Pourquoi les salles d’attentes dans les cliniques sont – elles si impersonnelles?
Demanda Grâce à Kevin pour cacher sa nervosité perceptible par tous. Il se contenta de lui caresser la main et de lui sourire.
Calme toi chérie, on va juste mettre le bébé que je n’arrive pas à mettre en toi dans ton ventre et ce sera rapide.
Le sourire triste qui accompagna cette remarque fit comprendre à Grace à quel point elle avait négligé les sentiments de son partenaire dans ce processus. Elle ne lui a jamais demandé ce que ça faisait à sa virilité d’homme, de devoir passer par des processus autres que les moyens naturels pour faire un enfant. Elle se calma, prit sa main et la garda avec elle et ils s’assirent tranquillement dans la salle d’attente. Jusqu’à ce qu’une infirmière bien habillée leur annonce que le docteur les recevra dans dix minutes. Elle les dépassa pour aller discuter avec sa collègue dans une salle derrière eux:
Ce sera le tour du couple disproportionné tout à l’heure. Comment est-ce qu’ils peuvent avoir des enfants alors que l’homme est aussi baraqué et la femme si fine?
Ils sont juste dans la salle là bas, je suis sure qu’ils peuvent t’entendre.
Tu crois? J’espère qu’ils n’ont rien entendu, se précipita t-elle d’ajouter. Je ne veux pas perdre mon travail.
Kevin regarda Grâce pour anticiper sa réaction et lui fit signe de se calmer:
On n’est pas là pour ça chérie s’il te plaît. Murmura t – il doucement. On va finir et rentrer à la maison pour que je te pomponne et que je t’aime toi et notre futur bébé. S’il te plaît ne dis rien. Je t’en supplie. Grâce décrispa son visage et continua de parler avec legereté avec son mari même si la tension était encore tangible.
Les deux infirmières sorties, le sourire ehonté pour jauger leur réaction et Grâce se mordit la langue pour ne pas répondre surtout que son mari la pressa des mains pour lui rappeler sa promesse. Ils furent reçus par le docteur qui semblait très enthousiaste et positif quant à cette procédure. Rapidement, il a expliqué que c’était une procédure rapide qui n’ocassionerait aucune gêne. Il a par la suite rassuré que son corps réagirait peut être par des symptômes et qu’il pouront savoir si le corps a accepté ou rejeter l’embryon.
Devant la timide réaction des futurs parents, il continua en narrant les succès qu’ils ont connus dans cette clinique certainement pour les rassurer. Et enchaîna avec la sensation du moment le fou sur la montagne.
Kévin sursauta légèrement quand il parla de ce chercheur tellement, il ne s’attendait pas à en entendre parler dans cet espace. Enfin, il pourra lui poser des questions et avoir un point de vue médiacal sur la question. Tous les deux s’engagèrent dans une discussion passionnée interrompue par Grâce qui commença à tousser pour marquer sa présence et les ramena à l’objet de ce rendez – vous. La procédure se passa rapidement et sans douleurs comme le docteur l’avait annoncé. Les potentiels futurs nouveaux parents sortirent de la clinique dans une sérénité qui faisait peur à Kévin. Dès qu’il démarra, Grâce prit la parole:
Qu’est – ce que tu nous a fait là Kevin? Pourquoi cette obsession avec cet homme? Le fou de la montagne?
…
Je veux qu’on en finisse avec ce jeu s’il te plaît, ajouta t- elle dans le plus grand des calme. Avant qu’on arrête d’en parler on va faire comme on fait d’habitude. Des pronostics sur sa vie future et comment son histoire se termi,era. Tu as la parole, commence s’il te plaît.
Kevin eut du mal à déglutir. Il ne fallait pas la contrarier dans cet état. Il s’en voudrait si l’insémination ne fonctionnait pas à cause des sentiments qu’il aura créés en elle. Il ne voulait prendre aucun risque. Il décida de jouer. Les mains sur le volant, le regard fixé sur la route, il commença:
Il est de plus en plus acclamé par les populations et reconnu par l’état qui certifie son travail et utilise sa contribution pour apporter de la visibilité à notre pays.
