Semua Bab La Marque de l'Alpha: Bab 101 - Bab 110

Je croyais avoir enfin obtenu un répit.Les dernières tensions s’étaient dissipées comme une brume trop longtemps accrochée à nos vies, et dans le silence qui avait suivi, je m’étais surpris à respirer pleinement. Elina pouvait marcher dans la cour sans craindre une embuscade. Les patrouilles rentraient avec des rapports vides de menaces. Mes nuits, pourtant toujours marquées par l’instinct d’alerte, avaient cessé de s’interrompre au moindre craquement.Ce matin-là, je savourais cette accalmie. Ou plutôt, je m’en méfiais. Parce que la paix, chez nous, n’est jamais qu’un interlude fragile. Et la preuve vint frapper à ma porte avec la solennité d’un glas.L’émissaire portait la tunique blanche des messagers du Conseil Ancestral. Son regard ne tremblait pas. Il savait ce qu’il apportait, et il savait que je ne pourrais pas le refuser. Il se contenta de s’incliner, tendant le rouleau scellé d’un fil d’or.Je n’eus pas besoin de briser la cire pour sentir le piège. L’odeur du parchemin, mê

Je n’avais pas prévu de sortir cette nuit-là.En vérité, je n’avais rien prévu du tout, sinon de rester dans le lit, immobile, les yeux grands ouverts dans l’obscurité, comme je le fais depuis plusieurs nuits. Le plafond, invisible mais présent au-dessus de moi, pesait comme une dalle. Le silence était lourd, presque tangible, jusqu’à s’épaissir autour de ma tête, me donnant l’impression de respirer à travers un voile humide. Et puis, à un moment, ce silence est devenu trop dense, trop absolu… et je me suis levée presque sans en avoir conscience, comme si mes muscles s’étaient animés d’eux-mêmes.La chambre baignait dans une lumière argentée, pâle et douce, qui filtrait par les rideaux. Kaël dormait à mes côtés, étendu sur le flanc, ses épaules larges dénudées, la courbe de son dos dessinée par la clarté lunaire. Son souffle régulier emplissait l’air d’un rythme tranquille. Même endormi, il imposait une présence, une densité presque palpable, comme s’il occupait tout l’espace et m’emp

Son parfum, mélange de bois brûlé et d’herbes amères, s’attardait dans ma gorge comme un écho difficile à avaler. Une fragrance lourde, presque tangible, qui semblait se déposer sur ma langue et m’empêcher de respirer pleinement. La chamane s’était assise près du feu, ses mains noueuses tournant entre elles un talisman usé par les siècles, comme si ce simple geste entretenait un rythme vital que je n’avais pas encore compris. Le silence autour de nous vibrait d’une attente étrange, presque insupportable, comme si même le vent avait cessé de respirer, retenant sa course pour écouter. Les flammes, lentes et épaisses, semblaient avaler plus qu’elles ne dévoraient.J’étais venue pour comprendre. Mais au fond, je crois que je savais déjà que je ne repartirais pas intacte. J’ignorais encore que je repartirai chargée d’un fardeau invisible, un poids que ni mes mains ni mes yeux ne pourraient saisir, mais qui m’écraserait tout de même.Elle me fixa longuement, de ses yeux d’un noir profond, s

Je ne sais plus à quel moment précis tout a commencé à se fissurer. Peut-être que c’était déjà là, tapi sous ma peau, depuis la rencontre avec Ashara. Ou peut-être que c’est la chaleur de Kael, sa proximité constante, qui rend mes nerfs plus fragiles, plus... réactifs.Ce soir-là, la lune s’était levée comme un œil rond et blanc au-dessus des pins, et le camp dormait presque entièrement. Presque, parce que Kael et moi, nous ne dormions pas.Il s’était assis près du feu, torse nu, la peau couverte de l’ombre mouvante des flammes. Ses bras, puissants et détendus à la fois, reposaient sur ses genoux. Il ne me regardait pas, pas encore. Mais je sentais qu’il savait que j’étais là, derrière lui.- Tu devrais dormir, dit-il, sans bouger.- Et toi ?Il eut un léger sourire.- Je veille sur toi.Ces quatre mots, simples, eurent un effet étrange sur moi. Mon cœur accéléra, mes mains devinrent moites. Ce n’était pas juste du réconfort, c’était un rappel : il était mon ancre, mon repère. Mais au

L’aube n’était qu’un filet pâle quand je quittai le camp. Mon sac était léger, mais chaque pas semblait m’enfoncer un peu plus dans quelque chose de lourd, poisseux. Le silence derrière moi était presque douloureux. Je ne m’étais pas retournée. Pas une seule fois.Pourtant, je sentis sa présence avant même de le voir. Cette chaleur familière, ce frisson le long de ma nuque.- Tu me suis.- Je t’accompagne.Je me retournai enfin. Kael se tenait là, ses cheveux encore humides de rosée, un arc dans le dos et ce regard qui ne demandait aucune permission.- Tu vas te faire tuer, murmurai-je.- Peut-être. Mais pas aujourd’hui.Il passa devant, m’obligeant à marcher à son rythme. Je me tus. Il savait que je ne pouvais pas le repousser plus longtemps.***Les Terres Brisées commençaient par une plaine grise, criblée de fissures comme une peau desséchée. L’air y était étrange, saturé d’une odeur métallique. Plus nous avancions, plus la lumière se déformait autour de nous. Les ombres semblaient