Le camp gardait le silence du duel quand j’ai vu Kaël chanceler. Ni lassitude de fin de veille : un fléchissement venu du dedans, comme un fil qui lâche. Ses pupilles d’or se sont troublées. Je me suis approchée. Sa main a cherché la mienne et l’a trouvée, chaude, mais son regard glissait déjà ailleurs.Sur la langue de terre, les sans-nom pliaient des toiles, Siham donnait des signes courts, Mira comptait les enfants. Tout semblait en ordre, pourtant l’air entre nous perdait sa mesure. La marque a vibré contre ma gorge, alarme douce. J’ai serré plus fort, prête à entrer.- Reste avec moi, ai-je murmuré.Il a hoché, puis son menton a fléchi d’un millimètre. Dans le lien, un souffle s’est cassé. Une image s’est imposée : patio écrasé de soleil, homme haut, maigre, regard noir qui ne tremble pas quand il frappe. La peau d’un adolescent se tend, refuse de pleurer. La voix du père ne hausse pas le ton. Elle brise parce qu’elle ne cille jamais.J’ai glissé mon bras à sa taille pour l’empêc
Last Updated : 2025-09-24 Read more