Tous les chapitres de : Chapitre 101 - Chapitre 110

Le murmure des conversations se mêlait au tintement délicat des verres de cristal. Les lustres, éclatants comme des soleils figés, diffusaient une lumière chaude sur les dorures de la salle. Élina avançait à pas mesurés, chaque geste mesuré pour ne rien laisser paraître de l’agitation qui bouillonnait en elle. Ce soir, elle n’était pas censée être une joueuse. Juste une présence silencieuse au bras d’Alexander.Mais à l’instant où son regard balaya la foule, son souffle se suspendit.Louis.Il se tenait là, à quelques mètres, près du bar, vêtu d’un costume sombre impeccable. Son sourire effleurait à peine ses lèvres, mais ses yeux, eux, ne la quittaient pas. Et, à peine une seconde plus tard, ils glissèrent vers Alexander.Un choc électrique invisible traversa la pièce.Alexander, qui parlait encore avec un vieil industriel, suivit instinctivement le fil de son regard. Lorsqu’il aperçut Louis, un éclat froid s’alluma dans ses yeux. Il n’eut pas besoin de demander qui il était : il le

Le silence qui suivit la réception était plus dangereux que toutes les tempêtes. Pas un mot dans la voiture. Pas un geste, si ce n’était le cliquetis régulier de ses doigts sur le volant. Alexander ne l’avait pas regardée une seule fois depuis qu’ils avaient quitté la villa où se tenait la soirée.Élina savait ce qui se préparait. Ce n’était pas la colère immédiate, bruyante et éclatante qu’il avait parfois laissée exploser. Non, cette fois, c’était autre chose. Un calme glacial, une ombre dans son regard. Et elle savait que c’était pire.La voiture s’arrêta dans l’allée, devant l’aile nord de la demeure. Il descendit le premier, contourna le véhicule et ouvrit sa portière.— Sors.Sa voix n’était ni forte ni tranchante. Mais elle contenait un ordre qui ne souffrait aucune hésitation.Elle obéit, les jambes un peu tremblantes.Il la guida sans un mot à travers le couloir principal, mais au lieu de se diriger vers leur chambre habituelle, il tourna vers l’escalier menant à l’étage où p

La nuit avait englouti la maison dans un silence pesant. Seuls quelques éclats de lune, filtrant à travers les larges baies vitrées, venaient découper la pénombre en lames argentées. Élina n’arrivait pas à dormir. Pas après cette conversation qui avait laissé des cicatrices invisibles sur ses nerfs. Elle tournait et retournait les mots qu’ils s’étaient échangés, leur violence retenue, la lueur troublante qu’elle avait perçue dans ses yeux.Elle sortit de sa chambre, pieds nus sur le parquet froid, comme guidée par une impulsion qu’elle aurait voulu réprimer. Le couloir était vide, mais elle savait où il se trouvait. Elle avait appris à sentir sa présence, à reconnaître cette tension invisible qui saturait l’air quand il était là.Elle le trouva dans le salon, adossé à la bibliothèque, une coupe de whisky à la main. Il ne se retourna pas immédiatement, comme s’il savait déjà qu’elle était derrière lui.— Tu devrais dormir, dit-il sans se retourner. — Et toi ? demanda-t-elle, la voix b

Le monde d’Élina bascula en moins d’une heure.Le matin avait commencé presque calmement, une accalmie rare dans le tumulte constant de sa vie depuis qu’Alexander l’avait reprise sous son contrôle. Mais tout changea quand, en descendant dans le grand salon, elle croisa le regard figé de Marta, la gouvernante. Dans ses mains, un journal plié. Elle hésitait à le tendre, comme si elle savait que ce papier avait le pouvoir de briser quelque chose d’irréversible.— Madame… il faut que vous voyiez ça, murmura-t-elle.Élina s’empara du journal, les mains déjà moites. Sur la première page, l’encre noire dessinait une image qui la frappa comme un coup de poing : elle-même, en pleine rue, le visage à moitié dissimulé par une écharpe, la main posée sur le bras de Louis Laurens. Le cliché n’était pas net, mais assez clair pour qu’on devine la proximité, l’intimité implicite. Sous la photo, un titre accrocheur :“Élina Verhoeven : double jeu ou trahison ?”Son souffle se coupa. Elle sentit son cœu

La nuit s’était installée comme une chape de plomb sur la villa. Les couloirs baignaient dans une semi-obscurité, éclairés seulement par la lumière rouge des caméras de surveillance. Élina s’était résignée à cette prison dorée que lui imposait Alexander… du moins en apparence. Assise sur le bord de son lit, elle écoutait le rythme régulier des pas des gardes à l’extérieur. Chaque son lui servait de repère, chaque silence lui paraissait suspect.Elle pensait être seule, totalement coupée du monde. Jusqu’à ce grincement étouffé derrière la porte de la terrasse.Son cœur accéléra. Ses yeux se fixèrent sur l’ombre qui se dessinait dans l’embrasure. Une silhouette se glissa à l’intérieur, souple, rapide, familière.— Marcus… souffla-t-elle, presque incrédule.Il referma doucement la baie vitrée, jetant un regard autour d’eux avant de s’avancer. — Tu as changé, murmura-t-il. Mais pas assez pour qu’on ne te reconnaisse pas dans l’obscurité.Elle sentit un mélange d’émotion et de méfiance la