Vittoria
Je m’avance, lentement, délibérément, chaque pas résonnant comme un défi silencieux. Son regard brûle le mien, chargé d’une colère aussi glaciale que la mienne. Pourtant, sous cette fureur apparente, je perçois une faille, une fissure fragile qu’il ignore lui-même.
Je tends la main, effleurant doucement sa mâchoire, sentant sous mes doigts la tension nerveuse, le refus et cette ardeur qu’il peine à contenir.
— Ferme les yeux, Adrian.
Il tressaille, se raidit, ses mâchoires se serrent. Son souffle s’accélère, trahissant un trouble qu’il tente de masquer.
Je descends lentement mon doigt, caressant la peau tendue de son cou, provoquant un frisson qu’il ne veut pas reconnaître.
— Laisse-moi te guider, murmurai-je, la voix basse, presque hypnotique.
Mais il se recule brusquement, ses yeux lançant des éclairs de défi.
— Ne me touche pas !
Son rejet me brûle comme un coup de fouet, et pourtant je ne fléchis pas. Ce rejet n’est qu’un jeu, la preuve que je le tiens à ma merci.
Je m’approche encore, réduisant l’espace qui nous sépare, jusqu’à sentir la chaleur vibrante de son corps sous la mienne.
Mes doigts glissent sur son épaule, descendent lentement le long de son bras, cherchant à percer la cuirasse qu’il érige contre moi.
— Tu résistes, Adrian, mais tu ne peux nier ce que tu ressens.
Il serre les poings, tremblant presque sous la force de la lutte qu’il mène contre lui-même.
— Je te déteste. Je te déteste !
Un sourire cruel étire mes lèvres, parce que je sais que ce qu’il exprime n’est que la surface d’un feu plus profond.
Je frôle ses lèvres du bout des doigts, effleurant cette tentation qu’il refuse d’avouer.
— La haine et le désir sont souvent les deux faces d’une même pièce.
Adrian
Chaque contact de sa peau contre la mienne est une brûlure. Un incendie violent que je combats avec toute la force de ma volonté.
Je recule, plaquant mes mains sur sa poitrine pour la repousser, imposer une distance que je n’arrive pas à tenir.
— Arrête. Ne t’approche pas.
Mon souffle est court, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Cette attraction, aussi puissante que dévastatrice, me terrifie.
Je la fixe dans les yeux, défiant, ma colère se mêlant à une peur sourde.
— Tu crois que je vais tomber dans ton piège ?
— Peut-être que je l’espère.
Elle avance encore, implacable.
Je dégage mes mains, brutalement, signifiant que la bataille est loin d’être finie.
— Ne joue pas avec moi, Vittoria. Je ne suis pas ton jouet.
Elle incline la tête, amusée par ma résistance, un éclat froid dans ses yeux.
— Tu crois ça ? Pourtant, tu es déjà à moi, Adrian. Plus que tu ne veux l’admettre.
Une tension électrique crépite entre nous, comme un fil tendu prêt à se rompre.
Je sens mes barrières vaciller, mes certitudes s’effriter.
— Lâche-moi.
Je fais un pas en arrière, tentant de retrouver un peu d’espace, mais son regard est un aimant qui m’attire inexorablement.
Vittoria
Je souris, jouant avec sa révolte comme on caresse un feu fragile. Il me repousse, mais chaque refus, chaque geste d’opposition est un signe de son feu intérieur qui brûle plus fort.
Je glisse mes doigts le long de son visage, doucement, presque tendrement, comme pour apaiser une blessure invisible.
— Tu peux fuir, Adrian, mais tu ne pourras jamais éteindre ce feu qui brûle entre nous.
Je me penche, frôlant son oreille d’un souffle brûlant.
— Bientôt, tu ne sauras plus où finit la haine et où commence le désir.
Je recule, le laissant haletant, tourmenté, incapable de réconcilier ce conflit intérieur.
Je sais qu’il m’appartient déjà, qu’il le veuille ou non.
