Mag-log inIls s’aiment comme on se noie : sans retenue, sans air, sachant que chaque vague les rapproche du fond. Leurs jours sont des nuits blanches, leurs caresses des batailles, leurs silences des aveux trop lourds. Puis un matin, sans un mot, elle part. Non par lassitude, mais par lucidité. Certains incendies sont trop beaux pour devenir des cendres. Elle emporte l’incendie entier dans sa poitrine. Une cicatrice à vif qui, désormais, éclaire toutes ses nuits. L’amour passe. L’intensité, elle, demeure.
view moreLÉA
La musique du bar est un mur. Je m’y adosse, un verre à moitié vide de gin tonic qui suinte de fraîcheur entre mes doigts. À ma gauche, Chloé parle avec animation, mais les mots se perdent dans le brouhaha. Je hoche la tête, un sourire en pilote automatique sur mes lèvres. Mon esprit est ailleurs. Il est toujours ailleurs, ces temps-ci.
Puis, le courant d’air froid de la porte qui s’ouvre me fait frissonner. Et quelque chose… se verrouille.
C’est inexplicable. Une tension dans l’atmosphère, comme avant l’orage. Mon regard, errant sans but, se fige soudain. Au bout de la salle, près du bar principal, un homme vient de se retourner. Il n’a pas l’air de chercher quelqu’un. Il a l’air d’attendre. Et ses yeux, d’un gris aussi profond que la mer par gros temps, sont posés sur moi.
Pas vers moi. Sur moi.
Un choc électrique me parcourt des pieds à la nuque. Je cligne des yeux, comme pour chasser un mirage. Mais il est toujours là. Grand, une stature qui occupe l’espace sans effort, vêtu d’un simple jean et d’un pull sombre roulé aux avant-bras. Il ne sourit pas. Il ne bouge pas. Il observe. Et sous ce regard, je me sens complètement démasquée, transparente. Le verre glisse dans ma main moite.
— Léa ? Tu m’écoutes ?
—Quoi ? Désolée, Chlo. La chaleur, je crois.
Je détourne enfin les yeux, le cœur battant la chamade. Quand je relève la tête, furtivement, il a tourné le dos, engageant une conversation avec le barman. L’espace d’un instant, je me demande si j’ai tout imaginé. Mais la brûlure sur ma peau, là où son regard s’est posé, est bien réelle.
Une heure plus tard, l’idée de partir me soulage. Je remonte mon manteau, dis des au revoir évasifs à mes amis et me fonds dans la foule vers la sortie. La nuit d’automne est fraîche, une brise nette qui balaie les effluves de bière et de parfum. Je respire à fond.
— C’était intense, non ?
La voix vient de ma droite, grave, un peu rauque. Je me fige. C’est lui. Il est appuyé contre le mur de brique à côté de la sortie, une cigarette éteinte entre les doigts. Il n’a pas l’air de fumer, il a juste l’air d’attendre. De nouveau.
Je m’oblige à le regarder. De près, ses traits sont encore plus ciselés. Une légère barbe ombre sa mâchoire. Ses yeux, dans la lumière du néon, sont d’une clarté déconcertante.
— Le bar ? dis-je, ma propre voix me semblant lointaine. Oui. Un peu.
—Pas le bar. L’autre chose.
Il pousse le mot comme un défi. Il parle de ce qui s’est passé à l’intérieur, de ce regard. Il l’a nommé. Mon ventre se serre.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez.
—Menteuse.
Il dit ça sans hostilité. Comme un constat. Un petit sourire, à peine esquissé, joue au coin de sa bouche. Il se redresse, quittant l’appui du mur.
— Je m’appelle Ethan.
—Léa.
—Je sais.
Je le dévisage, surprise.
— Comment ça, vous savez ?
—J’ai entendu ton amie t’appeler. Dans le bar.
Il a écouté. Il a noté. Le frisson que ça provoque n’a rien de froid.
— C’est un peu étrange, non ? je murmure.
—Tout ici est étrange, Léa. Toi. Moi. Ce sentiment qu’on se connaît déjà alors qu’on ne s’est même pas serré la main.
Il avance d’un pas. L’espace entre nous se réduit, chargé d’électricité statique. Je sens l’odeur de lui, un mélange de coton propre, de nuit et de cette cigarette qu’il n’a pas fumée.
— On devrait peut-être rectifier ça, dis-je, une bravade dans la voix que je ne me connaissais pas.
—La poignée de main ?
Il rit, un son bas et chaud. Il laisse tomber la cigarette et l’écrase du talon.
— Je pensais à autre chose.
Il ne demande pas la permission. Sa main se lève, lentement, comme pour me laisser le temps de reculer. Je ne bouge pas. Ses doigts effleurent d’abord ma joue, une caresse si légère que c’est presque une imagination. Puis sa paume se pose contre ma mâchoire, son pouce traçant l’arc de ma pommette. Le contact est un incendie. Doux, pour l’instant, mais nourri de tout ce qui peut brûler.
— Tu as peur ? demande-t-il, sa voix devenue un murmure intime.
—Un peu.
—Moi aussi.
Dans ses yeux, je vois qu’il dit la vérité. Il y a la même tempête, le même vertige. Cela rend tout cela moins fou. Ou plus fou encore, mais à deux.
Il se penche alors, infiniment lent, donnant à chaque millimètre qui disparaît entre nous le poids d’un choix. Son souffle, tiède, caresse mes lèvres. Un avant-goût. Une promesse. Mes paupières s’alourdissent. Le bruit de la ville s’éteint.
