La descente aux enfers

Les semaines qui suivirent, Grâce se sentait de plus en plus seule avec cette grossesse. Sa belle – mère lui adressa ses félicitations et decida de venir lui faire elle-même ses repas pour que tout se passe bien. Sa mère était toute aussi heureuse et lui faisait parvenir régulièrement des fruits et légumes frais pour le bébé et elle. Elle était très heureuse de comment ses mamans la soutenait mais Kevin devenait de plus en plus distant. Ils ne passaient plus beaucoup de temps ensemble, il travaillait beaucoup dans son bureau et venait se coucher bien après qu’elle soit endormie. Le petit déjeuner était toujours prêt à son reveil mais il n’était pas à la maison. Soit il était chez sa mère ou partit courir ou avait des urgences de travaux pour préparer la crèche. Il y avait toujours des excuses pour ne pas la voir trop longtemps ou même la toucher. Il ne l’a plus toucher depuis trois semaines maintenant et ça commençait à faire beaucoup. Elle voulait comprendre mais se disait qu’au fur et à mesure que le temps passerait, il s’habituerait à leur bébé et s’impliquerait encore plus. Elle comptait sur l’anniversaire de leur mariage pour les rapprocher. Ils organisaient à cet effet, une journée cooconing et elle espérait capitaliser sur cela pour se rapprocher de l’être aimé.

En ce jour du 9 Septembre marquant leur sixième anniversaire de mariage, Grâce s’est reveillée tard, comme à son habitude depuis cette grossesse. Il semblerait que le soir, elle était assommée dès 18h et ne se reveillait que le lendemain entre 8 et 9h pour être ensuite assaillie de symptomes les uns plus louches que les autres. Les 3 premiers mois, sont souvent les plus difficiles et elle en était pleinement consciente. Elle portait ces symptomes avec joie et n’osait se plaindre de peur d’attirer le mauvais œil. Ce matin lorsqu’elle fut libérée du joug du sommeil, elle ne vit personne à ses côtés. Aucun message, aucun mot d’amour. Le vide partout et son petit déjeuner qui l’attendait en bas comme tous les matins. Elle eut un petit moment de tristesse qu’elle voulait balayer de côté mais elle pleurait en mangeant son petit déjeuner et elle laissa couler ses larmes en se disant qu’elle pourra toujours blamer les hormones pour sa tristesse. Elle s’assit dans le divan et alluma la télé pour lui tenir compagnie. Elle n’entendit pas son chéri entrer dans le salon. Tout transpirant, il vit son visage drainé de larmes et fronça la mine.

Tout va bien Chérie? Tu as bien dormi? Le bébé ne va pas bien?

D’abord surprise, elle regarda son front perlé de sueur et décida de le bouder légérement:

Tu n’as même pas fait l’effort de nous souhaiter bonne fête. Tu viens d’où?

De chez maman répondit – il rapidement avant de poursuivre. Quelle fête? Bonne fête?

Grâce était maintenant en colère, elle déposa son plat sur la table centrale et se leva pour lui faire front.

Pourquoi tu me traites comme ça depuis que je suis enceinte, cria t – elle? Je ne suis plus rien à tes yeux depuis que l’insémination a fonctionné, tu ne me désire plus c’est cela? Dis moi. Je veux savoir. Tu ne veux plus de ce bébé et de nous ?

Il ne s’attendait absolument pas à entendre Grâce lui parler comme ça. Il ne l’avait jamais vu dans ce état et il en était un peu sonné.

Qu’est – ce que tu racontes Grâce? Commença t- il doucement la tête baissée. Je ne veux pas faire du mal au bébé c’est pour cela que je prends mes distances et je m’occupe. N’en pense rien s’il te plait.

Cette réponse calma Grâce qui s’approcha pour l’enlacer:

Mais en m’évitant tu nous fait encore plus de mal, répondit – elle apaisée par l’odeur de la transpiration mélangé au déodorant de son partenaire. Elle sentait en elle s’allumer un feu qu’elle croyait éméché par les malaises de sa grossesse.

