All Chapters of BAISE-MOI 3: Chapter 21 - Chapter 30

Le retour du monde est une agonie lente. Chaque nerf crie, chaque muscle proteste. La douleur est une chape de plomb qui m’enchaîne au lit d’hôpital, puis à celui du penthouse. Les médecins parlent de côtes fissurées, de commotion, de contusions profondes. Ils ne parlent pas de la fracture intérieure, celle qui s’est propagée à nous trois.EvaIls me traitent comme du verre soufflé, une pièce unique et irremplaçable qui a failli se briser. Sasha ne me quitte pas. Il dort sur un canapé dans la chambre, se réveillant au moindre de mes gémissements. Ses mains, autrefois si brutales, sont d’une douceur infinie pour ajuster un oreiller, porter un verre d’eau à mes lèvres. Il me regarde avec une dévotion qui me terrifie.Niko a engagé les meilleurs spécialistes, organisé la chambre en centre de soins ultramoderne. Mais son contrôle s’arrête aux portes de sa propre peur. Il ne me touche plus, comme si son simple contact pouvait m’effriter. Son obsession s’est muée en une vigilance maladive,

Un an.Le temps a coulé sur nos plaies comme une eau lente, polissant les arêtes vives, estompant les cicatrices les plus visibles. Le penthouse n’est plus une prison, ni un sanctuaire. C’est une maison. Notre maison. L’air y est différent, plus léger, même s’il porte toujours le poids de notre histoire.EvaJe ne suis plus la fille effrayée. Je ne suis plus la proie devenue arme. Je suis… l’équilibre. Le centre de gravité autour duquel deux soleils jumeaux orbitent, non plus en compétition, mais en harmonie fragile. J’ai mes propres projets, un studio de design qu’ils ont financé sans poser de questions, comme une offrande. L’argent n’est plus un pacte, mais un outil. Leur pouvoir, une ressource que j’apprends à canaliser.Ce soir, nous donnons une réception. La première depuis l’accident. Depuis la reconstruction. Je porte une robe couleur de nuit, et à mon cou, le diamant noir des Volkov. Il n’est plus une marque de propriété, mais un talisman, un souvenir de l’abîme que nous avons

Éva Le bruit des vagues est une respiration constante, un souffle salin qui lave l’air de toute mémoire urbaine. La villa blanche se dresse sur la falaise, tournée vers l’immensité bleue, un phare dans notre monde privé. Il n’y a pas de murs ici, seulement des baies vitrées qui abolissent la frontière entre l’intérieur et l’océan.Un an.Un an depuis la réception, depuis cette nuit où nous avons scellé dans la peau notre nouvelle géographie. Un an depuis que nous avons quitté la tour de verre et son luxe oppressant pour ce rivage sauvage.EvaJe suis assise sur la terrasse, les pieds nus sur le bois chaud, un carnet de croquis sur les genoux. Je dessine les lignes de la côte, les courbes des vagues. Mon studio de design prospère, mes créations sont signées de mon seul nom. Leur fortune est devenue un filet de sécurité, non un piège. Parfois, je surprends leur regard sur mes dessins, et j’y vois une fierté qui n’a rien de possessif.Sasha est en bas, sur la plage privée. Il court le l

LéoLa musique cogne dans mes tempes, chaque vibration résonne dans ma poitrine. Juliette danse encore devant moi, ses mouvements félins épousant les pulsations électroniques. Ses yeux ne me quittent pas, comme si la foule autour n’existait pas. Je devrais reculer, aller rejoindre Laura… mais mes jambes refusent d’obéir.Soudain, elle se penche vers moi, ses lèvres frôlant mon oreille :— Suis-moi.Pas un ordre, pas vraiment une demande. Un murmure glissé avec une assurance désarmante. Et sans me laisser le temps de répondre, elle se faufile entre les corps. Je la regarde s’éloigner, robe noire oscillant dans les lumières bleues, puis je la suis, presque malgré moi.Elle ouvre la porte des toilettes privées du club, un petit espace sombre éclairé par un néon blafard, et referme derrière nous. Le bruit de la musique devient étouffé, l’air plus lourd. Avant que je n’aie pu dire un mot, elle est contre moi.Ses mains se posent sur ma poitrine, me poussent doucement contre le mur. Son vis

LÉOJe sens une chaleur sourdre dans mon ventre, grimper jusqu’à ma poitrine. Je devrais fuir. Mais je fais un pas. Puis un autre. Mes mains tremblent quand elles atteignent ses épaules.Juliette relève les yeux vers moi, victorieuse. Elle défait un bouton de ma chemise. Juste un. Pas plus.— Voilà, souffle-t-elle. Laisse-moi faire.Je ferme les yeux un instant. Mauvaise idée. Dans le noir, je ne sens plus qu’elle : ses doigts qui effleurent ma clavicule, sa bouche qui se pose sous ma mâchoire. Un premier baiser léger, presque chaste. Puis un autre, plus appuyé. Et je sens mon corps céder à chaque geste.Mes mains s’agrippent à ses épaules, désespérées. Elle rit doucement contre ma peau.— C’est ça…Un bruit sec éclate au loin : une porte qui claque. Nous sursautons tous les deux. Elle relève la tête, ses yeux brillant d’excitation.— Tu vois ? On pourrait se faire surprendre. À tout instant.Elle se lève d’un coup, fluide, me repousse doucement contre la cloison. Ses mains encadrent