LÉOLe temps, dans la chambre d’hôtel, n’a plus de prise. Il est suspendu, épais et poisseux comme du miel. Nos corps sont deux bêtes accouplées dans la pénombre, mus par une pulsion qui a tout balayé sur son passage : la morale, la peur, le remords. Juliette est un feu qui me consume, et je brûle avec elle, silencieusement, désespérément.Quand c’est fini, le silence retombe, plus lourd qu’avant. Il n’est plus rompu par le vibreur de mon téléphone. Il est mort, lui aussi. Éteint par mon propre choix.Juliette se lève du lit, son corps luisant de sueur dans la faible lumière. Elle marche jusqu’au minibar, en sort une petite bouteille d’eau, et boit à même le goulot, la tête renversée. Le mouvement de sa gorge est d’une grâce obscène. Elle me regarde, allongé, vaincu, les draps enroulés autour de mes jambes.— Tu devrais partir, dit-elle, sa voix neutre, pratique. Avant qu’elle ne décide de monter ou d’appeler la police pour signaler une disparition.Les mots « la police » résonnent bi
Last Updated : 2025-11-20 Read more