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CHAPITRE 5

Penulis: RS WILD
last update Terakhir Diperbarui: 2025-12-03 20:30:31

Emelyne haussa les épaules, presque désolée et tout se regardant dans un petit miroir qu'elle sortit d'on ne sait ou lui répondit avec fermeté :

— Normal ? Non. Mais possible. Et dans ce monde-là, “possible”, ça veut dire que ça arrive tous les jours. Tu sais combien de femmes signent ce genre de contrat en Europe de l’Est ? Des milliers. Et ici, c’est juste plus cher parce que c’est plus propre. Et plus discret.

Elle se pencha, ses yeux plantés dans ceux de Romy. Un petit « mmmh » lui échappa, ce son qu’elle faisait quand tout s’imbriquait dans son esprit.

— Je vais te dire un truc que personne ne te dira jamais ici. Wright, il t’a remarquée. Pas comme une secrétaire. Pas comme une vacataire. Comme une femme. Je l’ai vu, l’autre jour, quand t’es passée avec les dossiers Bleecker. Il t’a suivie du regard jusqu’à ce que tu sortes. Deux secondes de trop. Chez lui, c’est une déclaration d’amour.

Romy eut un rire nerveux, presque un sanglot.

— Tu délires.

— Non. Je connais ce genre d’hommes depuis quinze ans. Il fait le tour de son petit catalogue, là, avec ses pouliches de vingt-trois ans refaites pour pas cher. Mais aucune ne tiendra la route. Trop vulgaires, trop évidentes, trop interchangeables. Toi, t’es différente. T’as une lumière qu’il n’a pas vue depuis longtemps chez une femme. Et crois-moi… ça l’obsède déjà.

Elle marqua une pause, laissant le silence peser entre elles.

— Et si tu dis non… il prendra la suivante. Puis la suivante. Et un jour, il aura son gosse. Et toi, tu seras toujours là à servir des cafés dans des gobelets en plastique, en te demandant pourquoi t’as pas osé quand t’en avais l’occasion.

Romy ferma les yeux. Elle revoyait la porte qui claque, la fille qui passe sans la voir, et le regard de Wright qui, lui, l’avait vue. Vraiment vue.

Elle rouvrit les yeux, la voix rauque :

— Et si je dis oui… qu’est-ce qui me garantit qu’il ne me prendra pas le bébé et qu’il ne me jettera pas après ?

Emelyne sourit, un sourire sans joie.

— Rien. Absolument rien. C’est ça, le jeu. Mais au moins, tu joueras avec les bonnes cartes. Et moi… je serai là pour t’aider à les abattre.

Derrière la porte, un éclat de voix. La fille au tatouage ressortit, les yeux rouges, le menton tremblant. Elle passa devant elles comme un fantôme, ses talons ne claquant plus.

Emelyne murmura, presque tendre :

— Une de moins.

Puis, plus bas encore, comme une confidence entre sœurs :

— Réfléchis bien, Romy. Parce que quand il aura choisi… il ne reviendra pas en arrière. Et toi non plus.

L’interphone d’Emelyne sonna. Elle appuya nonchalamment sur le bouton.

— Faites entrer Mademoiselle Polka.

— Bien, monsieur !

Emelyne tourna aussitôt la tête vers Romy, l’air de celle qui donne un dernier conseil avant la guerre.

— Allez, au travail. Moi, j’ai des rapports à taper, et toi, tu dois te faire remarquer.

Romy resta figée. Ses pensées se chevauchaient, tout se mélangeait dans sa tête. Un nœud, un brouillard, un vertige. Puis elle finit par souffler un :

— N’importe quoi…

Un murmure qui fit sursauter Emelyne. Cette dernière la pointa aussitôt du doigt, menaçante et amusée :

— Je ne dis jamais n’importe quoi, vilaine.

Un sourire malicieux étira ses lèvres avant qu’elle ne se lève pour aller chercher la blonde qui arrivait, déhanchée comme un mannequin en plein casting.

Romy ouvrit la porte et laissa passer la jeune fille. Wright leva la tête, et un court instant, leurs regards se croisèrent. Juste assez longtemps pour qu’elle sente ses oreilles chauffer et son visage s’empourprer. Elle soupira, tentant de chasser les bêtises d’Emelyne de son esprit. Son cerveau était déjà parti dans tous les sens.

On toussota. Elle se retourna. Wright, visage sévère, la fixait droit dans les yeux. Elle fronça les sourcils, un peu perdue.

— La porte.

Le ton grave, presque grondé, lui fit sursauter. Elle rougit encore plus.

— Heu… oui, pardon.

Elle referma la porte en vitesse, puis aperçut Emelyne derrière son écran, en train de rire doucement, une main sur la bouche pour étouffer son amusement.

— Fonce, ma fille ! De toute façon, je vais être claire avec toi : aucune ne fera l’affaire. Monsieur Wright — et tu as vu, j’ai dit Monsieur Wright — est un homme très difficile. J’imagine qu’il choisira sa mère porteuse comme il choisit une pierre précieuse : au millimètre près. Et voilà ce qu’il attend d’elle… même s’il ne la gardera pas, du moins c’est ce qu’il pense.

Elle secoua la tête, un rictus au coin des lèvres.

— Une pierre, tu sais ce que c’est pour lui ? Pas un bijou qu’on porte par amour, non. C’est un investissement. Un placement. Il regarde la pureté, le poids, l’éclat sous différentes lumières… et il vire tout ce qui a la moindre imperfection. Une inclusion ? Dehors. Une irrégularité ? Dehors. Une pierre trop commune ? Dehors aussi. Il ne veut que du rare. Du durable. Du “parfait”.

Elle planta son regard dans celui de Romy, comme pour vérifier qu’elle suivait.

— Maintenant, pose-toi la question : parmi toutes ces gamines qui défilent… tu crois vraiment qu’il va trouver sa pierre précieuse ? C’est du plastique, du toc, de la camelote de marché. Ça brille, mais ça tient pas. Ça fait illusion cinq minutes et ça se fissure au premier choc. Et lui… il déteste le toc.

Romy déglutit, mal à l’aise.

— Et moi, alors ? Je suis quoi dans ton histoire ?

Le sourire d’Emelyne devint plus doux. Moins serpent. Plus… lucide.

— Toi, t’es le diamant brut. Pas poli, pas taillé. Pas encore mis en vitrine. Tu te caches au fond d’une mine, et lui… il commence seulement à te repérer. C’est ça qui me fait peur et qui me fait rire en même temps : tu corresponds à ce qu’il cherche, et tu corresponds à ce qu’il ne voulait surtout pas trouver.

Elle soupira, presque lasse.

— Et crois-moi… quand ce genre d’homme met la main sur un diamant brut… il ne le lâche plus. Même s’il s’imagine au début qu’il va juste l’acheter, l’utiliser et le ranger dans un coffre.

Romy sentit son ventre se serrer.

— Et s’il me détruit au passage ?

Emelyne hocha la tête lentement, comme si elle attendait exactement cette question.

— C’est ça le problème, ma belle. Les diamants… ça se taille. Et parfois, ça fait mal. Très mal. Mais ils ne cassent pas.

Elle se pencha vers elle.

— T’es pas une pierre fragile. Et il le sait déjà. C’est pour ça que tu as plus de chance que toutes les autres réunies.

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