Tous les chapitres de : Chapitre 91 - Chapitre 100

Le grondement du moteur de Louis s’éloigna derrière elle, avalé par l’obscurité.Élina restait immobile au bord du chemin, respirant lentement pour calmer la tension dans ses muscles. La pluie fine s’était transformée en un voile froid qui lui collait aux cheveux, mais elle ne bougea pas.Elle l’avait fait. Elle avait réussi à se détacher de Louis sans qu’il comprenne. Une phrase rapide, un prétexte, une gestuelle étudiée… et il avait cru qu’elle allait simplement vérifier quelque chose en bord de route. Lorsqu’il avait tourné au prochain virage, elle s’était enfoncée dans les bois.Elle serra le petit sac contre elle. Les documents à l’intérieur pesaient plus lourd que de l’or : c’était le genre de preuves qui pouvaient briser des empires… ou les reconstruire.Elle jeta un coup d’œil à sa montre. Louis devait être déjà loin. Mais le silence autour d’elle n’était pas celui qu’elle espérait. Il y avait un autre son. Un bourdonnement lointain, régulier.Des phares apparurent au loin, ti

Le silence qui suivit leur échange était presque insoutenable. Seul le crépitement du feu ponctuait la pièce, comme un souffle régulier qui contrastait avec la tempête silencieuse qui grondait entre eux.Élina se tenait droite, adossée au mur, ses bras croisés devant elle comme pour se protéger. Mais au fond, elle savait que cette posture n’était qu’un masque. Alexander, lui, restait à quelques pas, les mains dans les poches, le regard fixé sur elle, attentif, prêt à répondre à la moindre faille.— Si je reste… finit-elle par dire, la voix mesurée, presque glaciale, ce sera à mes conditions.Un léger sourire effleura ses lèvres, mais il ne dit rien.— Je veux un espace à moi. Où je peux fermer la porte. Où tu n’entreras pas sans frapper.Il inclina la tête, comme s’il évaluait la portée de cette première exigence.— D’accord, dit-il simplement.Elle fronça les sourcils. Ce ton calme, presque docile, ne lui ressemblait pas. Il y avait forcément un piège.— Je veux pouvoir sortir. Quand

Le lendemain matin, Élina se réveille avec la sensation étrange d’avoir passé la nuit au bord d’un gouffre. Les paroles d’Alexander tournent encore dans sa tête comme une spirale sans fin. « Parce que je sais que tu peux me détruire. » Il ne se rend pas compte que cette phrase, plus que toutes ses menaces, lui a donné un point d’appui.Dans le miroir, son reflet lui renvoie l’image d’une femme aux traits tendus, mais avec une lueur nouvelle dans les yeux. Pas seulement de la colère. Pas seulement de la peur. Une détermination froide, calculée.Alexander croit avoir tout verrouillé. Mais il a oublié une chose : elle a appris à survivre aux hommes qui pensent tout contrôler. Et cette fois, elle n’attendra pas d’être acculée pour frapper.Elle attend que la villa soit plongée dans son calme feutré, qu’Alexander soit parti à ses rendez-vous. Les gardes postés à l’entrée la saluent d’un simple signe de tête. Elle sait que chacun de ses gestes est observé, noté, rapporté. Alors elle ne fait

La pluie battait contre les vitres, en longues rafales qui effaçaient les lumières de la ville. Dans la chambre, Élina fixait l’écran de son téléphone, son pouce suspendu au-dessus de l’icône de messagerie cryptée. Chaque seconde qui passait lui semblait une éternité.Le message de Noah était simple, presque anodin : « Mouvement confirmé. Camille active des contacts au sommet. Prudence. » Trois lignes. Et pourtant, elles avaient le poids d’une bombe.Elle relut encore et encore ces mots, consciente que chaque seconde de connexion était un risque. Alexander contrôlait tout. Du réseau Wi-Fi jusqu’aux caméras discrètement dissimulées dans certaines pièces. Mais il y avait ce recoin, près de la fenêtre, où le signal passait par un relais extérieur. Marcus lui avait montré l’astuce avant de disparaître.Un craquement derrière elle la fit sursauter. — Tu es nerveuse, Élina.La voix venait de l’encadrement de la porte. Alexander se tenait là, appuyé contre le chambranle, les bras croisés,

Les nuits dans la villa avaient cette lourdeur étrange, comme si chaque mur avait absorbé trop de secrets pour pouvoir offrir un vrai silence. Élina, allongée sur le lit, fixait le plafond. Ses yeux ne voulaient pas se fermer. Dans sa tête, l’écho des mots d’Alexander résonnait encore : « Avec moi, tu es vivante. »Elle savait qu’il n’avait pas tort. Mais être vivante ne signifiait pas être libre.Et c’était ça, son objectif désormais.Depuis leur dispute, elle avait compris une chose : Alexander la croyait encore sous son emprise émotionnelle. Il pensait qu’elle finirait toujours par revenir, comme une marée inévitable. Tant qu’il pensait cela, elle avait un avantage : il ne se méfiait pas assez. Pas encore.La première pièce de sa toile, c’était Clara. Une femme de chambre discrète, la quarantaine, le regard souvent baissé. Élina l’avait surprise à plusieurs reprises à jeter des coups d’œil furtifs dans sa direction, comme si elle attendait un signe. Ce soir-là, elle trouva enfin le