Le premier contact est un choc de douceur. Sa bouche sur la mienne est plus tendre que je ne l’aurais imaginé, compte tenu de son intensité. Un questionnement, une exploration précautionneuse. Mais cela ne dure qu’un instant. Comme si cette réserve craquait sous le poids de la vérité. Le baiser s’approfondit, s’affirme. Sa main quitte ma joue pour s’enfoncer dans mes cheveux, l’autre venant se plaquer dans le creux de mon dos, m’attirant contre lui.
Et là, ce n’est plus doux. C’est une réclamation. Une fusion. Le goût de lui est addictif, un mélange de menthe et de quelque chose de foncièrement masculin. Je réponds avec la même urgence, mes mains s’agrippant aux épaules solides sous son pull. Le monde extérieur n’existe plus. Il n’y a que la chaleur de sa bouche, la pression de ses mains, le son rauque de son souffle qui se mêle au mien.
Quand nous nous séparons enfin, pour respirer, nos fronts restent joints. Nos souffles sont courts, rapides.
— Alors ? fait-il de nouveau, répétant sa question de tout à l’heure, mais avec une intonation totalement différente. Pleine de gravité, de conséquence.
Je regarde ses lèvres, légèrement gonflées, et je sais qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. Le premier chapitre vient de s’ouvrir sur cette page blanche, et l’encre, brûlante, est déjà indélébile.
— Alors, on y va, dis-je.
Il ne sourit pas. Il hoche simplement la tête, prend ma main dans la sienne, et nous nous éloignons du halo du réverbère, plongeant dans la nuit qui nous appartient soudain entièrement.
EthanLe silence après l’orage a une texture particulière. Épais, vibrant, presque chargé d’électricité. Léa est encore sous moi, son souffle caressant mon épaule, sa peau chaude collée à la mienne. Je pourrais rester là, enfoui dans elle, à écouter la cadence de son cœur, mais je sens déjà un autre fil se tendre entre nous. Le sien. Le mien. Cette faim étrange, circulaire, qui se nourrit de la précédente.Elle bouge légèrement, juste assez pour que mon sexe encore enfoui en elle palpite. Et son sourire, ce petit sourire qui apparaît avant même qu’elle ouvre les yeux, me traverse de part en part.— Tu es lourd…, souffle-t-elle, taquine.Je me redresse d’un centimètre, juste assez pour croiser son regard. Ses yeux sont encore brillants, humides de plaisir. Et je sais déjà que je ne résisterai pas longtemps.— Tu veux que je me relève ? demandé-je.— Non.Son non claque doucement dans l’air, comme une invitation.Elle glisse une main dans mes cheveux, tire légèrement, juste assez pour q
LéaLa chambre respire une lumière dorée, filtrée par les rideaux tirés. On dirait que le soleil hésite à partir, curieux de ce qui se trame entre mes draps. Je suis étendue sur le lit, encore marquée par nos ébats. Ma peau pulse doucement, encore chaude, encore sensible. Je sens la sueur sécher le long de mes côtes, mes cheveux épars sur l’oreiller comme une couronne un peu folle. Je ne dors pas, bien sûr. Mon corps parle pour moi. Mes doigts tremblent encore, mes paupières frémissent, mon souffle trahit tout.Ethan s’approche. Je l’entends malgré son silence. Ou plutôt, je le sens. Le lit s’affaisse légèrement lorsqu’il s’assoit près de moi. Je tourne la tête vers lui, un sourire paresseux aux lèvres.— Tu ne peux déjà plus te passer de moi, hein ?Il ne répond pas tout de suite. Ses doigts parlent pour lui. Ils glissent sur ma peau, traçant une ligne lente depuis mon épaule jusqu’à ma hanche. Le frisson me traverse, animal, irrépressible. Quand il remonte vers ma poitrine et pince
Léa Il se penche alors, et sa bouche se referme sur un de mes seins. Le choc est si intense, si direct, que mes genoux cèdent. Il m’attrape, m’empêche de tomber, tout en continuant à m’aimer de la bouche et de la langue. Je m’agrippe à ses épaules, les doigts enfoncés dans le tissu de son pull, des sons incohérents s’échappant de ma gorge. Le besoin devient une douleur, un point de tension aiguë au plus profond de moi.— Ethan… s’il te plaît…Je ne sais même pas ce que je demande. Tout. Rien. Lui.Il comprend. Il se redresse d’un coup, son visage empreint d’une détermination sauvage. Il saisit l’ourlet de son pull et l’arrache d’un geste vif, le jetant de côté. Je le découvre enfin. La peau pâle marquée de quelques tatouages discrets, une musculature longue et définie, pas celle d’un bodybuilder mais celle de quelqu’un de fort, de réel. Je tends la main, pose la paume contre son torse. Son cœur bat sous mes doigts, un tambour furieux et désordonné, à l’unisson du mien.Il m’attrape a
LÉASa main autour de la mienne n’est pas une prise, c’est une fusion. Nos paumes se collent, nos doigts s’entrelacent avec une précision parfaite, comme si cette jointure avait été prévue, attendue. Il ne me tire pas, il m’entraîne, et je me laisse guider, mon autre main serrant le bord de mon manteau contre moi. Les rues défilent, sombres et anonymes, nos pas frappant le trottoir en un rythme syncopé, urgent. Nous ne parlons pas. Le baiser a scellé un pacte plus éloquent que tous les discours.Il s’arrête devant un portail en fer forgé, défraîchi, donnant sur une petite cour pavée. Une bâtisse ancienne s’y dresse, silencieuse. Il sort une clé, la tourne dans la serrure avec un bruit de métal fatigué. Le portail grince.— C’est ici ? je murmure, ma voix me semblant étrangère dans le silence de la cour.—Pour le moment.Sa réponse est courte, son regard déjà tourné vers la lourde porte en bois au fond. Nous montons deux marches, puis il ouvre. L’entrée est sombre, sent le vieux parque
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