La nuit avait doucement enveloppé la maison. La brise qui filtrait à travers les persiennes faisait danser les rideaux avec mollesse, comme une caresse légère. Dans la chambre, Viel venait d’éteindre la lampe de chevet. Il s’allongea sur le côté, dos à Maxime, les yeux ouverts sur le noir. Maxime, quant à lui, n’avait pas sommeil. Il restait appuyé sur un coude, à observer le profil tranquille de Viel, ses cheveux légèrement en bataille sur l’oreiller, ses épaules fines qui se soulevaient au rythme de sa respiration. Mais quelque chose le poussa à reprendre son téléphone. Il glissa hors du lit avec douceur pour ne pas le réveiller et sortit de la chambre à pas feutrés. Une fois dans le salon, il s’assit sur le canapé, ouvrit TikTok, et chercha la vidéo qu’ils avaient postée ensemble quelques heures plus tôt. Ce qu’il vit le figea. 1,2 million de vues. Maxime cligna des yeux, comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas. Le compteur tournait encore. Les vues grimpaient minute après
La soirée s’annonçait douce. Après une journée émotionnellement intense, Viel avait trouvé un peu de paix en se concentrant sur quelque chose de simple : cuisiner. Dans la cuisine spacieuse de Maxime, il préparait des légumes sautés, une sauce crémeuse, du riz parfumé… Il y avait de la musique douce en fond, et pour la première fois depuis longtemps, il se sentait presque serein.Maxime était dans le salon, assis sur le canapé, l’air détendu, un livre à la main.— Ça sent divinement bon, lui avait-il dit en souriant.Viel avait simplement haussé les épaules, un sourire timide aux lèvres.Mais ce calme fut brutalement interrompu par une série de coups frappés à la porte d’entrée. Trois coups secs, impatients, comme ceux de quelqu’un qui n’avait pas l’habitude d’attendre.Surpris, Viel essuya rapidement ses mains sur un torchon, jetant un regard interrogateur à Maxime.— Tu attends quelqu’un ?— Non, pas que je sache.Viel s’approcha alors de la porte, l’ouvrit doucement… et se retrouva
Sa voix se brisa. Il ravala les larmes qui montaient.— Viel… mon cœur… je ne te demande pas pardon pour que tu oublies. Je veux juste que tu saches que je t’aime. Que je t’ai toujours aimé. Même si je n’ai pas su te le montrer de la bonne manière. J’aimerais que tu viennes à la maison. Qu’on te voie, toi. Pas ce que les autres disent de toi. Mais toi.Viel regarda le plafond, inspirant profondément.— Je viendrai bientôt. Promis.Un silence plein de tendresse s’installa— On t’attendra. Prends ton temps. Et si tu veux que je vienne, je viens. Dis-le-moi, et je débarque avec une valise de plats chauds et des draps propres, dit-elle dans un rire tremblant.Il sourit malgré lui.— Non, maman. C’est bon. Je vais bien. Maxime est là. Et Martine passe souvent. J’ai juste besoin de quelques jours encore. Mais je viendrai. Et cette fois, je ne fuirai plus.— Tu es courageux, mon fils. Et si quelqu’un ose encore te faire du mal, dis-toi bien que ta mère est prête à sortir ses sandales pour co
Viel ferma les yeux un instant, se laissant bercer par cette impression étrange d’être à l’abri. Il ne savait pas ce que demain lui réserverait. Il ignorait encore comment il affronterait le regard des autres, les murmures, les jugements. Mais une chose était certaine : il n’était plus seul.Et peut-être, juste peut-être… c’était un début.Le soleil s’était couché depuis longtemps, mais Viel n’avait pas bougé du canapé. Enveloppé dans la couverture, les jambes repliées contre lui, il fixait silencieusement l’écran de télévision sans vraiment regarder. Maxime était revenu avec un bol de soupe fumante et l’avait posé doucement devant lui sans un mot.Il avait compris. Viel n’avait pas besoin de grandes discussions. Juste de présence.— Mange un peu, dit Maxime en s’asseyant sur le tapis, juste en face de lui. Tu dois reprendre des forces.Viel acquiesça d’un léger mouvement de tête et prit une gorgée. Le goût était simple, mais bon. Rassurant. C’était peut-être la première fois depuis
— Peut-être. Ou peut-être qu’il savait, mais qu’on ne lui a pas expliqué les conséquences à long terme. Ce traitement, pris sur la durée, peut profondément bouleverser son équilibre hormonal et émotionnel. Il affecte sa libido, sa pilosité, sa masse musculaire, son humeur… et plus encore.Maxime passa une main dans ses cheveux, choqué. Il se revit à côté de Viel ces derniers jours, le regard perdu, l’émotivité à fleur de peau, les changements physiques… Tout prenait soudain un sens.— Est-ce que ça peut être arrêté ? Est-ce réversible ?— Partiellement. Mais il faudra du temps, des examens, et surtout son consentement éclairé. Nous ne pouvons rien faire sans lui. Mais je voulais que vous le sachiez… Parce que je sens qu’il ne comprend pas encore tout ce que son corps traverse.Maxime acquiesça lentement, les mâchoires contractées. Il remercia le médecin et quitta la pièce.Lorsqu’il revint dans la chambre, Viel tourna la tête vers lui, un peu inquiet.— Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il
Maxime se redressa légèrement, inquiet. “Tu as porté plainte ?”“Pas encore,” murmura Viel. “Le médecin m’a conseillé de me reposer d’abord. Et… honnêtement, j’ai peur. Peur qu’ils ne fassent rien. Peur qu’on m’accuse d’avoir provoqué tout ça, comme d’habitude.”Maxime posa une main sur la sienne, avec douceur. “Tu ne mérites pas ça, Viel. Personne ne mérite ça. Et je suis prêt à aller avec toi, si tu veux porter plainte. À te protéger, à témoigner, peu importe.”Un silence lourd suivit ces mots. Le contact de la main de Maxime réchauffait un peu la froideur qui pesait dans la chambre. Viel se surprit à penser que malgré tout ce qu’il ressentait – la honte, la confusion, la colère – Maxime restait un repère dans cette tempête.“Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?” demanda-t-il soudainement, sa voix tremblante.Maxime haussa légèrement les épaules. “Parce que je tiens à toi. Parce que je ne supporte pas l’idée que quelqu’un te fasse du mal. Et peut-être aussi… parce que je m’en veux de