Adrian
Je lutte contre moi-même, contre ce tumulte d’émotions qui m’étouffe. Son souffle contre ma peau me brûle, ses mots me hantent.
Je déteste ce qu’elle représente, ce pouvoir qu’elle exerce sur moi, cette cage dorée dont je suis prisonnier.
— Tu joues avec moi, Vittoria. Tu t’amuses de mes faiblesses.
Je serre les dents, mes poings se ferment avec force.
— Mais je ne tomberai pas.
Elle s’approche à nouveau, proche, presque trop proche.
Je peux sentir la chaleur de son corps, l’odeur entêtante de son parfum, un mélange de cuir et de jasmin.
Un frisson me parcourt, malgré moi.
— Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste…
Mais au fond, je sais que ce n’est pas vrai.
Vittoria
Je vois la guerre en lui, cette bataille intérieure qui le déchire. C’est ce qui me fascine et m’attire le plus.
Je franchis la dernière distance entre nous, posant mes mains fermement sur ses épaules, le forçant à me regarder.
— Tu es à moi, Adrian. Que tu le veuilles ou non.
Il vacille, fragile, et je sens mon cœur battre plus vite, surpris par une émotion que je croyais depuis longtemps éteinte.
— Ferme les yeux.
Il hésite, mais ses paupières se ferment lentement.
Je murmure, près de ses lèvres :
— Tu peux lâcher prise, juste un instant.
Le jeu est loin d’être terminé. Et la nuit promet d’être longue.
VITTORIAJe laisse mes doigts glisser sur le pied de mon verre, comme si je caressais une promesse. La lumière tamisée du restaurant enveloppe les tables d’une chaleur feutrée, mais à notre table, l’air vibre d’électricité contenue. Le serveur s’éloigne, discret, mais je sais qu’il a vu, qu’il a compris. Tout le monde comprend.Je dépose ma main sur la sienne. Un effleurement d’abord, presque innocent, comme si j’avais simplement besoin d’appui. Mais je prolonge. Mes doigts enveloppent les siens, mes ongles tracent de légers cercles sur sa peau tendue. Il ne retire pas sa main. Il ne peut pas. Ses yeux brûlent pourtant de colère contenue, de refus muet.Je souris, douce et victorieuse. — Tu vois, Adrian, tout paraît si naturel, quand on cesse de lutter.Je serre un peu plus, et j’entends les conversations autour de nous s’interrompre un instant. L’atmosphère change, imperceptiblement, mais je le sens : les regards se tournent, certains subtilement, d’autres avec une curiosité à peine
VITTORIAJe sens le regard d’Adrian brûler contre ma peau alors que je détourne le mien avec légèreté. Les murmures et les flashes continuent de crépiter autour de nous, mais je ne les remarque plus. Tout ce qui compte, c’est le moment que je vais lui imposer, le jeu que je contrôle.— Allons déjeuner, murmuré-je à voix basse, juste pour lui, mais suffisant pour que le monde entende notre complicité apparente.Ses yeux se plissent, mélange de colère et d’incrédulité, mais il ne proteste pas. Pas encore. Je sais que sa fierté hurle, que sa stratégie mentale s’active, mais il ne peut rien contre moi ici. Pas après ce baiser, pas après ce parvis transformé en scène.Je l’entraîne par le bras, léger contact qui en dit long, jusqu’à ma voiture. Les passants reculent instinctivement, fascinés et effrayés par la démonstration silencieuse. Chaque talon frappant le trottoir est un rappel que je dicte le rythme. Adrian garde la tête haute, mais je devine le tremblement contenu dans ses poings.
