Все главы BAISE-MOI ENCORE 2: Глава 71 - Глава 80

LinaLe sol semble se dérober sous mes pieds. Je reste plantée là, devant le miroir, à observer la pâleur de mon propre visage. Mes yeux me renvoient l’image d’une étrangère, d’une complice. Le goût du mensonge est encore là, acre et collant, sur ma langue.Dans la cuisine, les rires de Jade et d’Evan résonnent comme une mélodie perverse. Chaque éclat de rire est un clou qui enfonce un peu plus mon cercueil. Elle est heureuse. Soulagée. Elle croit avoir échappé au pire, alors qu’elle vient de plonger tête baissée dans un abîme bien plus profond, dont elle ne soupçonne même pas l’existence.Evan ressort de la cuisine, un sourire satisfait aux lèvres. Il s’arrête à mes côtés, son épaule frôlant la mienne. Son reflet dans la glace croise le mien. Il a l’air triomphant.— Tu vois ? murmure-t-il, sa voix un velours empoisonné. Tout s’arrange toujours quand on sait quoi dire.Je ferme les yeux un instant, cherchant un semblant de force qui a déjà déserté mes os.— À quel prix ? je murmure e

LinaTrois jours. Trois jours durant lesquels j'ai évité la maison comme la peste. Je traîne à la bibliothèque, chez Clara, dans n'importe quel café où je peux me fondre dans la foule anonyme. Je nourris mon projet, cette idée de trouver un garçon, un bouclier humain. Théo m'a proposé un café. J'ai accepté. Rendez-vous est pris pour demain. C'est une promesse de normalité, une bouffée d'air.Mais ce soir, je ne peux plus reculer. Jade a insisté pour un dîner en famille. "Ça me manque de te voir", a-t-elle dit. Sa voix était si sincère. Chaque mot de sa part est un coup de couteau.Quand je pousse la porte de l'appartement, l'odeur du basilic et de l'ail me prend à la gorge. Ils sont dans la cuisine, en train de préparer des pâtes. Evan, dos à moi, verse du vin dans une casserole. Jade, souriante, émince des tomates.— Lina ! Enfin ! s'exclame-t-elle en se précipitant pour m'embrasser.Je m'efforce de sourire, de rendre son étreinte. Mon corps est raide.— Salut.Evan se retourne lente

LinaLe bar est une entité vivante, pulsante de musique basse et de rires étouffés. Des lumières ambrées sculptent des ombres dansantes sur les murs de brique, et l'air est lourd de parfums sucrés, d'alcool et de sueur. Chaque pulsation de la basse semble épouser le rythme accéléré de mon cœur. C'est Théo qui a insisté pour venir ici, pour « décompresser ». Il ne sait pas que pour moi, décompresser est un concept aussi étranger que la paix.Je suis assise sur le tabouret de velours usé, le verre froid entre mes mains. Un soda. Rien d'autre. J'ai besoin de toute ma tête ce soir. Ma présence ici est un calcul, un mouvement sur l'échiquier invisible où Evan et moi jouons notre partie. Accepter l'invitation de Théo, c'était lui signifier que sa tentative d'intimidation au café avait échoué. C'était lui montrer que je poursuis ma vie.Et puis, je les vois.Evan et Jade.Ils viennent d'arriver, se faufilant dans la foule près du comptoir. Jade, radieuse dans une robe rouge, accrochée à son

LinaLe soleil perce à travers les lattes des volets, striant le lit de bandes de lumière crues. Je suis éveillée depuis des heures, immobile, les yeux grands ouverts fixant le plafond. Mon corps est un champ de ruines. Chaque muscle est douloureux, chaque nerf à vif, comme si on m’avait battue. Mais les pires blessures sont invisibles. Elles brûlent à l’intérieur, honteuses et profondes.La nuit a été un long cauchemar de veille. Chaque fois que je fermais les yeux, je le revoyais. Sa silhouette dans l’ombre. Sa main sur ma peau. La chaleur de sa langue. Le son de ma propre voix, brisée par le plaisir. Je me suis levée à l’aube pour prendre une deuxième douche, froide celle-là, frottant ma peau jusqu’à ce qu’elle soit rose et douloureuse, essayant de me laver de lui. En vain. La sensation est gravée. L’odeur de son savon, mêlée à celle de mon propre désir traître, semble imprégnée dans les murs.Un bruit dans le couloir. Des pas légers. Jade.Mon cœur se serre à s’arrêter. La culpabi

LinaLa pénombre enveloppe ma chambre comme un voile épais, filtrant les derniers rayons du soleil couchant à travers les rideaux tirés. L’air est lourd, chargé d’une tension électrique qui me fait frissonner malgré la chaleur étouffante. Je suis assise sur le bord du lit, les doigts crispés sur le tissu froissé de ma robe d’été, trop légère, trop transparente. Pourquoi je l’ai mise, celle-là ? Une question stupide. Je connais la réponse. Parce que je savais. Parce que je l’ai voulu.La porte s’entrouvre sans un bruit, comme si le bois lui-même retenait son souffle. Mes épaules se raidissent, mais je ne me retourne pas. Je ne peux pas. Pas encore. Pas avant qu’il ne soit trop tard pour reculer.Ses pas sont feutrés, presque imperceptibles, mais je les sens vibrer dans chaque terminaison nerveuse de mon corps. Il s’approche. L’odeur de son parfum, boisé, épicé, avec cette pointe de tabac froid qui me fait toujours tourner la tête, m’enveloppe avant même que ses doigts n’effleurent mon