L’après-midi traînait dans une lenteur étouffante. Le soleil filtrait à travers les baies vitrées, dessinant des reflets dorés sur le sol du huitième étage. Inaya fixait son écran, mais les mots se confondaient. Son esprit restait coincé à la réunion du matin, à cette attaque voilée… et à son triomphe.
Mais surtout à lui. Louis. Il ne l’avait pas humiliée. Il ne l’avait pas protégée non plus. Il l’avait… testée. Et elle avait gagné. Elle n’en tirait pas de satisfaction, juste une étrange amertume, comme un goût de revanche trop froide. Un coup discret à la porte interrompit ses pensées. Elle leva les yeux. — « Entrez. » La porte s’ouvrit doucement, sans bruit. Et Louis apparut. Sans cravate, manches retroussées, l’air calme. Trop calme. Il referma la porte derrière lui, puis s’approcha, lentement, comme s’il marchait sur du verre. — « Mademoiselle M’Bemba. » Sa voix était douce, mais chaque syllabe vibrait d’un sous-entendu. — « Vous avez fait sensation ce matin. » Inaya se leva, droite comme un i. Elle ne voulait pas lui donner l’avantage de la surprise. — « Je ne suis pas ici pour faire sensation, Monsieur. Je suis ici pour travailler. » Il s’arrêta à quelques pas d’elle, mains dans les poches. — « Toujours aussi brillante… » Il baissa les yeux un instant, comme s’il cherchait ses mots. Puis releva la tête : « Mais est-ce que la blessure est toujours là ? » Le cœur d’Inaya manqua un battement. — « Qu’est-ce que vous cherchez, Louis ? Me faire tomber à nouveau ? » Il ne répondit pas tout de suite. Au lieu de cela, il s’approcha encore. Trop près. Elle pouvait sentir son parfum, mélange de bois et d’orage. — « Je cherche à comprendre. Pourquoi vous êtes revenue. Pourquoi maintenant. Pourquoi ici. » Elle soutint son regard, fièrement. — « Parce que je n’ai plus peur. Ni de vous. Ni de ce que j’ai ressenti. » Un silence lourd tomba sur eux. Ils étaient seuls. Enfermés dans cette pièce qui soudain semblait trop petite. — « Et moi ? », murmura-t-il. « Tu n’as plus peur… de moi ? » Ce tutoiement. Il l’avait glissé comme une détonation. Inaya ne bougea pas. — « Non. Ce que je crains, c’est de retomber dans l’illusion. » Louis s’approcha, cette fois jusqu’à effleurer son bras. Elle sentit une vague électrique courir sur sa peau. — « Alors regarde-moi, Inaya. Et dis-moi que tu ne ressens rien. » Elle le fit. Elle plongea dans ses yeux gris acier. Et elle faillit vaciller. Car malgré tout… Malgré la douleur, la colère, la honte… Son cœur se souvenait. Mais elle se redressa, plus forte qu’avant. — « Ce n’est pas ce que je ressens qui compte. C’est ce que je choisis. » Il ne dit rien. Il la regarda encore un moment, puis recula lentement. — « Très bien. Dans ce cas… je te laisse travailler. » Et il sortit, refermant la porte sans bruit. Mais dans l’air, quelque chose était resté. Un battement suspendu. Une faille à peine refermée.Le scandale prenait de l’ampleur à une vitesse fulgurante. Chaque heure qui passait apportait son lot de rumeurs, d’articles sensationnels et de vidéos analysant les photos sous tous les angles possibles. Les réseaux sociaux bouillonnaient. Certains défendaient Louis, d’autres l’accusaient ouvertement d’infidélité.Inaya, enfermée dans l’appartement où Louis l’avait mise à l’abri, passait ses journées à éviter les appels et à ignorer les notifications. Elle n’osait même plus consulter son téléphone.Lorsque la porte s’ouvrit brusquement, son cœur s’emballa. Louis entra, vêtu d’un costume sombre, l’air plus déterminé que jamais. Son visage, marqué par la fatigue, brillait pourtant d’une résolution inébranlable.— Prépare-toi, dit-il sans préambule.Inaya le regarda, interdite.— À quoi ?Il referma la porte derrière lui, s’avança vers elle.— Je vais mettre fin à ça. Aujourd’hui.Elle fronça les sourcils.— Comment ?Louis sortit son téléphone de sa poche et le posa sur la table basse.
