Grâce se réveilla tôt comme à son habitude, elle fit le petit déjeuner préféré de Kevin et impatiente de le voir se réveiller, alla faire du bruit dans leur chambre. Dès qu’il se leva, et se dirigea vers la salle d’eau pour faire sa petite toilette, elle retourna vite à la cuisine réchauffer le café et apprêter la table. Il la retrouva fraîche apprêtée et joviale, Kevin bailla longuement avant de se servir du café. Elle le regarda manger avec appétit sans vraiment lui prêter attention et elle restait fascinée par sa capacité à manger dès le réveil alors qu’elle ne pouvait rien avaler avant 10h du matin.
Elle lui tendit, le téléphone et expliqua:
Il semblerait que ton fou ait trouvé de l’audience sur les réseaux sociaux. Lis les témoignages. 5 personnes ont affirmé avoir bénéficié de ses services et en sont satisfaits. Ils ont même mis des photos d’eux, avant et après.
Il prit le portable sans arrêter de manger et scrolla d’une main. Des images de 3 hommes et 2 femmes arborant des sourires montrant leur satisfaction. Dans une des vidéos, une cliente satisfaite a expliqué ses doutes et ses appréhensions face à cette methode mais comment, elle s’est revelée plus que bénéfique. Elle aurait même fait des bilans médicaux qui montrent que tout va bien dans son corps. Grâce lui posa la question qui le fit sortir de sa lecture:
Je me demande comment ces personnes pourront perdre du poids maintenant qu’il ne peuvent pas manger. Si c’est vrai que rien ne changera dans leur corps, comment s’y prendront-ils pour changer leur apparence?
Il s’arrêta une minute, il n’y avait pas pensé. Il enchaina:
Tu sais que tu as raison chérie, d’ailleurs est – ce qu’ils vieilliront? Parce que à bien y penser, la nourriture est l’essence qui sert à faire fonctionner la machine humaine. Sans nourriture, comment le corps fonctionnerait-il? On doit encore les observer un moment.
Elle le laissa à ses reflexions et alla se préparer pour sa longue journée. Cette période de vacances scolaire est une période charnière pour l’agence. Plannifier les voyages des familles lui donne la joie et le bonheur d’avoir trouvé sa mission de vie. Chaque fois qu’elle voit les sourires des clients à l’idée de découvrir une nouvelle destination, elle se savait dans le bon corps de métier. Quand elle sortit de la douche, elle vit son mari allongé sur le lit, en communication avec sa mère. Elle pouvait deviner au ton et à ses réponses mono-syllabiques, que la discussion tournait autour de l’éternelle question de l’enfant. Elle alla s’apprêter sans se soucier de lui et prépara sa gamelle pour le repas de midi. Elle revint lui faire un bisou et il l’accompagna à sa voiture. En tant que tech ingénieur indépendant, le monde est son bureau. Le bureau amenagé à la maison, lui permet de profiter du confort de leur maison et de travailler à n’importe quel moment selon que les services internet le lui permettent. Avant de la laisser partir, il l’enlaça et lui rappela le rendez-vous de cet après midi chez le docteur. Elle ne dit rien, elle hocha et partit sous le regard atendrit de son partenaire.
Il alla se laver et se préparer pour s’assoir à son bureau toute la matinée, ensuite il retrouverait sa femme chez le docteur, un peu plus tard dans l’après – midi et avec un peu de chance, il la convaincrait de rentrer à la maison pour qu’ils passent la soirée devant un film, au lieu de retourner au bureau. Il savait que son éthique de travail, faisait de Grâce quelqu’un de dévouée mais en réalité, il faisait assez d’argent pour les deux et bien des fois il aurait désiré qu’ils passent plus de temps ensemble. Son plan tomba complètement à l’eau lorsqu’il vit sur son téléphone l’histoire du fou avec sa solution pour érradiquer la faim dans le monde. Les témoignages sur les réseaux sociaux, ont provoqué énormement de réactions et de partages mais les avis sont mitigés. Une chose est sure, il n’a pas directement fait d’apparations médiatiques et surtout sa formule pour ne plus avoir faim reste encore secrète. Kevin est resté scotché sur son ordinateur à chercher la possibilité de vivre sans manger dans le but de démystifier cette solution magique. Il entrevoyait l’impact que ceci aurait sur le corps mais aussi comment inverser la vapeur au cas où le résultat ne nous convient pas. Tout ce qu’il a trouvé, ne lui donnait que raison. Il est impossible de ne pas manger pour vivre. Entre ses recherches, il retournait dans les commentaires lire les points de vue interessants. Il était tellement absorbé par cette histoire qu’il ne vit pas le temps passer.
