait dans l’air, palpable et effervescente. Des sorts d’entraînement flottaient au-dessus des têtes des jeunes sorcières, traçant des éclats lumineux qui illuminaient le décor. L’Académie, avec ses murs de pierres anciennes recouverts de lierre et ses toits aux tuiles scintillantes, semblait tirée d’un conte, un lieu où tout était possible.

Alina déambulait dans l’allée principale, accompagnée de son amie Liora. Liora, une sorcière à la crinière rousse, souriante et toujours un peu farouche, était connue pour son esprit vif et sa loyauté sans faille. Elles partageaient un lien solide forgé au fil des années, un lien que peu de choses pouvaient ébranler.

« Alina, » murmura Liora en lui donnant un coup de coude, « j’ai entendu dire que Solana est revenue. »

Alina leva les yeux au ciel, exaspérée. Solana… La sorcière la plus redoutable de l’Académie, et peut-être aussi la plus cruelle. Elle avait tout ce qu’Alina n’avait pas : un pouvoir redoutable, une maîtrise magique inégalée, et une réputation qui la précédait. Pour une raison qu’Alina ignorait, Solana semblait la haïr. Depuis leur première rencontre, la jeune sorcière prodige ne cessait de lancer des piques, usant de son pouvoir pour tenter de la ridiculiser.

« Génial, » répondit Alina d’un ton faussement enjoué, en grimaçant. « J’espérais justement croiser une vipère de grand matin. »

Liora éclata de rire. « Allons, Alina, peut-être que cette fois elle te laissera tranquille. »

Alina haussa les épaules. « Peu probable. Cette fille me déteste sans même avoir pris la peine de me connaître. »

Elles continuaient leur chemin, évitant les sorts volants, jusqu’à atteindre le jardin central de l’Académie, un endroit enchanteur où des plantes étranges poussaient dans tous les recoins, éclatant de couleurs et de parfums envoûtants. Le gazon émeraude était constellé de fleurs phosphorescentes, et des créatures magiques, petites et pétillantes, se faufilaient entre les tiges, donnant au jardin un air de rêve.

Alors qu’elles s’asseyaient sur un banc près d’un ruisseau chatoyant, une voix froide les interrompit. « Je vois que la nouvelle mascotte de l’Académie est toujours là. »

Alina tourna la tête et croisa le regard perçant de Solana, qui se tenait devant elles, entourée de ses compagnes, toutes habillées de longues robes aux couleurs sombres et sophistiquées. Ses cheveux noirs comme la nuit retombaient en cascade sur ses épaules, contrastant avec ses yeux glacés, qui semblaient toujours pleins de reproches.

« Tiens, Solana, » dit Alina d’un ton faussement chaleureux, « je pensais que tu étais trop occupée à dominer les esprits pour venir t’intéresser aux petites sorcières comme moi. »

Solana esquissa un sourire qui n’avait rien de chaleureux. « Ce n’est pas ton esprit qui m’intéresse, Alina. C’est ta capacité à survivre malgré ton… insignifiance. »

Liora serra les poings, prête à répliquer, mais Alina lui fit signe de se calmer. Elle savait qu’entrer dans le jeu de Solana serait une erreur. Au lieu de cela, elle répliqua d’un ton calme : « Je trouve cela fascinant que quelqu’un d’aussi puissant que toi se soucie d’une sorcière si ordinaire. Peut-être n’es-tu pas aussi invincible que tu voudrais le faire croire ? »

Une lueur de colère passa dans les yeux de Solana, mais elle se contenta de ricaner. « Continue de rêver, petite sorcière. » D’un geste, elle fit apparaître une flamme bleue dans sa main, qui tourbillonnait avec une intensité redoutable. « Un jour, tu comprendras à quel point ton insolence peut être… dangereuse. »

Mais au lieu de se laisser impressionner, Alina répliqua avec un sourire tranquille. « Peut-être. Mais pour l’instant, j’ai des cours à suivre, et j’imagine que toi aussi. À moins, bien sûr, que tu ne sois là que pour intimider les autres. »

Solana, visiblement contrariée par son manque de réaction, souffla, faisant disparaître la flamme d’un geste dédaigneux. « Amuse-toi bien tant que tu le peux, Alina, » murmura-t-elle avant de s’éloigner avec ses acolytes.

Liora soupira de soulagement dès qu’elles furent hors de vue. « Un jour, elle va finir par te lancer un sort de paralysie ou un truc dans ce genre, Alina. Pourquoi tu ne te défends jamais face à elle ? »

Alina sourit et haussa les épaules. « Parce qu’elle veut que je m’énerve. Elle veut que je réagisse, que je joue à son jeu. Je préfère lui montrer que je n’ai pas peur d’elle. C’est ça qui l’énerve le plus. »

Liora hocha la tête, impressionnée. « Eh bien, en tout cas, moi, je suis contente d’avoir une amie qui n’a peur de rien. »

Les deux amies éclatèrent de rire, et Alina sentit son cœur s’alléger un peu. L’Académie d’Eryndor n’était pas seulement un lieu de pouvoir et de rivalité. Elle était aussi pleine de magie, de rires et d’amitiés solides. Tant qu’elle aurait des personnes comme Liora à ses côtés, elle se sentait prête à affronter n’importe quelle épreuve – même celle d’u

ne rivale aussi redoutable que Solana.