All Chapters of Toi, encore et toujours : Chapter 81 - Chapter 89

Le car ralentit, ses pneus crissant sur le gravier alors que nous approchons de notre premier arrêt : une vaste ferme d’élevage de crevettes, nichée au bord d’une lagune scintillante sous le soleil de midi. L’air salin emplit mes poumons lorsque je descends, mêlé à l’odeur terreuse des marais environnants. Les bassins d’élevage s’étendent à perte de vue, leurs eaux miroitantes bordées de filets et de passerelles en bois. Les étudiants s’éparpillent, curieux, leurs voix résonnant dans l’immensité de ce lieu à la fois étrange et fascinant. José et Angelo, fidèles à eux-mêmes, plaisantent sur l’idée de « pêcher » une crevette pour le dîner, tandis qu’Emma, son carnet à la main, note scrupuleusement les propos du guide, son sérieux imperturbable.Je me tiens légèrement à l’écart, observant le groupe. Mon cœur, encore lourd du trajet et du rejet de Gabriel dans le car, cherche refuge dans cette nouvelle aventure. Je veux me plonger dans les détails de la ferme, dans les explications du gui

Je m’éloigne en trombe, les larmes brouillant ma vue, chaque pas résonnant comme un écho de ma colère. Derrière moi, j’entends les voix de Raph ou Angelo m’interpeller, le calme de la soirée dissipé par l’altercation. Mais je les ignore, portée par une rage grandissante. La douleur sur ma joue pulse, mais ce n’est rien comparée à celle qui brûle dans ma poitrine. Gabriel m’a blessée, encore, et je me jure de lui faire payer cet affront, de lui rendre la douleur qu’il m’inflige. Ces pensées, lourdes et assourdissantes, tourbillonnent dans ma tête, alimentant un feu que je ne parviens pas à éteindre.Des bruits de pas précipités retentissent derrière moi.— Alice, attends ! lance une voix que je reconnais immédiatement.C’est Gabriel. Sa voix, teintée d’urgence, fait vaciller ma colère, mais je refuse de m’arrêter. Ce serait trop simple, trop facile. Je continue ma route, le menton relevé, déterminée à ne pas céder. Pourtant, l’entendre prononcer mon nom, savoir qu’il me suit, allège im

Gabriel caresse doucement ma joue, ses doigts effleurant la peau encore sensible où la glace a laissé une fraîcheur persistante. Il ne dit rien, ses yeux plongés dans les miens, comme s’il cherchait les mots justes, ou peut-être une réponse à la tempête d’émotions qui nous enveloppe. Dans la lumière tamisée de la chambre, son regard est un mélange de tendresse et d’incertitude, un miroir de mon propre tumulte intérieur.— Donc, commencé-je pour briser le silence, tu as trouvé que nous deux, c’était trop intense, alors il fallait que tu t’éloignes.Il rit nerveusement, un son qui trahit son embarras, mais aussi une pointe de soulagement.— À y réfléchir, c’est un peu ridicule, admet-il, un sourire en coin. Si on simplifie, ce serait : je t’aime trop, donc je m’éloigne.Je baisse les yeux, un sourire timide naissant sur mes lèvres. Ses mots, même dans leur maladresse, portent une vérité qui fait vibrer quelque chose en moi.— Mais ce n’est pas aussi simple, poursuit-il, son ton plus sér

Je sors de la salle de bain commune, encore enveloppée par la vapeur chaude de la douche. L’eau a apaisé mes muscles, mais pas les pensées qui tourbillonnent dans ma tête – la nuit avec Gabriel, ses aveux, notre étreinte. Je m’habille rapidement, enfilant un short et un t-shirt léger, quand un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne et vois Asiane, adossée au mur, un sourire en coin illuminant son visage.— Tu es matinale, Alice, dit-elle, sa voix mielleuse cachant une pointe de curiosité malicieuse.— Bonjour, Asiane, réponds-je, prudente, sentant déjà une tension dans l’air.— Tu étais où cette nuit ? demande-t-elle, son sourire s’élargissant, comme si elle connaissait déjà la réponse.— Avec les mecs, pourquoi ? rétorqué-je, un peu plus sèchement que prévu, agacée par son ton inquisiteur.— Tu en es sûre ? insiste-t-elle, haussant un sourcil.Son assurance commence à m’irriter. Je redresse les épaules, refusant de jouer à son petit jeu.— Oui, et j’ai passé la nuit ave

La deuxième journée du voyage s’est déroulée plus tranquillement, une pause bienvenue après l’intensité des jours précédents. Nous avons exploré une petite ferme artisanale, collectant des données sur les techniques d’irrigation durable, sous un soleil moins accablant que la veille.Nous rentrons épuisées, nous affalant chacune sur nos lits dans le dortoir. Le ventilateur au plafond tourne paresseusement, dispersant une brise tiède qui ne parvient pas à chasser la fatigue collante de nos corps. Anouka s’étire avec un grognement théâtral, Nadia se laisse tomber en travers de son matelas, et Emma, fidèle à elle-même, sort déjà son carnet pour noter ses observations de la journée.— Je suis morte, gémit Anouka, les bras en croix. Mais on ne peut pas passer la soirée à végéter ici. On sort ?— Où ? demande Nadia, relevant la tête, ses cheveux en bataille encadrant son visage fatigué.— En ville ! Il y a un restaurant chinois dont j’ai entendu parler. On se fait un truc entre filles, juste