Lahat ng Kabanata ng Menel Ara Tome 1: Kabanata 11 - Kabanata 20
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— Et donc, tu t’es dit que tu allais prendre ton bâton de pèlerin et guider les brebis égarées menelarites vers le droit chemin de la rédemption, la liberté et l’égalité, pour des lendemains qui ch…Maria était partie dans un de ses monologues grandiloquents. En l’occurrence, elle se moquait ouvertement de Gaël.Celui-ci l’avait invitée à dîner afin de lui parler des réflexions de Sven et de ses propres ambitions. Et Maria avait ri. Elle avait ri parce qu’elle avait longtemps espéré que ce Gaël-là se trouve et se révèle. Mais il était trop tard.— Bon, tu as fini, Maria ? l’interrompit-t-il. J’étais sérieux… Enfin, au moins un peu.— Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ? répondit la journaliste, le teint et le timbre colorés par le vin. Les lutteurs d’influence et les leaders d’opinion, ce n’est pas ce qui manque ici. Moi-même, à mon échelle, j’essaie. Les Putras et les Martyrs aussi, à leurs façons à eux. Mais la propagande es
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La plupart des habitants de la Basse-Ville de Menel Ara avaient une image fantasmagorique de la vie des nantis, au-dessus de leurs têtes. L’immense majorité des pauvres diables restés en bas n’avait jamais eu l’opportunité de monter voir de leurs propres yeux la merveille technologique d’Artémus Bankala. Aussi étaient-ils prêts à croire tout et n’importe quoi sur ce qui s’y déroulait. Certains prétendaient qu’une cascade géante avait été installée, d’autres estimaient qu’on leur mentait sur le nombre exact de résidents de la Haute-Ville et qu’ils n’étaient pas plus de quelques centaines. Mais la rumeur la plus tenace, à laquelle chacun avait fini par porter crédit, disait que la vie s’y déroulait comme dans un paradis terrestre, que la violence n’y existait pas, que la pauvreté non plus, que des sourires béats ornaient chaque visage. Un infime nombre de Bas-Menelarites avait occupé un emploi leur ayant permis d’y accéder et de la voir de leurs yeux. Et ceux-là pouvaient confirmer que l
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Il avait prétendu une visite tardive chez son ami Alexandre pour laisser la délégation Luzzi partir devant lui. Il s’installa dans un coin discret, à l’extérieur du Grand Palais. Là, caché par la pénombre, il s’alluma une cigarette, une des dernières libertés avec les conventions qu’il s’accordait. Il était, en effet, fort mal vu de fumer dans la Haute-Ville, sans qu’aucune raison distincte n’ait jamais été apportée à cet état de fait. Victor s’en moquait et estimait être suffisamment respectueux du reste pour s’accorder ce loisir.En l’occurrence, il s’était senti le besoin de marquer une pause avant de se rendre dans le bureau de Komniev. À peine quelques jours plus tôt, il avait été répudié de son statut de conseiller. Et aujourd’hui, alors même que le règne du chef de la Chambre traversait une zone de turbulences, il se voyait convoqué. Pourquoi ? Il était difficile d’imaginer que Komniev se sente réellement menacé par la fronde lancée par Bakari Zouma. Il était trop bi
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« Le bilan quasiment définitif est donc de 11 morts et de près d’une centaine de blessés. Selon les autorités, il apparaît peu probable de retrouver d’autres survivants. »L’esprit encore embrumé malgré la douche matinale, Gaël écoutait les infos. C’était vendredi. Luigi et Sven avaient eu beau s’accorder pour alléger au maximum son planning de reprise, il n’avait rien fait. Et devait donc tout finir en une journée. Ce ne serait pas un problème pour lui, mais la soirée de la veille lui avait collé un sacré mal de crâne et s’était achevée dans le sang. Ce matin, il se sentait nauséeux, triste et déprimé à l’idée de devoir aller travailler, sérieusement cette fois.Il déposa la tasse à moitié pleine dans l’évier et prit la direction de la chambre de Lili. Ils fonctionnaient ainsi : sa petite sœur commençant légèrement plus tard que lui, il la réveillait en partant. Sauf que, ce matin-là, Lili n’était pas dans sa chambre. Gaël n’y prêta pas plus attention et s
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Deux enterrements en si peu de temps…Cette fois-ci, le temps était gris. L’hiver approchait et le vent hérissait la peau. Gros manteaux de sortie, écharpes confortablement serrées, gants au bout des doigts. En cet instant, Gaël maudissait la moindre personne présente sur cette planète, mais particulièrement celles qui profitaient d’un enterrement pour se parer de leurs plus beaux atours.À ses côtés, collègues et connaissances de la défunte étaient venus lui présenter leurs hommages. Mais il n’était pas encore suffisamment saoul pour leur dire d’aller se faire voir. Ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait. Maria, Moussa et David étaient là, mais c’était trop peu pour le réconcilier avec la vie. Il voulait en finir avec la vie, là, tout de suite, sur les tombes de sa famille. Naturellement, lui n’était pas là. Et c’était tant mieux. Pour tout le monde. Vraiment.Toujours le même vieux curé officiait. La dernière fois, Gaël avait été trop dis