Elle s’écarta un peu pour le regarder et  vit que son regard était figé sur la télé. En edition spéciale, l’arrestation du fou dans la montagne. Elle regarda encore son mari encore hypnotisé par la télé et soupira de frustation. Elle prit la télécommande et arreta la télé:

Encore ce fou. Pourquoi es – tu si obnibulé par lui Kevin?

Remets moi la télécommande Grâce, commença t- il . Je dois savoir ce qui lui est arrivé. Je t’en supplie Grâce.

Non cria Grâce. Depuis le début tu es accroché à cette histoire et je t’ai vu au fil des semaines te consacrer à cette histoire. Je veux savoir qui c’est.

Il tenta maladroitement d’enlever à Grâce la télécommande mais elle fut plus leste et recula.

Grâce reprit – il, menaçant. Donne moi cette télécommande si tu ne veux pas de problèmes.

Réponds moi et je te donnerais la commande ou tu préféres lutter la télécommande avec ta femme enceinte?

Il s’arrêta un instant et soupira bruyamment pour se contenir.

Kevin depuis le début tu te comportes comme si c’est un membre de ta famille ou pire comme si c’est toi qui lui a insufflé l’idée de ne pas manger pour vivre. J’ai besoin d’une explication.

Un court silence s’installa avant que Kevin en prenne la parole pour expliquer:

Justement quoi Kevin? Tu finances les activités de cet hurluberlu?

Non Grâce. Je ne le finance pas, c’est…

C’est qui Kevin? Parle moi bon sang

C’est mon père.

Comment ça c’est ton père? Tu m’avais dit que ton père était décédé l’année où tu passais ton CEPD. Comment le fou peut -il être ton père?

Calme toi Grâce, je te raconterais tout mais d’abord calme toi ce n’est pas bon pour le bébé.

Pendant un instant Grâce avait oublié qu’elle était enceinte, elle ne reconnaissait même pas ce mari qu’elle aimait tant, elle avait conscience qu’il y avait encre beaucoup de choses à décortiquer de cette situation et elle voulait tout comprendre. Elle accepta de s’assoir et l’invita à faire de même. il commença à parler.

Ce que je n’ai jamais dit à personne y compris toi Grâce c’est que mon père n’est pas exactement mort. Il a disparu. Un beau matin, ma mère l’a cherché partout en vain. Avant ça, il menait des expériences sur moi et mon frère… mon frère jumeau.

Tu as un frère jumeau? Murmura Grâce. Quel type d’expériences?

Pas toutes les questions en même temps s’il te plaît. Laisse moi finir.

Elle se tut et hocha simplement la tête.

Sur mon frère et moi, il menait des expériences pour nous rendre super intelligents et plus performants que tous les enfants de l’école. Il nous prédestinait à être des surhumains si on peut le dire. Ma mère n’a jamais été au courant, le matin de sa disparition quelques jours après le décès de mon frère a été un moment de choc pour elle. Elle découvrait l’horreur de ce qu’il prédestinait à ses enfants puis qu’il avait laissé des documents dérrière lui. Dévastée, elle a informé la famille de sa disparition, mon frère jumeau avait été vite enterré avant que je ne le sache pour éviter que je ne le suive. Tu connais la croyance populaire sur les jumeaux. Dès que j’eus finis l’année scolaire, nous nous sommes enfuis pour nous installer ici. Voilà ce qu’il en est Grâce. Quand je l’ai vu pour la première fois dans ce journal que j’ai partagé avec toi, je voulais tout t’expliquer mais je n’étais pas sûr à cause de son apparence. Aucune photo claire , aucune réélle identité, juste ce surnomdu : le fou dans la montagne. J’étais confus mais je ne savais pas s’il fallait te le dire ou non et ensuite il y a eu tellement de choses.

