All Chapters of Libre, Enfin: Chapter 21 - Chapter 30

Charlotte s’est jetée sur les genoux d’Alice, sa voix cristalline résonnait encore dans la vaste pièce de vivre, et ses yeux brillaient d’un éclat suppliant. Autrefois, sa mère l’aurait immédiatement prise dans ses bras et l’aurait complimentée chaleureusement. Bien qu’elle eût parfois marre de ces compliments légèrement agaçants, après plusieurs jours sans telle attention, elle voulait désormais y regoûter. Hélas, Alice s’est contentée d’un simple « Hmm », et rien de plus. Elle ne la prenait même pas dans ses bras. Sa voix était légère, presque détachée, et ses paroles ne trahissaient aucune émotion. Pourtant, ce simple geste – ou plutôt l’absence de geste – a attiré l’attention de tous dans la pièce. Autrefois, Marc et Charlotte constituaient tout son univers ; jamais Alice ne s’était montrée si froide envers eux. Le papi a froncé légèrement ses sourcils blancs, posant un regard perçant sur le petit visage déçu de Charlotte. Dans ses yeux voilés se lisait une inquiétude à p

Le majordome Maurice s’est incliné légèrement, tenant une tasse en porcelaine de Limoges dont la vapeur semblait porter l’amertume particulière des herbes médicinales. Voyant le vieux monsieur assis là, la poitrine encore en forte agitation, et même sa main ridée tremblant légèrement sur le bureau, Maurice a changé instantanément d’expression. «  Monsieur, le docteur Latour a insisté, vous ne devez pas vous laisser emporter par vos émotions. Si votre tension remonte, ce serait terrible…  »Marc restait debout, le profil dur comme une sculpture. Son regard balayait les lèvres pâlies de son grand-père, puis la tasse sur le bureau. Sa pomme d’Adam bougeait imperceptiblement, mais finalement il n’a rien dit de plus. Alice a baissé les yeux, observant Maurice poser la tasse de tisane brune foncée devant le papi. Le liquide ondulait doucement dans la tasse, l’odeur amère montant droit au nez, lui donnant envie de retenir sa respiration. Le vieux M. de Beausoleil a froncé les sourcil

Le vieux papi parlait ce soir avec une éloquence inhabituelle, racontant sans cesse des anecdotes de l’enfance de Marc et soulignant à quel point le caractère d’Alice complétait celui de Marc. Alice écoutait patiemment, répondant parfois d’une voix douce et apaisante, mais tout en gardant une certaine distance, laissant transparaître un léger détachement dans son attitude. Le grand-père semblait en avoir conscience, soupirant à plusieurs reprises. « Assez. Il est temps que Charlotte voie sa maman. Va la chercher. » En jetant un coup d’œil à l’horloge, Alice a compris qu’il était temps pour le grand-père de se reposer également. Alice s’est levée alors pour prendre congé. En sortant du bureau, elle a refermé doucement la porte derrière elle et a inspiré profondément. À peine avait-elle tourné le dos qu’elle s’est retrouvée face à Emma, campait dans l’ombre du couloir. Comme toujours, chaque rencontre avec Alice suscitait chez Emma un mélange inexplicable de sentiment de supé

La fois où elle avait insisté pour manger la soupe à l’oignon, sa mère, dans la précipitation, s’était brûlée avec la cocotte encore bouillante. Mais Alice, même blessée, avait tout de même pris soin que sa fille finisse son repas avant de s’occuper de sa propre brûlure. C’est pour cette raison que cette cicatrice était restée, indélébile. Même le gel de silicone le plus cher ne pouvait que l’atténuer légèrement, sans jamais l’effacer complètement. À présent, la petite fille, avec ses grands yeux humides, semblait prête à éclater en sanglots à la seconde suivante. Pourtant, Alice n’éprouvait plus cette douleur ou cette inquiétude d’antan. Même un geste superficiel de consolation lui semblait superflu. La « nouvelle maman » était omniprésente sur Instagram, mentionnée dans deux phrases sur trois par sa fille ; tandis que la « ancienne maman », elle, n’était rappelée que lorsqu’on avait besoin de soin ou d’attention. En y pensant, elle a ressenti une douleur sourde dans la poitrine

Elle n'écoutait plus un mot de ce qu'ils se disaient après cela. Toutes les réponses semblaient dérisoires après sa déclaration ferme. « Je sais ce que je fais. » Après avoir entendu le nom de Julia Leroux, qu'espérait-elle encore ? Espérait-elle que Marc reviendrait vers elle, qu'il lui accorderait un regard attentionné, ou espérait-elle que sa fille abandonnerait son idée de « changer de mère » ? Un sourire amer s'est dessiné soudainement sur les lèvres d'Alice. Elle s'est murmurée doucement à elle-même. « Alice, oh Alice, comment peux-tu encore espérer quelque chose après tout ce qu'ils t'ont fait ? » Mais… Après plus de sept ans de relation, comment pourrait-elle tout effacer en un instant ? Même si Alice faisait de son mieux pour rester indifférente, la majorité de ses habitudes quotidiennes étaient formées par l'influence de ces sept années. Les habitudes étaient des choses puissantes, tout comme les sentiments. Elle a inspiré profondément, a chassé toutes les pensées i