All Chapters of Les chaînes du Destin: Chapter 41 - Chapter 50

Livia resta figée dans l’encadrement de la porte. Le bureau qu’elle avait si souvent traversé d’un pas assuré lui semblait désormais hostile, chaque meuble chargé de souvenirs amers. Raphaël se tenait debout, près de la baie vitrée, les bras croisés sur sa chemise froissée, silhouette à contre-jour dont elle peinait à deviner les traits.— Je savais que tu viendrais, murmura-t-il sans se retourner.Elle ferma doucement la porte derrière elle. Le claquement résonna comme un glas dans la pièce silencieuse. La tension flottait dans l’air, lourde, palpable. Elle sentit son cœur tambouriner sous sa poitrine, ses doigts se crispant sur le dossier du fauteuil le plus proche.— Je ne suis pas là pour toi, mais pour la vérité, dit-elle d’une voix tranchante.Il se retourna lentement, et leurs regards se percutèrent de plein fouet. Le sien portait encore les traces de nuits blanches, de regrets impossibles à effacer. Mais il y avait autre chose aussi : cette intensité douloureuse, ce besoin de

La nuit s’étendait sur Paris comme un voile dense, absorbant les bruits, les certitudes et les anciennes loyautés. Dans un appartement discret, aux stores tirés et aux murs insonorisés, quatre personnes s’étaient réunies autour d’une table en bois massif, éclairée par une unique suspension industrielle. Livia, Raphaël, Gabriel Serrano et Victor formaient une figure aussi improbable qu’indispensable : une alliance née de la trahison, du danger… et d’une cause plus grande qu’eux tous.Livia, en retrait sur sa chaise, gardait les bras croisés, attentive. Son regard passait d’un visage à l’autre avec une lucidité nouvelle. Elle n’était plus celle qui subissait ; elle scrutait, questionnait, analysait. En elle, la peur avait laissé place à une détermination brutale.Raphaël, debout à ses côtés, les traits tirés mais la posture droite, gardait une main posée sur le dossier de sa chaise, comme pour ancrer sa présence, sa foi en ce plan fou. Ses yeux ne quittaient pas les documents étalés dev

La vidéo ne durait que trois minutes.Trois longues minutes où chaque seconde semblait scier les os de Livia. La pièce était plongée dans un silence glacial, seulement brisé par le bourdonnement du projecteur branché à la hâte. Sur le mur nu de la salle secrète, l’image tremblante d’un enregistrement à l’angle dissimulé prenait forme.La caméra, manifestement installée en hauteur, filmait une table ovale, autour de laquelle étaient réunis quatre silhouettes en tailleur sombre. L’éclairage était faible, mais suffisant pour deviner les visages. Au centre, la Présidente de Valcourt Industries, Annabelle Hadrien, impassible, le dos droit, les mains croisées. À ses côtés, deux hommes en costume noir. Le quatrième siège était vide.Le son était granuleux, parasité par une distorsion sourde, mais les mots restaient distincts. D’autant plus glaçants.— “Elle sait. Trop. Si elle parle, le pacte tombe, et tout s’effondre. Je ne prendrai pas ce risque. Vous savez ce qu’il faut faire.”Le timbre

Le silence dans le bureau de la présidente était plus lourd qu’un tribunal. Seule la lumière filtrée des stores à lamelles rayait le parquet, créant des bandes d’ombre qui striaient les visages tendus.Livia était debout, les bras croisés, la clé USB dissimulée dans la doublure de sa veste. Raphaël, juste derrière elle, le regard d’acier, gardait les mâchoires crispées. Face à eux, Élisabeth Valcourt, droite dans son fauteuil directorial, trônait comme une reine assiégée mais non encore détrônée.— Vous avez franchi une ligne que vous regretterez toute votre vie, lança-t-elle froidement, en posant lentement ses lunettes sur son bureau.Sa voix était calme, mais glaciale, maîtrisée jusqu’à l’insupportable.— Nous avons simplement rétabli la vérité, répondit Livia, la gorge serrée mais le regard fixe.Un mince sourire s'étira sur les lèvres de la présidente.— La vérité n’existe que pour ceux qui contrôlent le récit. Et vous ne contrôlez rien, Mademoiselle Moreau-Valcourt. Pas encore.L

Le ciel de Paris semblait avoir retenu sa respiration.Un silence pesant régnait sur l’esplanade de Valcourt Industries, pourtant d’ordinaire grouillante d’employés et de journalistes. Ce jour-là, les grandes baies vitrées du siège ne reflétaient plus que des silhouettes figées. Dans un angle, trois véhicules de police banalisés patientaient, moteurs à l’arrêt, comme des fauves sur le point de bondir. Livia, les doigts crispés sur le dossier noir contenant les preuves, fixait le bâtiment comme on fixe une forteresse qui a trop longtemps résisté.— Tu es sûre de toi ? murmura Gabriel Serrano à son côté. C’est maintenant ou jamais.Elle hocha la tête. Sa gorge était nouée. Dans sa paume, la clé USB semblait irradier de chaleur. Un symbole. Une fin. Un commencement.Raphaël sortit du véhicule à son tour, costume noir parfaitement ajusté, cravate à demi détendue. Les traits tirés, il semblait porter sur ses épaules les ruines de tout un empire. Pourtant, dans ses yeux brillait une détermi