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Chapitre 4 — Sa Cousine 4

작가: Déesse
last update 최신 업데이트: 2025-07-31 02:15:10

Éric 

La porte de sa chambre s’ouvre avant même que je ne frappe.

Elle savait.

Elle m’attendait, nue sous un kimono noir entrouvert, comme une provocation. Pas de mots inutiles. Pas de faux-semblants. Son regard me transperce. J’ai l’impression de suffoquer déjà, avant même d’entrer.

Je fais un pas.

Elle recule lentement, me tourne le dos. Le tissu glisse à peine sur ses épaules, révélant la courbe parfaite de son dos, sa nuque offerte. Elle ne parle toujours pas. Elle n’a pas besoin. Tout, dans son corps, dans sa lenteur, dans sa façon de m’ignorer avec précision, m’appelle.

Je referme la porte. Il n’y a plus que nous. L’air est chaud, presque moite. Une lampe tamisée jette une lumière douce sur le lit défait. Une légère odeur de figue noire et d’encens flotte dans l’air. Intime. Dangereux. Comme si cette chambre n’était pas un lieu, mais une faille.

Elle s’arrête au pied du lit, pose son verre sur la table basse, puis se retourne vers moi. Lentement. Elle me dévisage sans ciller.

— Tu es venu.

— Je ne sais pas pourquoi.

— Si, tu sais.

Ses mots sont des aiguilles. Elle perce mes défenses sans effort.

Je ne réponds pas. J’aurais pu fuir. Prétendre que ce n’était qu’un jeu. Mais je suis déjà pris. Déjà pris depuis qu’elle m’a regardé au bar. Depuis qu’elle a prononcé mon prénom avec cette voix rauque qui semble sortir d’un rêve interdit.

Elle s’approche. Lentement. Chaque pas fait trembler ma certitude. Elle ne me regarde pas comme un homme marié. Elle me regarde comme un homme qui a faim. Et elle, elle est le festin. Une offrande sacrée qu’on n’a pas le droit de toucher, mais qu’elle vous force à mordre.

Elle se plante devant moi, son souffle contre le mien.

— Tu vas tout gâcher, Éric. Et tu vas recommencer.

Ses doigts défroissent le nœud de ma cravate. Elle n’a aucun geste hésitant. Elle me déshabille comme si c’était une scène déjà répétée dans sa tête. Une scène dont elle connaît chaque réplique, chaque silence. Ma chemise tombe au sol, suivie de ma ceinture. Je ne bouge pas. Je la laisse faire. J’ai arrêté de penser.

Son regard glisse lentement sur moi, impitoyable. Pas pour flatter. Pour détruire. Elle sait que je suis à elle. Elle le sent dans ma respiration, dans la tension de mes muscles, dans cette faiblesse qui me traverse tout entier.

— Tu crois encore avoir le choix ?

Elle me pousse doucement. Mes jambes cognent le bord du lit. Je tombe presque dessus. Elle grimpe à califourchon sur moi, le kimono grand ouvert. Sa peau nue me brûle. Ses cuisses me serrent comme une gifle sensuelle. Elle se penche, et sa bouche s’abat sur la mienne, sans ménagement.

C’est le chaos.

Son goût est plus fort que ce que j’avais imaginé. Vin, épices, peau et feu. Elle m’embrasse pour posséder, pas pour séduire. Elle me prend. Sa langue cherche la mienne avec rage, exige. Ses mains agrippent mes cheveux, griffent ma nuque, me rendent fou. Elle me veut entier, et elle m’arrache à moi-même.

Elle s’assied pleinement sur moi, son bassin contre le mien. Mon souffle se bloque. Elle ondule à peine, juste assez pour me faire perdre le contrôle. Je sens tout. Chaque vibration de son corps contre le mien. Chaque soupir qu’elle me vole.

Ses ongles s’enfoncent dans mes épaules. Elle me domine. Pas dans un jeu de pouvoir. Dans une évidence. Elle est le feu, je suis le bois. Elle est la tempête, je suis l’homme sans abri.

— Tu me regardes comme si j’étais ta chute, murmure-t-elle.

— Parce que tu l’es.

Elle sourit. Un sourire lent, carnassier.

Et alors elle se donne. Totalement. Cruellement. Lentement.

Elle se cambre, s’offre et s’impose. Son corps contre le mien devient une guerre sans trêve. Elle ne cherche pas la tendresse, elle veut me faire mal, me marquer, me hanter. Et moi… je veux ça. Je veux qu’elle laisse une trace. Qu’elle remplace tout le reste. Qu’elle écrase Clara, mon nom, ma morale.