Il arriva légérement en retard à l’hôpital tout frais et retrouva dans la salle d’attente, sa compagne qui était trop prise dans son esprit pour remarquer quand il s’assit à côté d’elle. Il ne dit rien et se contenta d’exister à ses côtés jusqu’à ce qu’elle sorte de sa rêverie, interpellée par le docteur. Kevin se demanda pourquoi les docteurs dans les cliniques étaient toujours si beaux et frais mais la relativité du coût des services eut rapidement raison de tout autre argument. Le client ne peut être que roi dans le privé tandis que le dans le public, le gouvernement fait la loi. Et qui parle de gouvernement parle aussi d’oppression et de trait de la population. La réalité est ce qu’elle est, il ne fallait pas se voiler la face, surtout sous nos cieux où rien n’est fait pour cacher ou voiler ce rapport de force entre les gouvernements et les peuples. Grâce se contenta de sourire à son mari et ensemble, ils furent accompagnés dans le bureau du docteur. Il n’y avait rien à dire, ils connaissaient tous les deux la routine de ces cliniques qui mêlent ceux qui essaient de faire des enfants et ceux qui pourront bientôt acceuillir leur bonheur. Serait-ce un doux rappel de l’incapacité des uns ou une motivation pour les autres? Il dépendra à tout un chacun de se faire sa propre impression. Ces moments, il le sait rend Grâce particulièrement nerveuse ce qui signifiait qu’ils allaient passer une soirée un peu sur la corde mais il sait déjà comment prendre la bête et de toute façon tant qu’ils seront toujours là, l’un pour l’autre, les choses seront toujours facile. Le ton rassurant du docteur, l’air sérieux de Grâce et l’ambiance de la clinique ne sont qu’un petit moment de rappel que tout est passager. Ils repartirent avec une bonne nouvelle qui a fait descendre la pression. Grâce était legere à l’annonce d’une possibilité d’implantation In Vitro et il a même pu la convaincre de rentrer à la maison et de s’allonger dans le lit en regardant des films. Il appela sa mère dès qu’ils fut rentrés et sur haut parleur, elle leur adressa des paroles de bénédictions avant de proposer de leur porter un plat chaud qu’elle avait préparé un peu plus tôt.
Grâce sait depuis toujours que vivre dans le même quartier que sa belle mère signifit, la voir débarquer chez elle à n’importe quel moment. Elle accepta l’offre de cette dernière et alla se laver. Elle avait entendu quelque part qu’il fallait complètement relaxer pour bien faire un enfant et ne pas s’encombrer l’esprit et elle comptait bien se mettre dans l’état qui lui permettrait de porter cette grossesse.
Elle se prépara pour la soirée, et alla vérifier ses fichiers pour preparer la session pour le travail du lendemain. Ils préparent chaque fin d’année, un plan de voyage avec de grandes entreprises et demain, ils ont réunion avec leur plus gros client. Elle ne fut tirée de la torpeur de son travail que par son ventre qui commença à gargouiller. Les murs insonorisés lui permettaient de rester dans le plus grand des silences sans intrusions extérieures et c’était là le problème, il arrivait qu’elle s’oublie dans ce qu’elle fait. Elle ferma rapidement son ordinateur et descendit au salon. Elle vit kevin allongé nonchalemment dans le divan. Il semblait emporté dans la manipulation de son téléephone portable et ne l’entendit pas entrer. Elle l’interpella avec douceur.
Mon amour, pourquoi tu ne m’as rien dit quand maman est arrivée?
