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chapitre 4 : La Première Rencontre et la Dissonance des Âmes

Author: Akiraoh7
last update Last Updated: 2025-07-09 21:22:18

Le sommeil avait été un visiteur élusif. Liv avait passé une grande partie de la nuit à écouter les silences de L'Observatoire, chaque craquement du bâtiment, chaque souffle du vent dans les arbres à l'extérieur lui semblant amplifié, porteur d'une signification cachée. La mélodie fugace jouée au piano la veille avait laissé une empreinte persistante, une curiosité mêlée d'appréhension quant à l'homme qui se cachait derrière ces notes.

À neuf heures précises, comme une horloge suisse, Madame Albright se matérialisa à la porte de ses appartements. Toujours impeccable, toujours insondable.

« Madame Moreau, êtes-vous prête ? Monsieur Vance vous attend. » Sa voix était un instrument de précision, chaque syllabe articulée avec une clarté clinique.

« Oui, Madame Albright, je le suis, » répondit Liv, s'efforçant de projeter une assurance qu'elle était loin de ressentir. Elle avait choisi une tenue professionnelle mais confortable : un pantalon sombre et une blouse en soie de couleur neutre. Elle tenait un petit carnet et un stylo, ses outils habituels pour une première séance.

« Bien. Suivez-moi. »

Le trajet vers l'aile ouest fut un nouveau test pour son sens de l'orientation. Les couloirs se ressemblaient tous, d'une propreté immaculée, éclairés par la même lumière artificielle douce qui ne laissait aucune place aux ombres. Liv se demanda si Kaelen Vance avait conçu cet endroit pour refléter son propre esprit : ordonné, contrôlé, impénétrable.

« Monsieur Vance est… particulier concernant son environnement et ses interactions, » commença soudain Madame Albright, sans tourner la tête. Sa voix, bien que toujours formelle, semblait contenir une nuance presque imperceptible, peut-être un avertissement. « Il apprécie la ponctualité, la discrétion et une approche directe. Les bavardages inutiles le mettent mal à l'aise. Votre rôle est strictement thérapeutique. »

« J'en suis parfaitement consciente, Madame Albright, » répondit Liv, un peu piquée par le sous-entendu. « Mon objectif est d'aider Monsieur Vance du mieux que je peux, dans le cadre de mes compétences. »

« Je n'en doute pas, Madame Moreau. C'est pour cela que vous avez été choisie. Cependant, il est important de comprendre que sa… réclusion n'est pas un caprice. Il y a des raisons. Des raisons que vous n'avez pas à connaître, mais que vous devez respecter. »

« Et si ces raisons impactent directement sa capacité à s'engager dans la thérapie ? » demanda Liv, s'arrêtant un instant, obligeant Albright à se retourner. « La musicothérapie repose sur une forme de communication, même non verbale. Si je dois travailler dans le noir complet concernant ce qui le trouble… »

Les lèvres de Madame Albright se pincèrent presque imperceptiblement. « Monsieur Vance vous fournira les informations qu'il jugera pertinentes. Votre expertise sera de travailler avec cela. N'essayez pas de… creuser. Il ne le tolérera pas. »

Creuser, le mot exact qu'Alex avait utilisé. Le message était clair : ne posez pas de questions, ne cherchez pas à en savoir plus. Contentez-vous de jouer de la musique. Liv sentit une frustration monter en elle, mais elle la ravala. Elle ne gagnerait rien à se mettre l'assistante à dos dès le premier jour.

« Compris, » dit-elle simplement, reprenant sa marche.

Elles arrivèrent enfin devant une double porte en bois sombre, plus massive encore que les autres. Madame Albright frappa discrètement. Aucune réponse audible ne leur parvint, mais après un instant, elle ouvrit la porte.