Je perds tout.

Je perds le souffle quand elle se serre contre moi.

Je perds l’équilibre quand elle m’embrasse dans le cou.

Je perds ma foi quand elle gémit contre ma bouche.

Je me perds en elle. Volontairement.

Et quand elle tremble enfin, dans un spasme sauvage, ses cheveux collés à son front, ses griffures sur ma peau, son sexe contre le mien dans une cadence fiévreuse, je m’abandonne. Je m’effondre. Je m’épuise en elle comme si c’était la dernière fois que j’allais ressentir quelque chose de vrai.

On reste là. Nus. Collés. En sueur.

Elle glisse sa tête sur ma poitrine. Mon cœur bat à s’en déchirer les côtes. Ma gorge est sèche. J’ai envie de parler, mais je ne trouve aucun mot qui ne sonne pas faux.

Elle murmure :

— Maintenant, tu ne pourras plus faire marche arrière.

Et elle a raison.

Je suis tombé.

Pas amoureux , pire : addict.

Je caresse distraitement sa hanche. Son souffle s’apaise, mais moi, je n’arrive plus à respirer normalement. Tout semble irréel. Et pourtant, c’est le moment le plus vivant que j’ai connu depuis des années.

Un frisson me traverse.

Pas de froid.

De lucidité.

Je viens de briser quelque chose. Quelque chose qui ne se recollera jamais.

Clara dort sûrement à cette heure. Peut-être qu’elle pense à moi. Peut-être qu’elle s’est dit, ce soir-là, qu’il serait temps qu’on parle. Qu’on se retrouve.

Mais il est trop tard.

Je suis ailleurs. Loin. Très loin de notre lit conjugal, de notre appartement aux murs trop blancs et aux silences trop polis.

Je suis dans une chambre d’hôtel, au creux d’un corps que je ne comprends pas encore, mais qui me possède déjà.

Et je sais, au fond de moi, que je reviendrai.

Encore.

Et encore.

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  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 20 — Sa Cousine 20

    ÉricC’est Clara qui l’a dit, hier soir.En rangeant les coussins du canapé.En relevant les rideaux.En regardant à peine Jade, plantée dans l’embrasure du couloir, un livre à la main.— Demain matin, on prendra le petit déjeuner tous ensemble.Sa voix était douce. D’une douceur chirurgicale.Et moi, j’ai senti le sol se dérober.Parce qu’il n’y avait aucune colère dans cette phrase.Aucune jalousie.Seulement une intention. Tranchante , parfaitement glacée.Ce matin, Jade est déjà levée.Elle est dans la cuisine, pieds nus, tee-shirt large, les cheveux relevés en un chignon lâche. Comme si elle était chez elle. Comme si tout lui appartenait. Même la lumière.Elle m’a croisé dans le couloir. M’a souri.— Bien dormi ? m’a-t-elle soufflé à l’oreille, avant de déposer un baiser invisible au coin de mes lèvres.Je n’ai pas répondu. Parce que ma femme était dans la salle de bain. Parce que ma fille chantait dans sa chambre. Parce que mon corps, encore, portait l’empreinte de Jade et qu’un

  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 19 — Sa Cousine 19

    ClaraJe me réveille avant lui.C’est rare. Presque étrange. En général, c’est Éric qui se lève le premier. Discret. Organisé. Il aime ce moment à lui, avant le tumulte. Il va dans la cuisine, prépare le café, lit les journaux en ligne ou jette un œil aux mails du cabinet. Mais ce matin, son bras est encore sur moi. Son souffle régulier. Son torse monte et descend doucement, comme s’il cherchait à convaincre le monde qu’il dort paisiblement.Mais je le sens.Ce n’est pas un sommeil normal.Il y a quelque chose dans la tension de sa mâchoire, dans l’arc de ses sourcils, dans l’immobilité de ses bras. Un calme qui n’est pas du repos, mais de la fuite. Un silence qui ne repose pas, mais qui étouffe.Et moi, je ne bouge pas.Je reste là. Figée.Je l’observe, comme on observe une pièce fermée à double tour. Il y a en lui une porte qui ne veut plus s’ouvrir. Une distance nouvelle. Quelque chose qui n’était pas là, hier encore. Ou alors… que je refusais de voir.Je tends la main.Je effleure

