All Chapters of Vendue À Un Homme Cruel : Chapter 51 - Chapter 60

Léna ouvrit les yeux en sursaut.La douleur lui coupa le souffle comme un coup de poignard.Elle porta aussitôt une main à son ventre, haletante.Ce n’était plus une contraction douce et espacée.C’était brutal. Profond.— Ilyes… souffla-t-elle d’une voix tremblante.Il était assis près d’elle, assoupi sur le fauteuil.À son appel, il se redressa d’un bond.— Léna ? Qu’est-ce qu’il y a ?— Ça… ça fait mal. Trop mal.Elle tremblait. Des perles de sueur glissaient déjà sur ses tempes.— Je vais chercher l’équipe.Il sortit en courant.Quand le médecin entra, accompagné de deux sages-femmes, il comprit tout de suite.Le moniteur montrait des contractions à intervalles réguliers. Le col, cette fois, était ouvert.— On n’a plus le choix, déclara-t-il. Le travail est actif.Il tourna la tête vers elle.— Vous allez accoucher, madame.Léna sentit le monde tourner autour d’elle.Elle était à peine à 36 semaines et 4 jours.Ce n’était pas le moment.— Mais… le bébé…— Il est stable,

Dans sa chambre, elle s’assit lentement au bord du lit.Élie dormait toujours.Ses petits doigts bougeaient légèrement, comme s’il rêvait déjà.Léna le regarda longuement, sans bouger.— Tu n’étais qu’un projet, murmura-t-elle en larmes. Un accord, une chance… Tu n’étais pas censé être aimé.Mais moi je t’aime, pensa-t-elle.Moi, je t’aime déjà trop fort.Elle caressa sa joue, et pleura en silence.Quand Ilyes monta plus tard pour lui dire au revoir, elle était déjà retournée dans la salle de bain, la porte fermée.Il frappa une fois, deux.— Léna ?Aucune réponse.Il colla son front contre la porte.— Ils sont partis. Je voulais que tu sois là, mais…Un silence.— Je sais que tu m’as entendu.Toujours pas de réponse.— Je n’ai jamais voulu que tu souffres. Je…— C’est trop tard, Ilyes, finit-elle par dire à travers la porte.Sa voix était brisée, lointaine.— Tu veux faire ta vie. Fais-la. Mais laisse-moi en paix. Laisse-nous en paix.Et dans le silence qui suivit, il comprit.El

Elle glissa lentement au sol, dos contre le bois, les genoux repliés contre elle. Ses sanglots secouaient tout son corps. — Je veux mon bébé… murmura-t-elle. Je veux mon fils… s’il vous plaît… Sa voix se brisait. Elle parlait dans le vide. À personne. Ou peut-être à Dieu. Mais personne ne répondait. Elle finit par ramper jusqu’au lit. Elle s’y blottit, toute habillée, les yeux rouges et gonflés. Son sac contre elle comme un gilet de sauvetage. Elle s’endormit de fatigue, le cœur écorché, les bras vides. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, plusieurs heures s’étaient écoulées. La lumière du jour filtrait faiblement par la petite fenêtre. Un klaxon résonnait au loin. Elle se sentait sale. Vidée. Elle se leva lentement, passa de l’eau sur son visage dans le petit lavabo. Elle n’osait pas se regarder dans le miroir. Parce que ce qu’elle verrait ne serait plus Léna. C’était une autre. Quelqu’un qu’on avait détruit. Dans le silence de la chambre, elle prit

Une mèche tombait sur son visage.Elle s’était rendormie comme une enfant.Nathalie ne fit aucun bruit. Elle resta debout un instant à l’observer, sans rien dire.Puis elle alla dans la cuisine, réchauffa doucement un peu de lait, sortit les biscuits au chocolat qu’elle avait achetés en pensant à elle.Elle posa le tout sur le comptoir.Puis, doucement, elle s’approcha du canapé et s’accroupit.— Léna… murmura-t-elle. Il est seize heures trente… tu veux un peu de lait chaud ?Les paupières de la jeune femme frémirent.Elle ouvrit lentement les yeux.D’abord désorientée.Puis elle vit le visage de Nathalie, calme, doux, familier.Et elle sourit.— Tu es rentrée…— Oui. Tu dors depuis hier soir ?Léna hocha la tête, embarrassée.— Je crois que… j’avais besoin de ça.Nathalie lui caressa doucement l’épaule.— Et tu pouvais. Tu peux dormir ici autant que tu veux. Il n’y a personne pour te crier dessus.Léna sentit ses yeux s’embuer un instant, mais elle retint ses larmes.— Merci, Nath…

Le centre de santé commençait à se vider doucement, la journée touchait à sa fin. La lumière du soir baignait la pièce d’une teinte chaude, presque rassurante. Léna était concentrée sur les derniers dossiers qu’elle devait enregistrer.Depuis son arrivée, elle avait pris l’habitude de rester un peu plus tard, pour ne rien laisser en suspens. Sa rigueur et son sérieux n’étaient pas passés inaperçus auprès de Madame Kira , la directrice du centre, qui la traitait désormais avec un respect tranquille, loin de toute condescendance.Le tic-tac de l’horloge semblait marquer le rythme apaisé de la fin de journée. Léna tapait sur le clavier, notant avec précision chaque rendez-vous, chaque dossier à traiter. Elle aimait cette activité minutieuse, ce calme relatif qui contrastait avec le chaos de sa vie personnelle.Soudain, une voix masculine brisa ce silence.— Vous travaillez tard, mademoiselle Léna ?Elle sursauta légèrement et se retourna. C’était le docteur Melthy, le médecin généraliste