Nadia Je suis assise près de la fenêtre du quatrième étage, la main posée sur mon ventre comme on pose un sceau sur un document , ferme, prudente, cérémonielle. L’hiver n’a pas encore décidé s’il viendrait, mais l’air qui entre par la fenêtre fend la pièce d’un souffle glacé et familier. Le manoir tout entier gémit parfois, sous le vent, comme une créature alanguie qui se rappelle qu’elle doit rester éveillée pour garder ses trésors. Ici, chaque souffle, chaque meuble, chaque couloir connaît ma place mieux que moi-même.On m’a appris à nier la colère. On m’a appris à mesurer mes silences comme on pèse de l’or. Mon père a signé des noms sur du papier et, contre une poignée de promesses, il m’a vendu à une puissance qui ne connaît ni loi ni pitié , seulement transactions, rangs, intérêts. Un contrat. C’était dit avec des sourires convenus et des poignées de main qui scelle des avenirs : « Pour la stabilité, pour l’alliance, pour la famille. » Je l’ai appris comme une langue étrangère,
最終更新日 : 2025-10-14 続きを読む