  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 18 — Sa cousine 18

    ÉricJe ne dors pas.Je laisse mon corps peser contre elle. Je respire lentement. Je laisse croire que je me suis abandonné au sommeil. Mais en vérité… c’est tout l’inverse.Je suis en feu.Il y a sa main dans mes cheveux. Son souffle contre mon front. Son odeur. Son silence.Tout est trop réel.Trop vivant.Trop…..Son corps contre le mien est une énigme insoluble. Une évidence impensable. Sa chaleur me consume à petit feu. Et pourtant, je reste. Je ne pars pas. Je n’arrive pas à décrocher.Je devrais.Je devrais me lever. Regagner ma chambre. Me glisser dans le lit conjugal. Étirer le mensonge. Préserver l’illusion. Faire comme si rien n’avait eu lieu. Mais je reste là. Prisonnier de cette chambre, de cette femme, de cette nuit.Je sens son cœur battre contre mon bras. Régulier. Calme. Trop calme.Et moi, je tremble.Ses doigts quittent mes cheveux. Descendent lentement sur ma nuque. Puis mon dos. Légers. Précis. Profonds. Je ferme les yeux. Je retiens ma respiration. Je sais ce qui

  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 17 — Sa Cousine 17

    JadeCe soir, je ne joue pas.Ce soir, je n’ai pas envie d’humilier, de provoquer, de tordre.Je n’ai pas envie de faire plier Éric, ni de tester ses limites, ni de l’étouffer avec mon silence.Ce soir, j’ai juste envie… de le regarder.D’être là. Dans cette pièce, avec lui. Rien d’autre. Rien de plus dangereux que cette vérité-là.Parfois, je me surprends moi-même.Je m’étais juré de ne jamais céder à ça. Cette tendresse rampante. Cette chaleur dangereuse. Ce poison lent qui prend racine dans les gestes les plus simples. C’est plus insidieux que la haine. Plus profond que le désir. C’est… une faille. Et je tombe dedans, les yeux ouverts.Et peut-être que ce n’est pas lui, le piège.Peut-être que c’est moi.Peut-être que c’est ici que je me perds, que je flanche, que je me trahis.Il est là.Et dans sa façon de me regarder ce soir, il n’y a plus de peur. Juste… une fatigue douce. Un abandon pur. Un besoin presque enfantin.Et ça me désarme.Et lui, ce soir, ne joue pas non plus.Il es

  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 16 — Sa Cousine 16

    JadeJe me réveille avant l’aube.Pas parce que j’ai mal dormi. Pas parce que j’ai fait un cauchemar.Non. Je me réveille simplement parce que j’en ai décidé ainsi.Il n’y a pas d’alarme. Pas de bruit. Rien.Juste ce moment suspendu, où la maison est encore engourdie.Et moi, parfaitement réveillée.Lucide.Le lit est confortable. Un peu trop. Les draps sentent la lessive familiale, douce, tiède, presque maternelle. Ce genre d’odeur qui rassure, qui berce, qui fait croire à une vie normale.Mais rien n’est normal ici. Pas depuis que je suis entrée.Il y a un cadre avec des fleurs séchées au mur. Un tapis à motifs. Une lampe en forme de boule. Tout est si propre. Si bien rangé. Si… fade.Je me lève. J’enfile une robe légère, fluide, qui ne crie pas mais qui caresse.J’attache mes cheveux d’un geste nonchalant, laisse deux mèches tomber volontairement devant mes tempes.Je pose un peu de parfum derrière les oreilles. Celui qu’Éric connaît par cœur. Celui qui s’accroche aux draps même qu

  • BAISE-MOI ENCORE    CHAPITRE 15 — L’invitée

    ÉricJe n’ai pas dormi.Pas une seconde.Le salon est un champ de ruines. Le tapis froissé. Ma chemise, déchirée. Mon corps, marqué. Ma bouche, encore chaude de la sienne. Et pourtant, elle est partie comme un mirage.Je suis resté là, figé, nu, pendant une éternité. Comme si mon corps refusait de revenir à la réalité. Comme si l’air lui-même avait changé de consistance après son départ.Clara s’est levée à 7h comme toujours. Elle m’a trouvé dans la salle de bain, l’air fatigué, le regard fuyant. Un mal de crâne bidon comme excuse. Elle m’a embrassé sur la tempe. Elle a souri. Elle m’a demandé si je voulais du café. J’ai dit oui.Mensonge sur mensonge.Et moi, au milieu, un pantin de chair qui ne sait plus à qui il appartient. Ou plutôt, si. Je sais très bien. Mais je continue à faire semblant.À midi, je suis dans mon bureau. Les rideaux à moitié tirés. Les volets entrouverts. Lumière froide. Ombres longues. Je fixe le mur, incapable de me concentrer sur quoi que ce soit.Je la veux.

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