All Chapters of Libre, Enfin: Chapter 1 - Chapter 10

Marc caressait doucement les cheveux de Charlotte ; sa voix, quoique froide, gardait une pointe de douceur. « Nous avons déjà joué tout l'après-midi, ça devrait te suffire. Maintenant, comme maman a eu un accident de voiture, elle a besoin de compagnie. »« Mais il y a bien Madame Bouchard à la maison, non ? Elle peut s'occuper de maman. Et puis, on n'est pas médecin… On ne pourra même pas l'aider. »Les mots de Charlotte traversaient Alice comme une aiguille, lui coupant presque le souffle.« Et papa, tu te souviens ? Maman est une super-héroïne, elle n'a jamais mal ! »À ces paroles, l'image d'un épisode vieux de trois ans revenait nettement dans l'esprit d'Alice. À cette époque, un concurrent de Marc avait tenté de faire capoter une négociation en provoquant un « accident ». Une vitre immense était tombée d'un étage supérieur ; pour protéger sa fille, Alice avait encaissé presque tout le choc. Les éclats de verre s'étaient plantés dans sa peau, et Charlotte, voyant sa mère couve

Lucas faisait partie des rares personnes à connaître la véritable relation entre Alice et Marc, bénéficiant de la confiance totale de ce dernier.Même l’agrafe de cravate en topaze, sur la cravate de Lucas, avait été choisie avec soin par Alice, récemment, comme cadeau d’anniversaire pour Marc. À cet instant, la surface lisse de la pierre réfléchissait le titre sur l’écran géant derrière elle. « Nouvelle étoile du design de joaillerie Julia Leroux annonce aujourd’hui, aux côtés du président du Groupe Beausoleil, Marc de Beausoleil, sa participation à la prochaine Fashion Week de Paris pour la haute couture. Leur relation suscite bien des spéculations. »« Alice ! »Dans l’instant où Alice était restée figée, le dossier qu’elle tenait a été arraché par Emma, qui avait foncé pour la rattraper.« Que comptes-tu faire ? Tu veux tromper mon frère avec tes gribouillages de maternelle, et dire que ce sont tes créations ? Tu crois qu’il va te croire ? »Alice a pris une profonde inspirat

Alice est restée assise un long moment, immobile, devant l’écran affichant « Soumission réussie ».Jamais auparavant elle ne s’était sentie aussi incertaine quant à ses créations, éprouvant même une pointe de panique.« Reprendre le travail » semblait simple à dire, mais dans l’industrie créative qui était en perpétuelle évolution, les tendances en joaillerie changeaient à une vitesse fulgurante.Six années s’étaient écoulées : sauf pour quelques sollicitations occasionnelles d’Emma pour des dessins, elle n’avait presque jamais ouvert son carnet de croquis. Et ces derniers temps, même Emma avait commencé à critiquer ses œuvres, affirmant qu’elles avaient perdu leur éclat. Ce constat l’a frappée brutalement : à quel point s’était-elle laissée aller ? Elle avait quitté l’entreprise de manière si définitive, et si aujourd’hui elle ne pouvait être qu’un fardeau pour l’équipe, avait-elle réellement le droit de parler de retour ?Perdue dans ces réflexions, elle a entendu que son télép

À l’autre bout du fil, Charlotte avait déjà collé sa petite tête contre le téléphone de Madame Bouchard. Un sourire satisfait flottait sur son visage : elle semblait déjà voir sa mère arriver en toute hâte pour lui préparer son potage préféré.Depuis toujours, il suffisait qu’elle fasse un peu de caprices pour qu’Alice abandonne tout et accoure auprès d’elle.Les doigts d’Alice se sont crispés légèrement autour du téléphone. L’écran de son ordinateur affichait encore les dessins que Gabriel lui avait envoyés, les lignes élégantes vibrant de précision et d’émotion.Elle contemplait un instant ces traits sûrs, qui inspiraient passion et créativité. Elle se rappelait alors qu’elle aussi, autrefois, passait des nuits blanches dans son atelier, à tracer, gommer, redessiner. À l’époque, ses mains ne portaient aucune cicatrice de brûlure, ses ongles n’étaient tachés que de pigments ou de charbon.La voix d’Alice, un peu rauque, s’est élevée. « Dis-lui que je n’ai pas le temps. »Un sil

Le cœur d'Alice s'est serré, une étrange culpabilité l'a saisie. Pourtant, lorsqu'elle a posé son regard sur Julia, à côté de Marc, un sourire amer a traversé son visage.« Ce n'est pas moi qui trompe mon conjoint, alors pourquoi ce regard ? » se dit-elle intérieurement.« Alice ? » Gabriel a remarqué les jointures blanchies de ses doigts. « Si tu te sens mal à l'aise, nous pouvons partir maintenant. »Il l'avait invitée surtout pour lui permettre de comprendre les idées des jeunes créateurs présents ; une fois l'objectif atteint, elle pouvait s'éclipser à tout moment.Alice a secoué légèrement la tête et a fixé Julia au loin.« Ça va. C'est juste… voir mes créations portées par quelqu'un d'autre, et utilisées comme un simple objet d'ostentation, ça me dérangeait un peu. »Elle a détourné le regard, a esquissé un sourire forcé vers Gabriel.« Ne t'inquiète pas. N'étais-tu pas en train de parler de quelques designers que tu voulais rencontrer ? Vas-y, je n'ai pas besoin que tu pr