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Chapitre 4 — Les yeux fermés

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-08-13 03:36:32

Vittoria

Je m’avance, lentement, délibérément, chaque pas résonnant comme un défi silencieux. Son regard brûle le mien, chargé d’une colère aussi glaciale que la mienne. Pourtant, sous cette fureur apparente, je perçois une faille, une fissure fragile qu’il ignore lui-même.

Je tends la main, effleurant doucement sa mâchoire, sentant sous mes doigts la tension nerveuse, le refus et cette ardeur qu’il peine à contenir.

— Ferme les yeux, Adrian.

Il tressaille, se raidit, ses mâchoires se serrent. Son souffle s’accélère, trahissant un trouble qu’il tente de masquer.

Je descends lentement mon doigt, caressant la peau tendue de son cou, provoquant un frisson qu’il ne veut pas reconnaître.

— Laisse-moi te guider, murmurai-je, la voix basse, presque hypnotique.

Mais il se recule brusquement, ses yeux lançant des éclairs de défi.

— Ne me touche pas !

Son rejet me brûle comme un coup de fouet, et pourtant je ne fléchis pas. Ce rejet n’est qu’un jeu, la preuve que je le tiens à ma merci.

Je m’approche encore, réduisant l’espace qui nous sépare, jusqu’à sentir la chaleur vibrante de son corps sous la mienne.

Mes doigts glissent sur son épaule, descendent lentement le long de son bras, cherchant à percer la cuirasse qu’il érige contre moi.

— Tu résistes, Adrian, mais tu ne peux nier ce que tu ressens.

Il serre les poings, tremblant presque sous la force de la lutte qu’il mène contre lui-même.

— Je te déteste. Je te déteste !

Un sourire cruel étire mes lèvres, parce que je sais que ce qu’il exprime n’est que la surface d’un feu plus profond.

Je frôle ses lèvres du bout des doigts, effleurant cette tentation qu’il refuse d’avouer.

— La haine et le désir sont souvent les deux faces d’une même pièce.

Adrian

Chaque contact de sa peau contre la mienne est une brûlure. Un incendie violent que je combats avec toute la force de ma volonté.

Je recule, plaquant mes mains sur sa poitrine pour la repousser, imposer une distance que je n’arrive pas à tenir.

— Arrête. Ne t’approche pas.

Mon souffle est court, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Cette attraction, aussi puissante que dévastatrice, me terrifie.

Je la fixe dans les yeux, défiant, ma colère se mêlant à une peur sourde.

— Tu crois que je vais tomber dans ton piège ?

— Peut-être que je l’espère.

Elle avance encore, implacable.

Je dégage mes mains, brutalement, signifiant que la bataille est loin d’être finie.

— Ne joue pas avec moi, Vittoria. Je ne suis pas ton jouet.

Elle incline la tête, amusée par ma résistance, un éclat froid dans ses yeux.

— Tu crois ça ? Pourtant, tu es déjà à moi, Adrian. Plus que tu ne veux l’admettre.

Une tension électrique crépite entre nous, comme un fil tendu prêt à se rompre.

Je sens mes barrières vaciller, mes certitudes s’effriter.

— Lâche-moi.

Je fais un pas en arrière, tentant de retrouver un peu d’espace, mais son regard est un aimant qui m’attire inexorablement.

Vittoria

Je souris, jouant avec sa révolte comme on caresse un feu fragile. Il me repousse, mais chaque refus, chaque geste d’opposition est un signe de son feu intérieur qui brûle plus fort.

Je glisse mes doigts le long de son visage, doucement, presque tendrement, comme pour apaiser une blessure invisible.

— Tu peux fuir, Adrian, mais tu ne pourras jamais éteindre ce feu qui brûle entre nous.

Je me penche, frôlant son oreille d’un souffle brûlant.

— Bientôt, tu ne sauras plus où finit la haine et où commence le désir.

Je recule, le laissant haletant, tourmenté, incapable de réconcilier ce conflit intérieur.

Je sais qu’il m’appartient déjà, qu’il le veuille ou non.

Adrian

Je lutte contre moi-même, contre ce tumulte d’émotions qui m’étouffe. Son souffle contre ma peau me brûle, ses mots me hantent.

Je déteste ce qu’elle représente, ce pouvoir qu’elle exerce sur moi, cette cage dorée dont je suis prisonnier.

— Tu joues avec moi, Vittoria. Tu t’amuses de mes faiblesses.

Je serre les dents, mes poings se ferment avec force.

— Mais je ne tomberai pas.

Elle s’approche à nouveau, proche, presque trop proche.

Je peux sentir la chaleur de son corps, l’odeur entêtante de son parfum, un mélange de cuir et de jasmin.

Un frisson me parcourt, malgré moi.

— Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste…

Mais au fond, je sais que ce n’est pas vrai.

Vittoria

Je vois la guerre en lui, cette bataille intérieure qui le déchire. C’est ce qui me fascine et m’attire le plus.

Je franchis la dernière distance entre nous, posant mes mains fermement sur ses épaules, le forçant à me regarder.

— Tu es à moi, Adrian. Que tu le veuilles ou non.

Il vacille, fragile, et je sens mon cœur battre plus vite, surpris par une émotion que je croyais depuis longtemps éteinte.

— Ferme les yeux.

Il hésite, mais ses paupières se ferment lentement.

Je murmure, près de ses lèvres :

— Tu peux lâcher prise, juste un instant.

Le jeu est loin d’être terminé. Et la nuit promet d’être longue.

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