Semua Bab Captive des ténèbres : Bab 31 - Bab 40

(Eliza)Je suis seule. Pas par caprice. Par nécessité.Damian m’a dit de ressentir. De laisser la magie venir. Mais elle ne vient pas comme une amie. Elle gronde sous ma peau comme une bête sauvage. Ce n’est pas un don. C’est un cri ancien, profond, presque étranger.Le cercle est tracé à la craie blanche sur la terre nue. Des pierres dressées encerclent l’espace, vieilles comme le monde. Tout autour, la forêt retient son souffle.Je m’agenouille. Paumes contre le sol. Je ferme les yeux.Et je plonge.Les premiers instants, il n’y a rien. Puis… quelque chose pulse sous mes doigts. Une vibration. Comme un cœur lointain, battant dans le ventre de la terre. Je respire plus fort. Je tends l’oreille. Et soudain, ça vient. Une onde. Un souvenir brûlant dans mes veines.Une voix dans ma tête, ancienne, rauque :« Tu portes le Souffle. Tu portes la Faille. Rappelle-toi. Rappelle le Nom. »Je ne sais pas quel nom. Je ne sais pas comment.Alors je crie.— Viens !La terre tremble sous moi. Mon

(Eliza)Le couloir est plongé dans une lumière froide. Je marche derrière Kael et deux membres de la garde, les pas résonnant entre les murs de pierre et d’acier. La rumeur court, fébrile, que l’ennemi est déjà à l’intérieur. Et ce qui était jusqu’ici un pressentiment est devenu certitude : quelqu’un les a laissés entrer.Kael pousse la porte d’une salle basse, faiblement éclairée. Une table. Trois chaises. Un dossier épais au centre. Damian est déjà là, penché sur des rapports.— Huit suspects, dit-il en relevant la tête. Tous avec accès aux glyphes de surveillance ou aux chemins détournés du domaine.Je m’approche. Sur le dossier : des photos, des relevés d’horaires, des symboles occultes inscrits à l’encre invisible, révélés par magie. Je reconnais certains visages. Des gens que je croisais sans y penser. Une guérisseuse. Un jeune technicien. Une intendante qui m’a déjà servi du thé. Je ressens un haut-le-cœur.— Et s’ils sont tous innocents ? je murmure.— Aucun d’eux ne l’est com

(Kael ) Les coups de feu éclatent, déchirant la nuit comme une toile trop tendue.Kael court. Il zigzague entre les conteneurs, son souffle court, son corps tendu par l’adrénaline. Les balles sifflent à ses oreilles, mordent le métal, labourent le sol à ses talons.La radio volée grésille à sa ceinture. Voix agitées. Ordres crachés.— Il est là, secteur C !— Ne le laissez pas rejoindre les hauteurs !— Activez les verrous ! Tous les accès nord doivent être fermés !Trop tard.Kael saute, roule sous un grillage tordu, se redresse avec la souplesse d’un fauve. Ses doigts effleurent la rune gravée dans sa paume. Une étincelle de magie répond légère, mais suffisante.Un mur de brume s’élève derrière lui. Dense. Vivante.Un leurre. Un voile. Le genre de sort qu’il n’utilise qu’en dernier recours.Mais ce soir, il ne joue pas à économiser sa force.Il entend des cris, des pas qui s’embourbent, des silhouettes qui toussent.Il grimpe à une échelle rouillée, son genou heurte une barre, la d

(Eliza)Le sol tremble à chacun de ses pas.Il ne court pas. Il avance. Comme s’il n’en avait pas besoin. Comme si tout recul devant lui était inévitable. Les glyphes du Bastion s’éteignent à son passage, absorbées, vidées.Le porteur du triple sceau.Eliza le reconnaît instantanément. Pas son visage il est masqué d’un bois noir incrusté de runes. Mais l’aura. Cette magie ancienne, lourde, compacte comme une pierre brûlante. Elle a l'impression de sentir son propre sang reculer dans ses veines.Il s’arrête à quelques mètres. La foule derrière lui se disperse. Même ses alliés n’osent s’approcher.Il est seul.Et il sourit.— Eliza Akambra, souffle-t-il, et sa voix résonne comme un chant funèbre.— L’héritière du pacte. Le relais. La dernière clef.Elle se redresse, les épaules fermes.— Je ne suis pas un relais. Je suis un mur. Une frontière. Tu ne passeras pas.Le porteur incline la tête, comme un professeur bienveillant devant l’obstination d’une élève.— Tu ne comprends pas. Tu es n

Cartographier l’invisibleLa salle des flux était rarement utilisée. Trop profonde, trop instable.Construite sur les veines anciennes du Bastion, elle abritait les cartes mouvantes, les schémas magiques, les points d’ancrage subtils que seuls quelques initiés savaient encore lire.Kael entre le premier, suivi de Damian, et d’un troisième homme : Isen, maître cartographe arcanique, aux cheveux de neige et au regard creusé par les visions.— Je n’aime pas être réveillé par un vœu de traque, grommelle Isen en étalant ses parchemins. Surtout quand ce que vous cherchez n’a laissé qu’un écho.— Pas un écho, corrige Kael. Un lien. Actif.Isen lève un sourcil, peu convaincu.— Et elle est toujours reliée à toi ? Après tout ce temps ?Kael hoche la tête. Lentement. La certitude dans sa voix ne tremble pas :— Elle m’a atteint, cette nuit. Pas par hasard. Elle a brisé une barrière. Et si elle l’a fait, c’est qu’elle a besoin qu’on la retrouve.Damian dépose le carnet récupéré au port. La page