Kaël Le monde est trop grand.C’est la première pensée. Une pensée brute, écrasante. Le ciel n’est pas un plafond de brume grise. Il est infini, bleu pâle et froid, si haut qu’il donne le vertige. Les arbres ne sont pas des spectres immobiles. Ils bruissent, ils ploient, ils vivent. Le vent n’est pas un soupir constant ; il mord, il caresse, il porte des odeurs inconnues – de la neige, de la sève, de la terre gelée, de la fumée lointaine.Et la lumière.La lumière du soleil est une violence douce. Elle pique mes yeux qui se sont habitués à la pénombre éternelle. Elle dessine des ombres nettes et noires sur la neige, des ombres qui ont une forme, une direction. Qui bougent. Dans la cage, les ombres rampaient, fluides, sans loi. Ici, elles obéissent au soleil. C’est un ordre. C’est rassurant et terrifiant.Je suis niché contre la poitrine de mon père. Son manteau est rude contre ma joue. Son odeur – le cuir, le fer froid, une sueur aigre de fatigue et d’effort, et en dessous, quelque c
Last Updated : 2025-12-12 Read more