All Chapters of Vendue À Un Homme Cruel : Chapter 31 - Chapter 40

Deux semaines.Quatorze jours à respirer autrement. À ne pas sursauter au moindre bruit. À ne pas craindre l’éclat d’une voix. Deux semaines que Léna était chez les parents d’Ilyès. Elle n’avait pas compris pourquoi il l’avait laissée là. Il avait simplement dit, d’un ton sec : « Ma mère veut te voir de plus près. Ça tombe bien, je pars en déplacement. » Elle avait cru au piège. À une autre forme de punition. Mais non. Le père d’Ilyès, contre toute attente, s’était montré d’une indifférence inespérée. Il lui parlait doucement, lui demandait chaque matin si elle avait bien dormi. , lui ouvrait le salon pour qu’elle puisse s’y asseoir. Léna n’en revenait pas. La mère d’Ilyès, elle, était restée plus distante. Froide. Polie. Chaque jour, elle déposait une assiette de fruits sur le guéridon près de la chambre de Léna. Elle ne disait presque rien, à part : — Mange. Ce bébé a besoin de vitamines. Et elle repartait. Pas d’insulte. Pas de commentaire

Le lendemain de la confrontation à l’entreprise, Léna ne se leva pas. La lumière du matin traversait à peine les rideaux quand Dalia monta voir pourquoi elle n’était toujours pas descendue. La porte était entrouverte. Léna gisait sur le lit, recroquevillée, les bras autour du ventre, en sueur. Son teint était livide. Son souffle saccadé. — Mon Dieu ! s’écria Dalia, paniquée. Léna ! Ma fille, tu vas bien ? Elle s’approcha en courant. Léna ouvrit difficilement les yeux. — Ça… fait mal… souffla-t-elle. — Où ? Ton ventre ? Elle hocha faiblement la tête, avant de se crisper de douleur. — Ne bouge pas ! Je vais appeler Monsieur ! Mais alors qu’elle se relevait pour courir chercher son téléphone, un filet de sang glissa le long de la cuisse de Léna. — Non… non non non… murmura Dalia, en état de choc. Tiens bon, ma fille, tiens bon… Ilyes arriva en moins de dix minutes, déboulant dans la chambre à grandes enjambées. — Qu’est-ce qui se passe ?! — Elle a saigné !

Le troisième matin après l’incident, Léna ouvrit les yeux lentement, réveillée par une odeur inhabituelle.Ce n’était pas la lavande ni le pain grillé.C’était quelque chose d’autre.Quelque chose de… salé ? Brûlé ?Elle cligna des paupières et se redressa légèrement. Dalia entra à cet instant, un torchon à la main.— Tu es réveillée ? C’est parfait, viens voir ce que monsieur a osé faire.Léna haussa les sourcils, confuse.— Ilyes ? Qu’est-ce qu’il a fait ?Dalia esquissa un petit sourire en secouant la tête.— Il a voulu te faire des œufs. Mais on ne peut pas improviser chef cuisinier du jour au lendemain. Tu as échappé de peu à un incendie.Elle posa un plateau soigneusement préparé sur la table de chevet.Un jus d’orange, du pain doré, une omelette (manifestement refaite par Dalia elle-même), et un petit pot de confiture.— Il m’a demandé ce que tu aimais. J’ai dit ce que tu supportais depuis que tu es enceinte. Il m’a regardée comme s’il allait s’effondrer. Tu lui fais plus pe

Les pas résonnaient dans le vaste couloir marbré. Petits. Précipités. Étouffés. Ilyes courait. Pieds nus. Le pyjama trop grand glissait de ses épaules. Il avait à peine six ans, et pourtant, il savait déjà ce que signifiait fuir. Dans la grande maison froide, chaque recoin résonnait d’échos secs et tranchants : les voix de ses parents, les disputes, les insultes, le bruit des verres brisés, et parfois… le silence encore plus glaçant. Ce soir-là, il s’était réfugié derrière le grand rideau du salon, serrant contre lui une vieille peluche sans yeux. Son cœur battait fort. Il savait que s’il faisait un bruit, s’il éternuait, ou même si le rideau bougeait… son père le trouverait. Et alors… ce serait encore les gifles, les hurlements, les menaces. Ou pire : l’indifférence glacée de sa mère. — Tu es faible, Ilyes. Tu pleures pour rien. Tu veux quoi ? De l’amour ? On ne t’a pas conçu pour être aimé. Tu es un héritier, un nom, un devoir. Tu n’as pas besoin d’être consol

Silvia recula, le visage rouge de honte. Puis, sans un mot, elle tourna les talons et sortit. La porte se referma dans un grincement long. Le silence qui suivit fut lourd, étouffant. Le père de Ilyes se leva enfin, un soupir dans la gorge. — Il fallait que ça éclate, un jour ou l’autre. Sa mère, elle, croisa les bras. — Une gifle publique… Bravo, Ilyes. Tu n’as plus qu’à te faire oublier pendant quelques semaines. La presse va se régaler. Il se tourna vers elle, droit, le visage dur. — Qu’ils se régalent. Moi, je vais enfin vivre. Puis il revint près de Léna. Elle était toujours assise, les mains sur son ventre, silencieuse. Il s’agenouilla lentement devant elle, baissant les yeux. Pas un geste de pitié. Juste… une présence. — Tu mérites mieux que tout ça, murmura-t-il. — Mais je suis là. Et je ne bougerai plus. Elle mit longtemps avant de répondre. Et sa voix, quand elle sortit, fut à peine un souffle : — Alors… prouve-le. Le trajet du retour fut