Le lendemain matin, Inaya fut réveillée par une pluie de notifications sur son téléphone. Des messages, des appels manqués, des tags sur les réseaux sociaux. Son cœur accéléra avant même qu’elle n’ose regarder l’écran. Elle avait un mauvais pressentiment.En ouvrant Instagram, la vérité lui sauta au visage : des photos d’elle et Louis, à la sortie du restaurant quelques soirs plus tôt. Sur certaines, il lui tenait le bras. Sur d’autres, leurs regards semblaient trop proches, trop intenses.Le titre en lettres majuscules glaça son sang :> "Le futur marié Louis Delcourt déjà infidèle ? Qui est cette mystérieuse jeune femme ?"Inaya sentit ses mains trembler. Les commentaires défilaient à toute vitesse. Certains la traitaient de briseuse de ménage, d’autres cherchaient à savoir qui elle était. Son nom n’apparaissait pas encore… mais c’était une question de temps.Elle bondit hors du lit, se précipitant pour s’habiller. Son téléphone vibra à nouveau. Un message de Clara.> “Inaya ! Dis-m
Inaya arriva au lieu de rendez-vous à contre-cœur. C’était le même restaurant discret qu’ils avaient choisi les fois précédentes. Louis l’attendait déjà, assis au fond de la salle, comme toujours parfaitement habillé, mais cette fois son expression trahissait une tension inhabituelle.Il se leva dès qu’il la vit approcher.— Merci d’être venue, dit-il d’une voix basse, presque grave.— Qu’est-ce qu’il y a de si urgent ? demanda-t-elle en s’asseyant.Louis resta silencieux quelques secondes, la scrutant comme pour s’assurer qu’elle allait bien.— Élisa t’a contactée, n’est-ce pas ?Inaya sentit son cœur se serrer. Elle hésita à mentir, mais son regard intense la poussa à dire la vérité.— Oui.Louis se crispa, ses doigts se refermant sur la table.— Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?Inaya haussa légèrement les épaules, feignant l’indifférence.— De rester loin de toi. Que c’était mieux pour tout le monde.Un éclat dangereux passa dans les yeux de Louis.— Elle dépasse les limites.— Et qu’es
Inaya avait passé la nuit à ressasser le message d’Élisa. Les mots résonnaient dans son esprit comme une menace froide. Ce n’est pas un conseil, c’est un avertissement.Elle aurait pu choisir de l’ignorer, de prétendre qu’elle ne l’avait jamais lu. Mais elle savait qu’Élisa n’était pas du genre à parler à la légère.Au matin, elle tenta de reprendre sa routine habituelle : café, douche, bureau. Mais à chaque pas qu’elle faisait, elle sentait cette ombre peser sur elle.En arrivant à son travail, elle eut la désagréable surprise de voir Élisa assise dans le hall, élégante dans un tailleur crème, ses longs cheveux parfaitement coiffés. Elle semblait totalement à sa place, comme si elle était venue chez elle.Leur regard se croisa. Élisa esquissa un sourire poli.— Inaya… Comme c’est surprenant de te voir ici.Inaya sentit son estomac se nouer.— Qu’est-ce que tu fais là ?Élisa se leva avec une grâce étudiée.— Oh, je passais simplement voir un partenaire de l’entreprise… et je me suis
Inaya resta assise dans sa voiture, l’enveloppe ouverte sur ses genoux. Les mots de Louis tournaient en boucle dans sa tête : "On m’a menti. On m’a piégé." Son esprit s’embrasait de questions. Qui aurait eu intérêt à les séparer ? Et surtout… pourquoi ?Elle repensa à cette fameuse soirée, deux ans plus tôt. Le souvenir lui revint comme une gifle. Elle revoyait la salle, la lumière tamisée, la tension dans l’air… et surtout, cette scène qui avait tout détruit. Louis qui ne venait pas. Son téléphone qui restait muet. Puis cette rumeur qui avait éclaté, cette humiliation publique qui l’avait écrasée.Elle avait toujours cru qu’il l’avait abandonnée volontairement. Mais si c’était faux… Alors tout son monde était bâti sur un mensonge.Elle referma l’enveloppe, incapable d’en lire plus. Les réponses, elle les voulait en face de lui, pas sur du papier.Le lendemain matin, malgré elle, ses pas la menèrent vers un café discret en périphérie de Libreville. Louis l’attendait déjà. Vêtu d’une c
Inaya restait figée sur sa chaise, les yeux fixés sur Louis. Le bruit de fond du restaurant s'effaçait à mesure que les battements de son cœur accéléraient. Elle avait envie de lui hurler qu’elle en avait assez de ses demi-vérités, de ses mystères, de ce jeu malsain auquel il l’entraînait depuis leur retrouvaille. Et pourtant… elle ne bougeait pas. Elle voulait savoir.— Qu’est-ce que je suis censée comprendre, Louis ? Que tu es fiancé à une femme que tu n’aimes pas ? Que tu joues un double jeu pendant que tu continues à m’attirer dans ta toile ?Il ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de la regarder, longtemps, comme si les mots qu’il s’apprêtait à prononcer avaient un poids trop lourd.— Ce n’est pas un jeu, Inaya. Si c’en était un, je n’aurais jamais cherché à te revoir.Elle sentit un frisson la parcourir. Sa voix était grave, presque lasse. Rien à voir avec l’homme froid et sûr de lui qui apparaissait dans les médias.— Élisa et moi… Ce mariage est arrangé.Inaya écarqui