Elle etendit la main pour lui tenir le bras et le caresser légèrement.

Je suis désolée d’apprendre cette partie de ta vie, même si j’aurais aimé que tu m’en parles plus tôt. Ça a du être terrible de vivre ces expériences… tu veux en parler?

Ce n’est pas tout Grâce, ajouta t- il le ton toujours posé. L’enfant que tu portes n’est pas de moi.

Grâce tiqua et pensa avoir mal entendu. Elle secoua la tête mais ne put dire grand-chose. Kev se rapprocha d’elle pour la prendre dans ses bras et continua de parler doucement.

J’étais excellent à l’école dans toutes les matières mais aussi très performants dans les activités sportives. Mais à la puberté je remarquai une chose: je perdais l’envie de manger tandis que mon appetance sexuelle s’acroissait. Dès l’âge de 16 ans, je n’avais plus faim par contre je ne pouvais pas passer deux jours sans activité sexuelle.

Grâce se débatit hors de ses bras pour le regarder sans rien dire. Cette histoire ne pouvait pas être possible, elle l’avait vu manger à plusieurs reprises. Mais à bien y repenser, il faisait tous les plats mais pretextait souvent d’avoir déjà mangé et quand c’est elle qui préparait, il mâchait bien devant elle mais c’est tout ce qu’elle pouvait affirmer. Elle s’écarta et s’assit un peu loin de cet etranger qu’elle découvrait sous un nouveau jour. Il lui avait mentit et peut être qu’il continue encore aujourd’hui de le faire. Comment saurait – elle que cette version est la bonne ? elle commeçait à douter de cet homme.

S’il te plaît, ne t’éloignes pas de moi, s’il te plait, je ne suis pas un monstre. Commença t – il la voix larmoyante mais Grâce campa sur sa position et lui demanda de continuer son histoire parce qu’elle veut en connaître la fin. Kevin marqua une pause et soupira:

J’ai enchaîné les conquêtes et cela semblait normal pour un jeune homme de mon âge mais ma mère comprenait ce qui se passait en moi. Elle était prise entre deux étaux, déclarer à l’hopital et au monde que son fils est abnormal parce qu’il est en excellente santé et qu’il ne mange pas ou cacher la vérité de notre passé au monde et vivre un semblant de vie normale. Je pense que le choix qu’elle fit paru clair à tous. J’avais juste un fort appetit sexuel pour toutes ces filles que j’ai fréquenté jusqu’à ce que je ne veuille me marier et faire des enfants. J’avais tout dans la vie. La carrière d’ingénieur qui me permettait de disposer de mon temps, la carrière athlétique qui me prédisposait à être excellent dans toutes les disciplines sportives mais je me contentai de representer mon pays dans le basquetball. Mais je voulais une personne qui me comprendrait et partagerais ma vie pour me donner les frères et sœurs que je n’ai pas eu. Je rêvais d’une vie de famille épanouie. Je ne réussis jamais ce rêve. Avant toi, j’ai connu 3 mariages et tous avaient été un echec par ma faute, par mon incapacité à faire des enfants et mon désir… insatiable. Fatigué par tout ceci j’ai commencé à chercher des réponses médicales et scientifiques à ce que mon père nous avait fait subir. Je n’ai rien trouvé, aucune analyse ne pouvait expliquer pourquoi les psermatozoides qui pourtant bien portants ne fécondaient aucune ovule…

Comme se parlant à elle-même, Grâce demanda en regardant son ventre:

De qui suis-je enceinte? Oh mon Dieu qu’est-ce qui se passe? Elle prit sa tête dans ses mains. Elle continua

Quand on s’est rencontrés, tu ne m’as rien dit de tout ceci. Tu savais que je voulais une famille: des enfants. Mais jamais tu n’as été honnête avec moi, au lieu de ça tu m’as embarqué dans cette romance en sachant que rien de ce que nous envisagerions pour faire des enfants ne marcherait. Tu m’as utilisé pour cacher ton mal et tu m’as regardé souffrir tout ce temps, porter la culpabilité de ce qui ne marchait pas entre nous.