Il sursauta légèrement et à sa mine défaite, il l’invita à le rejoindre dans le divan. Elle accepta et il se nicha entre ses seins pour humer son odeur. Elle avait une odeur semblable à la terre mouillée le jour de pluie avec un musc voilé et doux. Il pourrait rester là toute la nuit. Il la couvrit de baisers sur les seins, sur le ventre et l’enveloppa de son torse et de ses bras avant de l’embrasser sur la joue, puis sur la bouche. Elle sourit. Grâce a toujours aimé la timidité avec laquelle son partenaire de vie l’approche – comme s’il demandait la permission d’accéder dans les endroits les plus intimes. Il tatait toujours le terrain comme pour la préparer à sa présence, à ses baisers et à ses entreintes. Elle se laissait faire à chaque fois, subjuguée par la douceur et la politesse de ses approches. Elle observait tous ces détails et en retour, tous ces détails attisaient le feu de son désir. Son corps s’animait au rythme de ses doigts, au souffle de sa respiration haletante mais régulière, aux cris gluttaraux à peine contenus. Elle n’était dans ces moments là que l’objet de son désir, la porte de sa jouissance. Un champ qu’il labourait avec le soin l’ardeur et l’agilité de celui qui voudrait arracher une épine figée dans la plante de son pied. Elle le regardait devenir autre chose, une autre personne dont elle seule connait l’identité, dont elle seule connait le visage, le regard affamé et ravageur. Elle savait exactement comment éteindre ce feu, cette urgence primitive et elle lui donnait son remède. Haletant, le cœur battant à tout rompre, il le prenait comme si sa vie en dépendait, comme si investit d’une mission secrète, on le lui avait prescrit comme unique elixir de regénéresence. Elle de son côté, pouvait jouir de deux mondes, celui d’être spectatrice de cette transition transformationelle et celui de vivre avec lui ce moment de transe. Le rythme de sa respiration donnait le ton et la cadence, elle aimait comment il la maintenait bien en place pour qu’elle ne bouge pas. Elle aimait cet accès qu’elle avait à son corps pendant qu’il se préoccupait de son plaisir, ses bras et son torse qui la couvrent avec assurance et sécurité. Ici, dans ce moment, il donnerait tout pour elle, il la protègerait de n’importe quel mal, elle est sienne et personne ne pouvait s’interposer et c’est pour ça qu’elle dansait au son de son désir, qu’elle en exarcerbait l’attente, qu’elle en prolongeait le dénouement, qu’elle jouait la latence pour faire durer le jeu. Elle acceptait le voyage aller pour savourer le voyage du retour qui est aussi doux que les baisers annonciateurs de l’envie de son homme. Elle aimait quand satisfait de son elixir, il revenait à elle pour la bénir de calins et la recompenser de la douceur de ses mots et de ses bras. Il la serrait alors fort, tellement fort qu’elle n’arrivait plus à respirer. Et son corps l’enveloppait et la couvrait de baisers doux, mouillés, légers. C’est l’endroit le plus sécurisé de la terre, le moment le plus précieux de sa vie et peu importe le nombre de fois qu’elle revivait cette expérience, elle ne s’en lassait pas, au contraire elle en voulait encore plus. Sa satiété était sans limite et elle protégera ces moments avec tout ce qu’elle a. Elle compris par le poids de son corps sur elle, qu’il s’était assoupit. Elle regarda le plafond, comme ça pendant un bon moment, pensant à ce qui pourrait être sa vie quand elle sera maman. Un rêve qu’elle pourra caresser si tout se passe bien. Elle repensa à toutes ces injections pour stimuler les ovaires, la procédure pour récupérer les ovules et même les premières menstrues après cette procédure. Elle ne put s’empêcher de pleurer. Elle ne savait pas que le mot douleur pouvait se décliner sous autant de formes, qu’elle ne saura exprimer en mots et qu’elle doit cacher derrière un sourire poli devant le monde sous peine d’entendre la fameuse et inévitable phrase qu’elle déteste tant: “ c’est là, la souffrance des femmes”. On dirait que Dieu ne prédestine la femme qu’à souffir, à lui rendre la vie le plus difficile possible afin qu’elle ne put être heureuse nulle part, dans aucune circonstance. Le stigma de l’uterus qui lui assigne le titre de femme mais surtout l’enfer de la création humaine. Elle pleura de plus belle, elle est fatiguée de tout ceci, ses sanglots reveillèrent Kévin qui la consola sans rien lui demander et la porta dans leur lit. Heureusement elle avait du soutien dans cette épreuve, elle ne se sentira jamais seule tant qu’il sera là.
