Lahat ng Kabanata ng MAGNÉTISME FATAL : Kabanata 71 - Kabanata 80

15h12 – Station d’Équilibre, périphérie du NexusIls arrivent par vagues.D’abord des silhouettes hésitantes. Des mères portant leurs enfants, des vieillards courbés, des jeunes aux regards fuyants. Tous convergent vers les anciennes zones interdites. Là où jadis se dressaient les piliers du Système.Ils n’ont pas de bannières. Pas d’armes.Ils ont leurs souvenirs.Des lambeaux épars, des émotions viscérales. Des noms gravés dans le ventre. Des visages qu’ils croyaient rêvés. Des sensations coupées nettes, revenues comme des éclairs dans les tempes.Et dans leurs pas : une détermination.Certains avancent pieds nus. D’autres trébuchent. Mais aucun ne recule.Un vieil homme murmure à l’enfant qui le soutient :— Tu ne sais pas encore ce que tu portes. Mais tu le portes déjà mieux que nous tous.Dans le ciel, les drones d’observation clignotent rouge, puis s’éteignent un à un.Plus personne pour surveiller.Le regard s’est retourné vers l’intérieur.16h00 – Siège effondré de la Préserva

03h33 — Lisière Sud, Base satellite des ArchivesLe feu crépite doucement, cerclé de pierres. Il respire plus qu’il ne brûle. Et moi, je regarde les flammes comme on regarde une amante perdue. Avec gratitude. Avec deuil.Je sens encore la poussière sous mes ongles, les rouages démontés, les structures effondrées. Ce qu’on a dû casser pour que quelque chose puisse enfin commencer. Je suis Eden. Mais ce soir, je ne commande rien. Je suis juste là. Une femme fatiguée au bord d’un feu.Nova ne parle pas. Elle a le regard tourné vers les étoiles, comme si elles lui répondaient enfin. Ses doigts frôlent la terre. Elle cherche peut-être un souvenir. Ou une preuve qu’elle n’a pas rêvé ce qu’on a vécu.Saph fume en silence. Le crâne rasé, les cicatrices visibles et invisibles. Elle tire sur sa cigarette comme si elle s’offrait une respiration à la nuit. Elle parle la première.— C’est drôle… Je pensais qu’on finirait toutes seules. Et nous voilà, trois veilleuses, encore en train de surveiller

21h10 — Lisière Est, Campement provisoire des veilleusesLa lumière décline doucement, glissant sur les tentes translucides comme un souffle suspendu. J’ai l’impression qu’elles vont s’envoler si l’on parle trop fort. Tout semble fragile, paisible, comme une aile posée entre deux battements.Je suis là, accroupie contre un tronc fendu, les bras enroulés autour de mes genoux. Mes mains tremblent à peine. Le froid n’est pas mordant, juste là pour me rappeler que je suis vivante. Nova est à ma gauche, recroquevillée comme une enfant perdue dans ses pensées. Elle ne me regarde pas, elle ne regarde rien. Juste ce qu’il y a entre les arbres. Ce qu’on ne voit pas.À mes pieds, une bassine d’eau frissonne doucement. Je m’y replonge encore une fois. Mes doigts sont engourdis, mes paumes marbrées de rouge et de blanc. J’ai frotté, encore et encore. Le savon m’écorche. Mais je continue. Il y a des jours où ce n’est pas la saleté que je veux effacer.— Vous vous souvenez de l’odeur du pain chaud

Aleksandr 09h18 — Quartier Nord, Immeuble Ruskoff, 7e étageJe suis chez moi. Ce simple fait me retourne l’estomac. Je n’aime pas cet endroit. Pas parce qu’il est froid, trop grand, ou trop vide. Mais parce que ce lieu, c’est une anomalie dans ma vie, un accident dans ma guerre perpétuelle.Ici, je ne suis ni en mission, ni en train de régler un compte, ni même à préparer un coup. Je suis juste… là. Immobilisé par ce silence qui me glace les os. Je marche pieds nus sur ce béton qui ne pardonne rien, le café noir fumant dans une main, l’autre glissant machinalement sur le manche de ce couteau que je garde sous mon t-shirt. Toujours prêt. Toujours sur le fil.Je sens ce poids dans ma poitrine, cette tension sourde qui monte avec le calme, ce calme qui est toujours un piège. Ce silence avant l’explosion. Avant la balle. Avant la trahison.Je me rapproche de la baie vitrée. Dehors, la ville s’étire, paresseuse et sale. L’église en ruines, ses pierres cassées, son saint brisé, témoigne de

Aleksandr04h17 — Appartement Ruskoff, 7e étageLe silence qui règne entre nous n’est pas un silence apaisant, mais une présence lourde, pesante, comme une écharpe trop serrée autour de mon cou. Elle dort là, fragile, presque démunie dans son sommeil léger, son souffle est un murmure régulier qui apaise mes tempêtes intérieures, mais qui me rappelle aussi sa vulnérabilité. Je la fixe, captivé par cette vulnérabilité qu’elle ne montre que dans ces rares instants, ce voile de fragilité qu’aucune guerre, aucun chaos n’a jamais réussi à brûler.Mes doigts glissent lentement sur sa peau, effleurant avec douceur les chemins invisibles de ses veines sous la lumière blafarde de la lune. La fraîcheur de son épiderme contre mes mains éveille en moi une tendresse douloureuse. Chaque souffle qu’elle prend, chaque battement de son cœur dans ce sommeil fragile, me murmure qu’elle est là, vivante, réelle, qu’elle existe malgré tout ce qui voudrait nous détruire.Je revois son visage au matin, encore