Tête baissée, il commença à verser des larmes, elle l’entendit au reniflement et à la montée rythmée de ses épaules.

Je ne…. Je ne voulais pas….. je ne voulais pas te faire du mal. Mais je ne pouvais pas te résister. Je n’y arrivais pas. Quand on s’est rencontré c’était par faim que je t’avais approché mais jamais je ne pouvais m’attendre à ce que tu sois vierge et que tu te donnes à moi dès que je t’ai accosté. Il renifla encore et encore et son corps commença à spasmer de sanglots. Il essaya de se calmer et continua.

Je ne pouvais pas imaginer que tu pouvais me staisfaire aussi bien et j’étais accrochée à toi et quand tu t’es ouvert à moi pour me raconter ton problème de fibromes, je pensais avoir trouvé le moyen de me dédouaner de mon mal. Il s’arrêta un moment pour se moucher dans son t shirt.

J’avoue, j’ai été manipulateur et calculateur. Traite moi de tous les noms d’oiseaux qui te plaisent mais comprends moi s’il te plait. Je ne risquer te perdre. Après mes echecs matrimoniaux, je broyais le noir sans aucun espoir de trouver la joie. J’avais fait une croix sur le mariage et sur tout sentiment mais je t’ai vu et dès cet instant tout a changé. Crois le ou non mais tu as changé ma vie. Il leva le regard vers elle et rencontra son dégout. Ce rictus qu’il connaissait bien et qu’elle faisait à chaque fois qu’elle voyait quelque chose qui l’incommodait. Il se recroquevilla sur lui et ne dit rien pendant un bon moment. Elle non plus ne dit rien. Elle lui en voulait d’avoir détourné sa vie et de lui avoir fait tant de mal. Trop de questions se bousculaient dans sa tête mais tout à coup, elle se souvint qu’ils n’avaient pas été intime depuis l’annonce du succès de l’insémination.

Donc ces dernières semaines quand tu ne me touchais pas, tu allais chez ta mère rencontrer d’autres femmes? Tu m’as beaucoup trompé dans ce mariage?

De tout ce que je t’ai raconté c’est la seule chose qui t’inquiète? Grâce? Et ce bébé que tu portes? Comment je sais que tu ne m’as pas trompé et que tu es tombée enceinte d’un autre?

C’est donc ce qui se tramait dans ta tête? C’est à cela que tu pensais et la raison pour laquelle tu m’évitais, tu me croyais aussi fourbe que toi? Non kevin je ne suis pas comme toi, les vœux de mariage ont un sens capital et je me tiens en haute estime morale, je ne peux donc pas agir de la sorte.

Il se mordit la lèvre inférieure en guise de cupabilité. Elle n’avait rien fait, c’est lui qui était parti la chercher pour l’épouser afin qu’elle ne puisse appartenir à aucun autre homme. C’est aussi lui qui lui avait menti tout le long de ce mariage en lui miroitant la possibilité d’un enfant. 5 ans de secrets enfin percés le jour de leur sixième anniversaire.

Elle se leva  et remonta dans leur chambre. Kevin l’y suivit mais n’osa entrer. Il l’entendit descendre la valise de l’étagère et la rouler au sol pour la mettre sur le lit. Il savait qu’il venait de la perdre en essayant de ne pas la perdre. Il entra et se mit à genoux mais sans mot dire pendant qu’elle pliait ses affaires. Elle s’arrêta un moment pour lui demander:

Je ne sais toujours pas comment tu fais pour ne pas manger. Tu dois en avoir cerner le mécanisme depuis le temps.

Les épaules de Kevin arrêtèrent de se secouer, Il ne répondit pas mais leva vers elle un visage baigné de larmes.