« Monsieur Vance, Madame Moreau est ici. »

Liv retint son souffle en entrant. La pièce était immense, baignée d'une lumière douce filtrant à travers d'immenses baies vitrées qui donnaient sur une partie reculée et sauvage du parc. Au centre trônait un magnifique piano à queue noir laqué, un Steinway, dont la surface brillait comme un miroir sombre. Des étagères remplies de partitions et de livres sur la musique tapissaient un mur. Des instruments variés – une guitare acoustique, un violoncelle, quelques percussions – étaient disposés avec soin dans des coins. C'était le sanctuaire d'un musicien, mais il y régnait la même atmosphère de silence et de solitude que dans le reste de la maison.

Et puis, elle le vit.

Kaelen Vance se tenait près de l'une des fenêtres, le dos tourné, regardant au loin. Il était grand, plus grand qu'elle ne l'avait imaginé, avec une carrure qui suggérait une force contenue. Ses cheveux sombres étaient coupés courts, mais quelques mèches rebelles semblaient échapper à toute discipline. Il portait des vêtements simples, un pull en cachemire gris foncé et un pantalon noir, mais même de dos, il émanait de lui une aura d'autorité, une intensité presque palpable.

Madame Albright s'effaça discrètement, refermant la porte derrière Liv, la laissant seule avec l'homme invisible.

Le silence s'étira, lourd, tendu. Liv attendit, ne sachant si elle devait parler la première. Elle observait la façon dont la lumière jouait sur ses épaules, la tension dans sa posture.

Finalement, il se tourna lentement.

Le choc fut instantané. Elle s'était attendue à beaucoup de choses, mais pas à ça. Son visage était… saisissant. Des traits fins, presque aristocratiques, une mâchoire volontaire, des lèvres pleines qui semblaient sculptées pour le sarcasme ou la passion. Mais c'étaient ses yeux qui la capturèrent. D'un bleu glacier intense, perçants, ils la fixaient avec une acuité qui semblait sonder son âme. Et puis, il y avait les cicatrices. Fines, presque argentées, elles partaient de sa tempe gauche, frôlaient le coin de son œil et descendaient le long de sa joue, disparaissant sous la ligne de sa mâchoire. Elles n'enlevaient rien à sa beauté brute, mais ajoutaient une note de danger, de tragédie vécue. "L'accident", avait dit Alex. Cela devait être bien plus qu'un simple accident.

« Madame Moreau, » sa voix était profonde, un baryton riche avec une légère râpe, comme du velours sur du gravier. Elle était plus chaleureuse que celle qu'elle avait entendue jouer au piano, mais tout aussi chargée d'une tension sous-jacente. « Vous êtes ponctuelle. J'apprécie cela. »

Il ne lui tendit pas la main, ne fit aucun geste de bienvenue. Il resta à distance, un observateur attentif.

« Monsieur Vance, » répondit-elle, s'efforçant de garder sa propre voix stable. « C'est un plaisir de vous rencontrer enfin. Madame Albright m'a expliqué les grandes lignes de vos attentes. »

Un léger sourire ironique étira ses lèvres, accentuant la cicatrice sur sa joue. « Madame Albright est l'efficacité incarnée. J'espère que vous trouverez cet endroit… convenable pour votre travail. »

Convenable. C'était un euphémisme pour décrire ce temple de la musique. « C'est plus que convenable, Monsieur Vance. C'est un environnement exceptionnel. »

« La musique est l'un des rares langages que je tolère encore, Madame Moreau. J'espère que vous parlez couramment. »

« C'est ma langue maternelle, pourrait-on dire, » rétorqua Liv, un soupçon de défi dans le ton. Elle ne se laisserait pas intimider. « Mais comme toute langue, elle a ses nuances, ses dialectes. Pour que nous puissions communiquer efficacement, il faudra que nous trouvions une… fréquence commune. »

Il inclina légèrement la tête, ses yeux bleus ne la quittant pas. « Une "fréquence commune". Intéressant. Et comment proposez-vous de la trouver, Madame Moreau, alors que nous sommes, je présume, deux instruments accordés de manière très différente ? »

« En commençant par écouter, Monsieur Vance. Moi, vous écouter. Et peut-être, vous permettre de m'écouter aussi. La musicothérapie n'est pas un concert solo. C'est un dialogue. Parfois, ce sont les silences entre les notes qui sont les plus éloquents. »

Il y eut un autre silence, mais celui-ci était différent. Moins hostile. Presque… curieux.

