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Chapitre 4 – Entre l’ombre et la lumière

Auteur: Lyra Lark
last update Dernière mise à jour: 2025-02-08 22:59:03

Cassy

Je sors en trombe de la maison, l’air glacial de la nuit me fouette le visage. Mon cœur bat à tout rompre, mes jambes tremblent, mais je n’arrête pas. Chaque fibre de mon être hurle de fuir cet endroit. Tout semble irréel : loups-garous, prophétie, mes parents… Mon esprit tourne comme une toupie incontrôlable. Je suis en plein délire. Le gravier crisse sous mes bottines alors que je traverse le jardin à grandes enjambées. Quelques gardes me jettent des regards furtifs, mais personne ne bouge. Tant mieux. Je n’ai pas besoin de me battre pour ma liberté. Et puis c’est quoi cette histoire de garde! Il faut que je quitte cette endroit. Je m’enfonce dans la forêt. La lumière douce de la maison disparaît derrière moi, remplacée par une obscurité oppressante. Les arbres sont gigantesques, leurs branches enchevêtrées créant un plafond vivant au-dessus de ma tête. L’air est lourd, saturé d’une odeur de mousse humide et de bois. Les bruits de la nuit m’encerclent : le bruissement des feuilles, le craquement des brindilles, des hululements lointains. Tout semble plus vivant ici, comme si cette forêt avait une âme. Mais je ne peux pas faire demi-tour. Je cours sans réfléchir, mes pensées se confondant avec les battements affolés de mon cœur. Les branches me griffent les bras, le sol glissant menace de me faire tomber. Mon pied se coince dans une racine, je perds l’équilibre et m’écroule lourdement. La douleur éclate dans mon genou et mon épaule. Je mords ma lèvre pour retenir un cri. Je me relève avec difficulté, une fine pellicule de boue couvrant mes mains. Une coupure saigne sur ma paume, mais je n’ai pas le luxe de m’apitoyer. Je dois m’éloigner, aller plus loin, ne pas regarder en arrière. Mais alors que je reprends ma course, un bruit sourd me fige sur place. Un grognement. Grave. Proche. Je me retourne lentement, mes yeux s’accrochant à l’obscurité. Il est là. Un loup immense, au pelage gris cendré, des yeux jaunes brillant comme deux lanternes maléfiques. Il me regarde avec une intensité qui me glace jusqu’aux os. Il s’avance d’un pas lent, chaque muscle tendu, prêt à bondir.

— Non… Non… — je murmure, reculant maladroitement.

Il grogne à nouveau, dévoilant des crocs aussi longs que des dagues. Mon corps entier se fige, incapable de bouger, incapable de respirer. Et puis, il attaque. Je sens ses crocs s’enfoncer dans mon épaule, une douleur brûlante me déchirant. Je hurle, essayant de me débattre, mais il est trop fort. Soudain, un rugissement éclate, profond et puissant, comme un tonnerre venu des entrailles de la terre. Un autre loup surgit de l’ombre, immense, noir comme la nuit, avec des yeux d’un bleu incandescent. Sérieux? Je vais m’évanouir. Il se jette sur le loup gris avec une force et une précision terrifiantes. Les deux bêtes roulent au sol, grognant, mordant, se battant avec une brutalité sauvage. Le loup noir prend le dessus, ses crocs se refermant sur la gorge de son adversaire. Un dernier gémissement, et le corps du loup gris s’effondre, inerte. Je suis paralysée, tremblante, la douleur dans mon épaule pulsant comme un feu. Le loup noir se tourne vers moi, ses yeux pleins d’une émotion que je ne peux nommer. Lentement, sous mes yeux ébahis, il commence à changer. Ses membres se raccourcissent, son pelage disparaît, et bientôt, Logan se tient devant moi, complétement nu, sa silhouette illuminée par la lumière de la lune.

— Cassy… Tu vas bien ? — Sa voix grave résonne, mêlée d’inquiétude.

Je n’arrive pas à parler. Ni à bouger. Mon regard glisse sur son visage, puis descend, lentement, sur son torse puissant, sculpté comme une foutue statue grecque. Je ne peux m’empêcher d’admirer chaque muscle tendu, chaque ligne dessinée avec une perfection presque insolente. Et puis… Oh. Mon cœur rate un battement. Mon cerveau, lui, bugue complètement. Il est nu. Entièrement. Une chaleur étrange monte en moi. Et je ne sais pas si c’est la perte de sang, le choc, ou un mauvais tour de mon subconscient, mais la seule chose qui me traverse l’esprit, c’est : Wow. J’avale ma salive, incapable de détacher les yeux de lui.