Grâce répondit:
Il est de plus en plus acclamé par les populations et a une renommée dans la sous région. Les multinationales de l’industrie de la production alimentaire, et pharmaceutique conspirent pour le tuer et mettre fin à ses recherches absurdes.
Ils étaient à un feu tricolore et Kevin la regarda avec tristesse.
Quoi? Tu penses qu’il va mourir? Pourquoi tu es aussi pessimiste?
Sois raisonnable mon amour renchérit – elle avec calme. Tu crois que ce monde n’a pas de solutions pour les maux qui le minent? les gens jouent sur ces maux afin qu’ils servent leurs propres intérêts.
Mais de là, à le tuer? Je pense que ça va trop loin, tu ne trouves pas?
Est-ce que ce serait la chose la plus étonnante pour toi vraiment? La seule raison pour laquelle, on le laisse faire en ce moment, c’est qu’il ne représente aucune menace. Jusqu’ici il n’y a eu que quelques témoignages et quelques articles et aucune donnée scientifique pour corroobrer ce qu’il avance. S’il devient une menace, il sera l’homme à abattre pour toutes ces industries qui dépendent de la nourriture. Si on n’a plus faim, on ne mange plus et si on ne mange plus, on n’a plus envie de travailler, si on n’a plus envie de travailler, on flemmarde toute la journée et si on flemmarde toute la journée, on n’a plus envie de se battre pour manger.
Mais chérie, tu sais combien de temps nous économiserions à ne plus manger? À ne plus aller aux toilettes? Ce sera un gain considérable pour l’humanité et les entreprises. Pense aux soldats qui sont sur le front, s’ils n’ont plus à manger, ils pourraient être plus efficaces.
Mais donc, vous privez le cuisinier de son boulot. Ces personnes qui travaillent dans les champs, vont faire quoi de leurs journées dorénanavant? Plus encore manger ce n’est pas juste pour se nourrir, c’est aussi un plaisir. Qu’est ce que tu en fais?
Kevin ne voulut pas pousser le désaccord plus loin, il se contenta de hocher la tête bien content de la voir s’animer sur un sujet autre que le bébé. Ils arrivèrent à la maison et il lui recommanda de se reposer pendant qu’il préparait le dinner. Un traitement de princesse depuis l’annonce de l’insemination, pour qu’elle soit en état de porter leur bébé. Elle s’allongea dans le divan et alluma la télé. Elle s’assoit rarement devant la télé dont elle trouve les programmes abrutisants. Elle ne comprend pas le besoin constant de remplir la vie humaine de bruit. Elle scrolla inlassablement et tomba sur un reportage d’une chaîne locale. Elle arrêta et cria pour interpeller son mari:
Kev, Kev, tu peux venir au salon une minute stp?
Le ton urgent de Grâce lui fit entrer dans la pièce avec précipitation.
Qu’est – ce qu’il y a chérie? Tout va bien?
Pour toute réponse, elle pointa la télécommande à l’écran. Kevin regarda l’écran et vit la reporter devant ce qui semble être la maison du fou de la montagne. Il s’assit sur le divan et était presque immédiatement il était absorbé par le reportage. Grâce se leva pour aller à la cuisine et préparer le diner. Il avait fait sortir le gombo et la pâte de maïs fermenté. Elle prépara le dinner mais ne le trouva pas dans le salon. Elle lui envoya un message sur son telephone pour éviter de devoir le chercher dans toute la maison.
Commence sans moi, je suis dans le bureau. Je te rejoindrais tout à l’heure.
C’est bien plus tard quand elle était dans le lit, qu’il l’a rejoint. Elle sentit le doux parfum de son après douche et son corps frais d’après le bain se serrer contre elle et elle soupira en sentant son envie pressante contre elle. Elle murmura ensommeillée:
Le bébé, on doit attendre un peu pour voir si l’insémination a réussi.
Je ferais doucement et vite je te promets, il ne sentira rien. Je ne ferais aucun mal à notre bébé, je te le promets.