ADRIANLe palais de justice est une ruche disciplinée : robes noires qui se croisent, dossiers sous le bras, pas mesurés, visages fermés. Ici, chaque mot pèse, chaque geste est scruté. C’est mon domaine, mon dernier rempart, le théâtre où je contrôle tout, où chaque seconde est codée et chaque erreur sanctionnée.Je viens de sortir d’une audience. La lumière crue du soleil m’aveugle un instant. Les flashes des journalistes éclatent déjà au bas des marches, impatients, affamés. Je prends une inspiration pour m’armer d’indifférence, mais mon corps refuse. Mon cœur s’accélère avant même que je ne la voie….. Vittoria.Elle se tient là, comme si le parvis entier était son trône. Tailleur sombre parfaitement coupé, lunettes noires, lèvres écarlates. Derrière elle, ses gardes dessinent un arc de cercle menaçant, statues de pierre vivantes. Le tumulte de la ville s’arrête net. Les voitures freinent, les passants figent leurs gestes. Même le vent semble hésiter avant de bouger.Mon souffle se
VITTORIALa grille s’ouvre dans un grincement feutré, à peine audible, mais je sais que derrière le portail, une dizaine d’yeux me suivent déjà. Les gardes se tiennent droits, silhouettes noires découpées dans la lueur des projecteurs. Leurs oreillettes brillent comme des cicatrices métalliques. Ils ne parlent pas. Ils ne sourient pas. Ils sont là pour une seule chose : protéger mon empire.La voiture s’avance dans l’allée bordée de cyprès. Chaque arbre semble se pencher en signe de révérence. Quand je descends enfin, les talons frappent les pavés comme les coups d’un marteau de juge. Ma sentence est tombée ce soir : Adrian est à moi.Un garde ouvre la porte d’entrée de la villa. Pas un mot, pas un regard. Ils savent. Ils sentent que je reviens victorieuse.À l’intérieur, la demeure respire le luxe glacé : marbre poli, tapisseries sombres, lustres de cristal. Tout est silence, sauf le bruissement de ma robe. J’ai bâti ce lieu comme une forteresse : les vitres sont blindées, les caméra
ADRIANUn bruit de chaise fend le silence et me tire du sommeil. Mes yeux s’ouvrent d’un coup, happés par la lumière crue de la lampe de chevet. La chambre paraît étrangère, découpée en zones trop nettes. Vittoria est là, assise dans le fauteuil, jambes croisées, une tasse fumante posée sur la table basse. Son calme me glace. Elle ne semble pas une intruse : elle semble avoir toujours eu droit de cité ici.— Qu’est-ce que tu fais ici ? Ma voix est sèche, alourdie par la fatigue.Elle sourit, ce sourire qui n’éclaire jamais rien.— Je suis venue passer la nuit avec mon fiancé.Je me redresse, le cœur martelant mes tempes.— Ton fiancé ? Tu parles de qui ?— De toi, Adrian. Toi. Et dans quelques jours, dans un restaurant de la place, tu me demanderas en mariage devant témoins.Le souffle se bloque dans ma gorge. Mes yeux cherchent machinalement mon téléphone sur la table de nuit. Vide. Elle suit mon geste d’un léger mouvement de tête, presque amusée.— Inutile. Tu ne l’auras pas. Et qua
ADRIANMon téléphone vibre encore dans ma main quand la réunion se disperse. Les visages autour de la table restent tendus, chacun portant la fatigue d’un animal qui sait qu’on le chassera s’il chancelle. Marco soupire, comme s’il venait d’entendre une cloche qu’il n’a pas su faire taire. Clara range ses notes avec une précision rageuse. Alessandro, lui, a les yeux qui brillent : la chasse a commencé et il adore la chasse.Je relis la capture. Le message est simple, vulgaire par sa clarté : elle a des copies. Elle menace d’envoyer ce qu’il faut au procureur de la République. La formulation est un défi et une promesse. C’est moins un chantage qu’un jeu d’échecs où l’adversaire m’impose un tempo que je dois casser.Sofia me rejoint presque immédiatement, sans cérémonie. Elle entre comme on pousse une porte dans un chantier : poussière, détermination, nerveuse mais nette.— Tu as fait le bon mouvement, dit-elle, sans détour. Mais tu as bougé sur le terrain qu’elle préfère. Elle aime la s