— Tu comptes me fixer encore longtemps ou tu veux une photo ? — Sa voix amusé et rauque me sort brusquement de ma contemplation.

J’étouffe un gémissement – pas de douleur, non, juste de pure exaspération mêlée à quelque chose de bien plus embarrassant. Un sourire en coin étire ses lèvres, un mélange de malice et de satisfaction évidente.

— Enfile un truc, bon sang !

Il rit doucement, un rire grave, vibrant, qui me fait autant frissonner que grincer des dents.

— C’est toi qui mates, Cassy. Pas moi.

Et merde. Mon seul espoir, à cet instant précis ? Que la terre s’ouvre sous mes pieds et m’engloutisse. Tout de suite.

— Tu es blessée. Il faut qu’on parte d’ici, d’autres peuvent venir. Je… Je suis désolée… J’aurais dû te protéger. J’ai cru bien faire en te laissant de l’espace, mais je me suis trompé.

Il me soulève dans ses bras comme si je ne pesais rien. La chaleur de son corps contre le mien m’apaise, même si la douleur à mon épaule est toujours vive. Je m’accroche à son cou, le souffle court, troublée par sa proximité.

— Pourquoi… Pourquoi je rêve de toi ? — Je murmure, presque pour moi-même.

— Tu rêves de moi? 

Son regard intense capte le mien, et pendant un instant, le monde autour de nous disparaît. La tension entre nous est presque insoutenable. J’ai envie de l’embrasser, de comprendre ce qui m’attire autant chez lui. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi! Je viens d’être attaqué par un loup et j’ai vu Logan se transformer sous mes yeux et je joue les midinettes. À peine franchissons-nous le seuil que tout le monde se précipite. Eddy m’adresse un sourire amusé.

— Pour une première soirée ici, tu fais fort, Cassy. Bienvenue dans la famille.

Tasha me serre dans ses bras, ses yeux pleins de douceur.

— Tu vas bien, ma belle ? Viens, on va te soigner.

— Faites venir Aria, ordonne Logan.

Il m’emmène dans ma chambre, me dépose délicatement sur le lit, et disparaît quelques instants pour revenir vêtu d’un simple pantalon fluide noir. Une femme entre, petite, aux cheveux gris, un sac médical à la main.

— Cassy, je suis Aria, le médecin de la meute. Laisse-moi voir ça.

Elle nettoie ma blessure avec douceur, mais je grimace sous la douleur.

— Ça va aller, ne t’inquiéte pas. Tes blessures sont superficiels mais tu devrais te reposer, avec ce que tu viens de découvrir tu dois être un peu déboussolée. Je repasserais te voir demain.

Alors qu’Aria vient de sortir, mon téléphone vibre. C’est Dimitri. Je décroche.

— Cassy ? Ça va ? J’ai essayé de te joindre toute la journée? Dave m’a dit que tu étais parti précipitament. Tu vas bien?

— Ça va, Dim. Je suis juste… en Californie… pour une affaire familiale. Ne t’inquiéte pas pour moi d’accord. Je dois raccrocher. Je t’embrasse.

En relevant les yeux, je croise le regard de Logan qui attend à l’embrasure de la porte.

— C’est ton petit ami ?

 Sa voix est basse, presque menaçante.

— Quoi ? Non, c’est un collègue.

Il détourne le regard, un sourire sur les lèvres.

— Et toi? Tu as quelqu’un dans ta vie?

Je le fixe, le cœur battant. Je ne sais même pas pourquoi je lui demande cela! Il s’approche et murmure :

— Repose-toi. Nous avons tout le temps pour en discuter demain.

Il s’installe dans un fauteuil près de moi, croisant ses bras, son regard ne quittant pas le mien. La fatigue me gagne. Je ferme les yeux, rassurée par sa présence. Avant de sombrer dans le sommeil, une pensée me traverse : mon monde ne sera jamais plus le même.

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Je pars.
Je t’aime. Assez pour partir. Assez pour que tu me détestes si ça peut te garder vivant.
Si je t’avais dit la vérité, tu serais venu. Tu aurais essayé. Et tu serais mort.
Je préfère que tu me haïsses mais que tu survives. Pardonne-moi ou déteste-moi. Mais vis.
Avec tout mon amour,Dans cette vie et dans toutes les autres,Cassy.Je plie la lettre. La dépose à ses côtés sur mon oreiller. Je reste là une seconde, le cœur broyé. Je me penche, dépose un baiser sur son front. J’ai l’impression de mourir. Je respire à peine. Pour la première fois je comprends ce que veut dire avoir mal au cœur.Puis je quitte la chambre. Les larmes roulent sans bruit sur mes joues. La maison est endormie. Je descends les escaliers, une main crispé

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