Sa réticence ne fut que momentanée, elle savait que quand il était dans cet état, il ne l’écoutait même plus. Elle se laissa faire et ne fit aucun effort tout en étant prête à riposter s’il s’oubliait dans son ardeur et y allait un peu trop fort. Mais ce fut comme il l’a dit: rapide et avec des mouvements doux. Quand il finit sa besogne, il murmura combien elle était chaude et humide et s’endormit presque aussitôt. Grâce était trop fatiguée pour réagir mais elle repensa dans la brume du sommeil, à ce que sa mère lui aurait dit si elle s’était plainte de l’appetit de son partenaire. “Tu aurais préféré qu’il aille dehors?”
Les symptomes ne se firent pas attendre. Dès le jour 2 post insémination, Grâce sentait de légéres crampes mais ne voulait pas précipiter quoique ce soit. Elle garda tout pour elle. Elle mangeait mieux et se trouvait rayonnante, elle allait tenir jusqu’au 8ème jour pour confirmer qu’elle était enceinte. Elle ne dira rien à personne avant cela. Son mari toujours attentionné lui préparait tous ses plats et avait demandé l’aide de la servante de sa mère pour les tâches ménagères régulières comme la lessive et le ménage. Au huitième jour, elle fit seule dans la salle de bain, le test de grossesse. Les mains tremblantes de peur, d’excitation et d’espoir elle couvrit le test de grossesse pour ne pas suivre la progression de la ligne colorée. En essayant de respirer de manière mesurée, elle attendit quelques minutes avant de voir les résultats du test. Deux lignes c’était tout ce qu’elle voulait. Quand elle prit enfin le test de grossesse du lavabo, elle s’écroula sur le sol et des larmes coulèrent le long de ses joues défiant le maquillage impéccable qu’elle faisait quand elle allait au travail. Elle cacha son visage dans ses mains et fit une prière. Elle se leva par la suite, se nettoya le visage et sortit de la salle de bain. Les jours qui suivirent, elle était plus calme et attendait la visite chez le docteur sans aucune appréhension. Son état de calme surprenait son mari qui lui était dans tous ses états et était sur le quivive le dixième et onzième jour. Au douzième jour, ils se préparèrent pour l’hôpital et avant de sortir de la maison: Kevin demanda à Grâce:
Promets moi que tu ne me quitteras pas, peu importe le résultat de cette insémination. Jure le moi s’il te plaît.
D’abord surprise par ses propos, elle le calma et le rassura. Pendant ces 5 années, elle avait porter la culpabilité silencieuse de celle qui ne pouvait pas donner d’enfants à son mari et aujourd’hui elle se demandait si elle ne s’était pas fait du mal en pensant cela.
Qu’est-ce qu’on fera si ça ne marche pas, renchérit – il.
Je ne sais pas Kevin répondit – elle lasse. Je ne sais pas ce qu’on pourrait faire de plus que d’espérer une autre implantation.
Ils s’enlacèrent et s’armèrent de courage pour aller à l’hôpital.
C’est la main l’un dans l’autre qu’ils attendirent les résultats du docteur. Celui – ci le sourire radieux leur annonça la bonne nouvelle de la grossesse de Grâce.
Monsieur et madame Gui, je suis heureux de vous annoncer que l’insémination est réussie.
Kevin sembla surpris de ce résultat. Il regarda sa femme puis le docteur puis sa femme qui l’observait avec calme.
Quoi? Docteur ? Que dites vous? Nous sommes enceinte?
Oui répondit le docteur vous êtes enceinte.
Grâce encore silencieuse et calme remercia le docteur pour son soutien et demanda à ce dernier quelles étaient les prochaines étapes. Il répondit qu’ils observeraient la progression de la grossesse pour l’instant et qu’il n’y avait rien d’autre que ça à faire. Kevin resta silencieux tout le reste de l’entretien et le trajet retour à la maison. À peine arrivés, il voulut aller porter la bonne nouvelle à sa mère et sans attendre son accord, sortit de la maison.
