All Chapters of SOUVIENS-TOI DE MOI NUE : Chapter 11 - Chapter 20

LYRAJe ne pensais pas que je pourrais encore le surprendre.Et pourtant, quand je me lève pour dérouler mon exposé, je sens un frisson presque imperceptible traverser la pièce. Un souffle suspendu. Comme si quelqu’un, quelque part, retenait sa respiration.Je n’ai pas besoin de tourner la tête. Je sais qu’il me regarde.Alexandre me regarde avec quelque chose de plus rare, plus brut.Comme s’il me découvrait.Je déroule mes données, mes chiffres, mes prévisions. Ma voix est posée. Mon regard ne fuit pas. À l’intérieur, pourtant, tout vibre. Pas de peur. Pas de doute. Mais une attente féroce : qu’il m’écoute. Qu’il me voie. Entièrement.Et il me contemple, fasciné.Il est là, figé, les sourcils froncés, deux doigts posés sur ses lèvres. Il m’analyse, me scrute. Comme un homme pris de court.Par ce que je suis en train de devenir sous ses yeux.Je poursuis, j’enchaîne sur la restructuration, les pôles, les synergies. Je parle clair, sans chercher l’effet. Je ne vends rien. Je montre, c

LYRAJe me tiens devant la glace, immobile, un instant. Ma respiration est calme, presque mesurée, mais mon esprit s'agite comme un essaim d'abeilles en ébullition. Le dîner ce soir n’est pas un simple rendez-vous professionnel, c’est une pièce sur un échiquier dont chaque mouvement peut faire vaciller des alliances fragiles.Je choisis ma tenue avec soin. Une robe noire, épurée, qui épouse mes courbes sans crier, un col légèrement dégagé qui laisse deviner, sans jamais tout dévoiler. Rien d’extravagant, juste assez pour imposer une présence. Un léger parfum, subtile et froid, qui sera comme une signature invisible, discrète mais inoubliable. Je passe mes doigts dans mes cheveux, les lisse doucement, les rassemblant en un chignon bas. Trop de sophistication trahirait la tension ; trop de négligence, la faiblesse.Devant moi, sur la coiffeuse, trône un petit flacon de rouge à lèvres d’un rouge profond. Je l’effleure, hésite un instant, puis en applique un trait fin, précis, presque imp

LYRAJe ne sais rien de l’accident.Il a eu un accident ? Comment ? Quand ? L’air autour de moi change. La pièce semble se rétrécir d’un coup.Mes doigts se crispent sur ma serviette.Je fixe Alexandre. Mais lui ne me regarde pas.— Quel accident ?Je demande, la voix étranglée, à peine un murmure.Soudain, la voix de Cassandre tranche l’air comme un couperet.— Alexandre va très bien. Il récupère rapidement. C’est tout ce que tu dois savoir.Elle parle vite, trop vite, comme si elle redoutait que je reçoive une vérité qu’elle veut garder enfouie.Je la vois poser une main ferme sur le bras d’Alexandre, pour l’empêcher de bouger, de parler, d’exister autrement qu’à travers elle. Ce n’est pas un geste tendre. C’est une injonction. Une mise en garde silencieuse. Et lui… il se laisse faire.Une colère sourde naît en moi.Ce n’est pas tant la jalousie que l’impuissance. L’impossibilité de franchir cette distance glaciale entre nous depuis qu’il a recommencé à fuir mon regard.— Tu n’as

CASSANDRELa nuit est tombée, lourde et tendue, comme mon humeur.Alexandre se tient près de la fenêtre, les bras croisés, le regard figé vers l'extérieur. Il ne parle pas. Il ne bouge presque pas. Il respire à peine.Je le fixe depuis dix bonnes minutes. Et je sais exactement à quoi il pense.Pas à moi. À elle.Toujours Lyra. Cette fille lui pourrit l'esprit. Elle a disparu, elle a trahi, et pourtant elle vit toujours là, entre nous. Dans ses silences, ses soupirs, ses absences.Et je refuse de perdre.Je m'approche doucement. Je pose une main sur son bras. Il ne réagit pas.— Alex…Il tourne enfin la tête. Son regard est dur. Froid. Fatigué.— Tu veux quoi, Cassandre ?— Toi. murmuré-je. Juste toi.Laisse-moi te faire oublier un peu tout ça. Juste ce soir.Mes mains glissent sur son torse, remontent sous son t-shirt. Mais il me repousse doucement, fermement.— Tu es enceinte. Je ne peux pas, pas comme ça.Je souris, lente, volontaire.— Et alors ? C'est pas une maladie. Je suis enco

LYRAQuand j'ouvre les yeux, le jour est déjà levé. Mon cœur bat encore un peu trop vite. Je reste là, quelques instants, fixant le plafond comme pour me débarrasser de ce rêve, de cette chaleur coupable qui me colle encore à la peau.Je me lève, enfile un pull, et descends à pas feutrés. Lucas est déjà dans la cuisine, comme toujours, une tasse de café à la main et la radio en fond sonore.— Tu es debout tôt, dit-il sans lever les yeux.— J'ai mal dormi, je réponds en m'asseyant à la table. Des rêves bizarres.Il me jette un regard en coin, un sourire en coin sur les lèvres.— Du genre cauchemar ? Ou du genre… chaud ?— Lucas ! protesté-je, faussement indignée, en lui lançant un morceau de pain.Il rit, puis pose devant moi une tasse de café fumant.— T'inquiète, je te taquine. Mais bon, si t'as besoin d'en parler…Je hausse les épaules. Il ne peut pas comprendre. Pas ce genre de rêve. Pas cette sensation d'avoir été touchée pour de vrai. Et par lui.— Non, c'est bon. J'ai juste beso