Les semaines qui suivirent, Grâce se sentait de plus en plus seule avec cette grossesse. Sa belle – mère lui adressa ses félicitations et decida de venir lui faire elle-même ses repas pour que tout se passe bien. Sa mère était toute aussi heureuse et lui faisait parvenir régulièrement des fruits et légumes frais pour le bébé et elle. Elle était très heureuse de comment ses mamans la soutenait mais Kevin devenait de plus en plus distant. Ils ne passaient plus beaucoup de temps ensemble, il travaillait beaucoup dans son bureau et venait se coucher bien après qu’elle soit endormie. Le petit déjeuner était toujours prêt à son reveil mais il n’était pas à la maison. Soit il était chez sa mère ou partit courir ou avait des urgences de travaux pour préparer la crèche. Il y avait toujours des excuses pour ne pas la voir trop longtemps ou même la toucher. Il ne l’a plus toucher depuis trois semaines maintenant et ça commençait à faire beaucoup. Elle voulait comprendre mais se disait qu’au fur
Pourquoi les salles d’attentes dans les cliniques sont – elles si impersonnelles?Demanda Grâce à Kevin pour cacher sa nervosité perceptible par tous. Il se contenta de lui caresser la main et de lui sourire.Calme toi chérie, on va juste mettre le bébé que je n’arrive pas à mettre en toi dans ton ventre et ce sera rapide.Le sourire triste qui accompagna cette remarque fit comprendre à Grace à quel point elle avait négligé les sentiments de son partenaire dans ce processus. Elle ne lui a jamais demandé ce que ça faisait à sa virilité d’homme, de devoir passer par des processus autres que les moyens naturels pour faire un enfant. Elle se calma, prit sa main et la garda avec elle et ils s’assirent tranquillement dans la salle d’attente. Jusqu’à ce qu’une infirmière bien habillée leur annonce que le docteur les recevra dans dix minutes. Elle les dépassa pour aller discuter avec sa collègue dans une salle derrière eux:Ce sera le tour du couple disproportionné tout à l’heure. Comment est
Grâce se réveilla tôt comme à son habitude, elle fit le petit déjeuner préféré de Kevin et impatiente de le voir se réveiller, alla faire du bruit dans leur chambre. Dès qu’il se leva, et se dirigea vers la salle d’eau pour faire sa petite toilette, elle retourna vite à la cuisine réchauffer le café et apprêter la table. Il la retrouva fraîche apprêtée et joviale, Kevin bailla longuement avant de se servir du café. Elle le regarda manger avec appétit sans vraiment lui prêter attention et elle restait fascinée par sa capacité à manger dès le réveil alors qu’elle ne pouvait rien avaler avant 10h du matin.Elle lui tendit, le téléphone et expliqua:Il semblerait que ton fou ait trouvé de l’audience sur les réseaux sociaux. Lis les témoignages. 5 personnes ont affirmé avoir bénéficié de ses services et en sont satisfaits. Ils ont même mis des photos d’eux, avant et après.Il prit le portable sans arrêter de manger et scrolla d’une main. Des images de 3 hommes et 2 femmes arborant des sour
A la une du journal le miroir, un montage : sur une montagne, une grosse tête d’un homme qu’elle ne connaissait pas arborant un sourire, de petits membres dont deux mains levées en victoire monté sur un petit corps. On pouvait lire ‘page 6, Le fou sur la montagne.’ Elle connaissait les éditions de ce journal qui avait construit sa réputation autour de ses sujets à sensation. Son mari lui avait fait parvenir cette édition avec un message sur le post- it collé au journal, ‘on en discute, ce soir.’Maintenant qu’elle était à sa pause, elle pouvait prendre le temps de lire cette histoire de long en large. Nonchalamment, elle ouvrit la page 6 et lut l’article. L’homme qu’ils ont dénommé le fou sur la montagne clamait avoir trouvé une solution contre la famine dans le monde. Installé dans une des localités les moins accessibles dans le pays, il aurait dans son laboratoire, étudié et expérimenté cette découverte. Elle parcourut l’article et se remit à son ordinateur afin de faire une petite