Semua Bab LE SANG SUR L'ENCRE : Bab 21 - Bab 30

KaelLe silence de la salle me suit quand je me détourne des hommes. Leurs rires n’ont pas repris. Je sens leurs murmures se lever, se perdre dans la fumée, mais mes pas ne faiblissent pas. Je la garde contre moi, sa main dans la mienne, comme une promesse que personne n’osera briser.La grande demeure s’élève au bout de la ruelle comme une forteresse aux murs d’obsidienne. Ses colonnes massives dominent la ville, ses vitraux reflètent les torches comme si mille yeux nous observaient. J’ai franchi ces portes des centaines de fois, mais ce soir, elles me semblent différentes. Plus lourdes. Plus menaçantes. Parce qu’elle est avec moi.Les gardes s’inclinent à mon passage, l’acier de leurs armes luisant sous la lumière des lanternes. Pas un mot. Pas un souffle. Le sceau du capo parle à ma place.À l’intérieur, le contraste est brutal : marbre poli, tapis de soie, lustres de cristal qui éclatent en mille éclats de lumière. Tout ici est fait pour écraser, pour rappeler à chaque âme que ce

KaelLa fin du repas approche. Les mets disparaissent, les rires forcés s’éteignent. L’air pèse encore, saturé de vin et de fumée. Le capo a regagné son trône en retrait, ses yeux fauves à demi-clos, mais je sais qu’il observe toujours.Ses hommes se dispersent par grappes. Certains échangent des murmures, d’autres me jettent des regards lourds. Ils n’oublieront pas l’insolence d’Alayna.Elle, pourtant, ne montre rien. Son port reste digne, son regard clair. Comme si elle portait une armure invisible.Puis, contre toute attente, la femme du capo se lève. Elle vient vers nous, ses pas glissant sur le marbre comme une ombre de velours. Elle pose une main sur le bras d’Alayna, et sa voix, douce mais ferme, coupe le murmure ambiant :— Viens avec moi, ma chère. Laisse les hommes s’enivrer de leurs guerres. Ce soir, tu as besoin de repos. Et peut-être… d’autre chose.Je veux protester, mais le regard du capo s’élève et m’arrête net. Une injonction muette : laisse.Alors je m’incline à pein

AlaynaLa lampe à huile diffuse une lumière dorée, douce mais impitoyable, qui révèle chaque nuance de ce salon intime. J’ai encore sur la langue le goût du thé, ce parfum de fleurs qui, étrangement, m’ancre dans le réel. Pourtant, mon esprit est ailleurs. Isolde vient de tracer un chemin devant moi, un sentier invisible que je n’avais jamais osé imaginer.Elle s’approche, ses bracelets fins tintant à peine. Dans ses gestes, rien de brusque, tout est mesuré, précis, comme une danse. Elle s’installe à côté de moi, trop près pour que je garde mes défenses.— Regarde-moi, dit-elle doucement.Je m’exécute. Ses yeux noirs me capturent, brillants de cette intensité tranquille qui me fait presque oublier que nous sommes prisonnières du même monde.— Première leçon, Alayna. Observer. Toujours. Avant de parler, avant d’agir, avant même de penser à résister, il faut lire. Les yeux des hommes parlent plus que leurs bouches. La crispation d’une mâchoire, un doigt qui tapote la table, une respirat

AlaynaIsolde avait raison. Ne combats pas toujours. Laisse-le croire qu’il te dévore, et glisse ton venin au moment exact.Alors je me lève, doucement, comme une proie qui choisit de se livrer au prédateur. Mes doigts effleurent la soie de ma robe, la font glisser sur mes épaules. Le tissu tombe, révélant ma peau nue à la lueur tremblante des chandelles. Je ne détourne pas le regard. Je veux qu’il voie, qu’il sente que c’est moi qui décide de l’instant.KaelDieu… Elle ose. Elle me provoque, elle joue avec un feu dont elle ne mesure pas l’ampleur. La voir ainsi, offerte, me met au bord de la folie. Mon souffle se bloque, puis se fait rauque, animal.Je franchis la distance en un battement de cœur. Mes mains saisissent ses hanches, mes doigts s’enfoncent dans sa chair tendre. Elle étouffe un gémissement quand je la plaque contre le mur froid. J’ai besoin de sentir son corps contre le mien, de la posséder, de m’assurer qu’elle est bien là, à moi, à cet instant.Ses lèvres s’entrouvrent

AlaynaJe me réveille dans la pénombre encore tiède de la chambre, enveloppée par son corps chaud contre le mien. L’air est doux, parfumé d’ambre et de sueur mêlés, chargé de l’odeur de nos corps mêlés dans la nuit. La lumière filtrée par les rideaux teinte nos peaux de reflets dorés. Chaque souffle que je prends est encore lourd, chaque mouvement me rappelle les traces brûlantes de notre union.Ses doigts glissent sur ma taille, effleurent mes flancs, explorent avec une lenteur presque cruelle. Je frissonne malgré moi, un frisson qui court le long de ma colonne vertébrale et jusque dans mes reins. Ses caresses sont plus que du désir, elles sont une affirmation silencieuse : il est là, présent, vulnérable à sa manière, mais toujours maître de sa faim.Je ferme les yeux et me laisse guider, laissant mon corps répondre à ses gestes, mais mon esprit reste attentif, calculateur. Chaque soupir que je laisse échapper est une petite victoire, chaque mouvement de mes hanches un signe que je p