Les semaines qui suivirent, Grâce se sentait de plus en plus seule avec cette grossesse. Sa belle – mère lui adressa ses félicitations et decida de venir lui faire elle-même ses repas pour que tout se passe bien. Sa mère était toute aussi heureuse et lui faisait parvenir régulièrement des fruits et légumes frais pour le bébé et elle. Elle était très heureuse de comment ses mamans la soutenait mais Kevin devenait de plus en plus distant. Ils ne passaient plus beaucoup de temps ensemble, il travaillait beaucoup dans son bureau et venait se coucher bien après qu’elle soit endormie. Le petit déjeuner était toujours prêt à son reveil mais il n’était pas à la maison. Soit il était chez sa mère ou partit courir ou avait des urgences de travaux pour préparer la crèche. Il y avait toujours des excuses pour ne pas la voir trop longtemps ou même la toucher. Il ne l’a plus toucher depuis trois semaines maintenant et ça commençait à faire beaucoup. Elle voulait comprendre mais se disait qu’au fur
Pourquoi les salles d’attentes dans les cliniques sont – elles si impersonnelles?Demanda Grâce à Kevin pour cacher sa nervosité perceptible par tous. Il se contenta de lui caresser la main et de lui sourire.Calme toi chérie, on va juste mettre le bébé que je n’arrive pas à mettre en toi dans ton ventre et ce sera rapide.Le sourire triste qui accompagna cette remarque fit comprendre à Grace à quel point elle avait négligé les sentiments de son partenaire dans ce processus. Elle ne lui a jamais demandé ce que ça faisait à sa virilité d’homme, de devoir passer par des processus autres que les moyens naturels pour faire un enfant. Elle se calma, prit sa main et la garda avec elle et ils s’assirent tranquillement dans la salle d’attente. Jusqu’à ce qu’une infirmière bien habillée leur annonce que le docteur les recevra dans dix minutes. Elle les dépassa pour aller discuter avec sa collègue dans une salle derrière eux:Ce sera le tour du couple disproportionné tout à l’heure. Comment est
Grâce se réveilla tôt comme à son habitude, elle fit le petit déjeuner préféré de Kevin et impatiente de le voir se réveiller, alla faire du bruit dans leur chambre. Dès qu’il se leva, et se dirigea vers la salle d’eau pour faire sa petite toilette, elle retourna vite à la cuisine réchauffer le café et apprêter la table. Il la retrouva fraîche apprêtée et joviale, Kevin bailla longuement avant de se servir du café. Elle le regarda manger avec appétit sans vraiment lui prêter attention et elle restait fascinée par sa capacité à manger dès le réveil alors qu’elle ne pouvait rien avaler avant 10h du matin.Elle lui tendit, le téléphone et expliqua:Il semblerait que ton fou ait trouvé de l’audience sur les réseaux sociaux. Lis les témoignages. 5 personnes ont affirmé avoir bénéficié de ses services et en sont satisfaits. Ils ont même mis des photos d’eux, avant et après.Il prit le portable sans arrêter de manger et scrolla d’une main. Des images de 3 hommes et 2 femmes arborant des sour
A la une du journal le miroir, un montage : sur une montagne, une grosse tête d’un homme qu’elle ne connaissait pas arborant un sourire, de petits membres dont deux mains levées en victoire monté sur un petit corps. On pouvait lire ‘page 6, Le fou sur la montagne.’ Elle connaissait les éditions de ce journal qui avait construit sa réputation autour de ses sujets à sensation. Son mari lui avait fait parvenir cette édition avec un message sur le post- it collé au journal, ‘on en discute, ce soir.’Maintenant qu’elle était à sa pause, elle pouvait prendre le temps de lire cette histoire de long en large. Nonchalamment, elle ouvrit la page 6 et lut l’article. L’homme qu’ils ont dénommé le fou sur la montagne clamait avoir trouvé une solution contre la famine dans le monde. Installé dans une des localités les moins accessibles dans le pays, il aurait dans son laboratoire, étudié et expérimenté cette découverte. Elle parcourut l’article et se remit à son ordinateur afin de faire une petite