ÉloïseTrois jours. Soixante-douze heures taillées dans l’étoffe brute du temps sauvage. La ruine n’est plus un refuge ; elle est une forge. Et nous en sommes le métal, martelés, trempés, retrempés, jusqu’à ce que nos âmes résonnent du même acier froid.Kael ne m’épargne rien. Le troisième matin, il me réveille avant l’aube en me jetant un seau d’eau glacée du ruisseau. Le choc m’arrache un cri rauque, me projette du sac de couchage, tremblante et haletante.— La surprise est une arme, gronde-t-il, immobile dans la pénombre. Tu ne dois jamais être si profondément endormie que tu ne sentes pas l’ennemi respirer. Maintenant, habille-toi. Cours.Je cours. Dans les bois gorgés de brume, les pieds nus sur la terre froide et les pierres tranchantes. La chemise de lui, trop grande, flotte autour de moi comme un linceul. La douleur aux pieds est une lame. La brûlure sur ma paume, un brandon. Les marques sur mes cuisses, un chœur sourd. Je cours jusqu’à ce que mes poumons crient, jusqu’à ce qu
Last Updated : 2025-12-03 Read more