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L’homme attendait patiemment dans un couloir délibérément verdâtre. Stoïque, raide de posture, il conservait les mains dans le dos, le menton haut, le regard aiguisé. Ses yeux avaient le teint pâle de ceux qui n’ont pas vu la lumière du jour depuis longtemps. Mais telle était son existence aujourd’hui, faite de méditation, de foi et d’espoir. Surtout d’espoir. Il avait volontairement adopté ce mode de vie et ce n’étaient pas quelques minutes d’attente qui allaient le gêner. Après tout, l’homme qu’il allait voir était son maître.Au bout d’un moment, enfin, il arriva. Sa démarche n’était plus aussi assurée qu’auparavant, mais il fallait très mal le connaître pour y voir une quelconque faiblesse. Il était toujours aussi résolu, toujours aussi puissant, toujours aussi intelligent.— Prorok derzhit Putras, prononça son maître, en s’inclinant devant lui.— Naideno proroka, lui répondit-il, en baissant la tête plus bas encore, gêné et honoré qu’il était de voir
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— Ne me remercie pas, surtout.— Je n’en avais pas l’intention.L’entrevue ne partait pas sur les meilleures bases. Les deux hommes étaient désormais officiellement en froid, et Victor en voulait toujours à Komniev de l’avoir manipulé comme il l’avait fait.— Victor, mon ami, tu me fais de la peine.En animal politique roublard, le chef de la Chambre feignit la tristesse. Mais son vis-à-vis n’était pas non plus le dernier des imbéciles. Et il le connaissait très bien, pour avoir travaillé étroitement avec lui durant de longs mois.— Ne me prenez pas pour un con, intervint sèchement Victor. Qu’est-ce que vous me voulez ? Pourquoi je suis là ?L’expression tragi-comique de Komniev laissa place à une authentique colère froide.— Victor, tu as le droit de désapprouver mon attitude, ma politique, mes choix. Mais tant que tu seras dans ce bureau, tu me respecteras en tant que chef de la Chambre des Sept Famil
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À quelques mètres de l’immeuble autrefois habité par Lili se trouvait un bar appelé « RagnaRock ». L’endroit connaissait un certain succès auprès des pré-trentenaires en quête d’un endroit où écouter des tubes rétro à un volume suffisamment bas pour s’entendre parler. C’était le bar préféré de Lili, l’endroit où ses amis et elle se retrouvaient après une journée de travail ou pour un évènement. Ils n’étaient pas spécialement des habitués, mais ils venaient assez souvent pour appeler le patron par son prénom.C’est ici que Moussa donna rendez-vous à Maria et David. Il n’avait pas revu Gaël depuis leur dispute, mais avait tenté de l’appeler plusieurs fois. En vain. Il n’avait pas choisi cet endroit par hasard. Il espérait, peut-être naïvement, y croiser son ami endeuillé.Il était arrivé le premier et comprit son erreur immédiatement. Ce lieu n’accueillerait plus jamais Lili. Et le pincement au cœur qu’il ressentit n’était rien comparé à la tristesse qu’éprouverai
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F avait tout fait pour qu’il n’y ait pas treize personnes à la réunion. Il avait placé beaucoup d’espoir dans ce rendez-vous et voulait que tout soit parfaitement propre à une discussion saine et fructueuse. Aussi, lorsqu’il constata qu’il avait convié douze de ses congénères, il s’empressa d’ajouter deux invitations. C’est à cette soudaine phobie numérique qu’il songeait, face à la baie vitrée de sa tour, les yeux irrémédiablement fixés sur la Haute-Ville. Pas au déroulement de la réunion ni aux prises de bec qui allaient nécessairement se déclencher. Non. Juste le nombre 13. Et il était incapable de fournir la moindre explication à cela.C’était une première depuis sa prise de pouvoir. D’ordinaire, il consultait les leaders d’opinion de tous poils un par un, voire par petits groupes de trois ou quatre. Aujourd’hui, il avait convoqué quatorze des plus influents Martyrs. Et l’affaire faisait grand bruit, il le savait. Les rumeurs évoquaient un passage de témoin, une alliance à v
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— Tou… ché… saoulé… Touché-saoulé !Gaël riait bruyamment. Que ce soit en raison du ridicule de sa situation, du nom du bar ou de sa soudaine dyslexie, une chose était sûre : l’alcool y jouait une grande part.Trois jours avaient passé depuis l’enterrement de Lili, depuis la dispute avec Moussa, depuis le message du tribunal… Trois jours et des litres d’alcool s’étaient écoulés, et il ne se souvenait même pas où il avait bien pu passer tout ce temps. Dans des bars, évidemment, mais pas seulement. Des bribes, des flashes revenaient à l’occasion. Il devait bien avoir dormi quelque part ? Il devait bien avoir dormi…À force de réfléchir à ces 72 heures de blackout, Gaël n’eut plus du tout envie de rire. Il était assis par terre, sur le trottoir, à se gratter la tête comme un vulgaire alcoolique.Soudain, un rayon de soleil perça entre deux immeubles et vint l’aveugler. Il chercha piteusement du regard une pendule et découvrit qu’il était 8 h
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