« Les silences, » répéta-t-il doucement, comme s'il goûtait le mot. « J'en connais beaucoup, des silences. La plupart sont assourdissants. »

Pour la première fois, Liv perçut une fissure dans son armure de glace. Une vulnérabilité qui faisait écho à la mélancolie de la musique qu'elle avait entendue la veille.

« Peut-être que la musique peut aider à remplir certains de ces silences d'autre chose que du vide, » suggéra-t-elle doucement.

Il s'approcha du piano, ses longs doigts effleurant la surface laquée. « Madame Albright vous a-t-elle parlé de mes… problèmes ? Mes insomnies ? Mes crises d'angoisse ? »

« En termes généraux, oui. Elle a mentionné que la musique vous apaisait. »

« Apaiser est un bien grand mot, » dit-il avec une pointe d'amertume. « Disons qu'elle offre une distraction temporaire au chaos. Une structure dans le désordre. Mais elle ne guérit rien. »

« La musique seule ne guérit peut-être pas tout, Monsieur Vance, mais elle peut être un catalyseur. Elle peut ouvrir des portes que l'esprit a verrouillées. Elle peut aider à exprimer ce que les mots ne peuvent pas atteindre. C'est là que j'interviens. »

Il se tourna à nouveau vers elle, son regard intense. « Et vous pensez pouvoir ouvrir mes portes verrouillées, Madame Moreau ? Beaucoup ont essayé. Tous ont échoué. »

« Je ne prétends pas avoir de baguette magique, Monsieur Vance. Mais j'ai des outils, une méthode. Et je crois profondément au pouvoir de la musique. La question est : êtes-vous prêt à essayer, vraiment essayer, même si c'est inconfortable ? Même si cela réveille des choses que vous préférez garder endormies ? »

Son expression se durcit. « L'inconfort est un vieil ami. Et croyez-moi, Madame Moreau, il n'y a rien en moi qui soit vraiment endormi. Tout est là, constamment. Un concert discordant. »

« Alors peut-être est-il temps de changer la partition ? D'introduire une nouvelle harmonie ? Ou du moins, d'apprendre à diriger l'orchestre plutôt que de le laisser vous submerger. »

Un long moment s'écoula. Liv pouvait entendre le battement de son propre cœur dans le silence feutré de la pièce. Elle avait pris un risque en le confrontant ainsi, en allant au-delà de la simple politesse. Mais elle sentait que c'était la seule façon d'établir une base de travail avec cet homme complexe et blessé.

Finalement, Kaelen Vance esquissa un autre de ses sourires énigmatiques, celui qui n'atteignait pas tout à fait ses yeux.

« Vous avez du cran, Madame Moreau. Plus que les autres. Très bien. Montrez-moi ce que vous savez faire. Surprenez-moi. Mais ne vous attendez pas à des miracles. Je suis probablement un cas désespéré. »

Il s'assit au piano, ses mains se posant sur les touches avec une familiarité intime. « Que suggérez-vous pour notre première… dissonance ? »

Liv sentit une petite victoire. Il était prêt à s'engager, à sa manière.

« Pour commencer, Monsieur Vance, pourquoi ne me joueriez-vous pas quelque chose ? Ce que vous voulez. Ce qui vous vient. Pas pour moi. Pour vous. Et je vais écouter. Simplement écouter. »

Il la regarda, une lueur indéchiffrable dans ses yeux bleus. Puis, sans un mot, ses doigts commencèrent à danser sur le clavier. La pièce se remplit d'une mélodie improvisée, complexe, tourmentée, belle et déchirante à la fois. C'était la voix de son âme, brute et sans fard.

Liv ferma les yeux, se laissant emporter par les vagues sonores, sachant que son voyage venait de commencer. Un voyage au cœur des secrets de Kaelen Vance, et peut-être, au cœur des siens.

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