Vincenzo n'en revenait pas. Était-ce une machination dans le but de l'écarter de son objectif ? La surprise se faisait remarquer dans son regard. Cependant, il refusait de se laisser déconcerté par cette révélation, persuadé qu'il s'agissait d'une fâcheuse tromperie. Pourtant, Vasily ne montrait aucun signe qui trahissait ses dires. Il l'écoutait lui parler de cette fameuse héritière tout en étudiant ses moindres gestes. Rien ne révélait qu'il lui mentait. Vasily était également abasourdi par le fait qu'il avait un enfant qu'il n'avait jamais eu la chance de connaître.
— Tu as eu une liaison avec Lydiana Valenti alors que tu étais marié à ta défunte épouse, déclara Vincenzo avec consternation.
En aucune manière, Vasily se laissa affecter par le jugement du regard de Vincenzo.
— Aucun homme ne pouvait résister à la beauté envoûtante de cette femme. Toutes mes convenances s'étaient effondrées à l'instant où mon regard s'était posé sur elle. Je croyais être capable de maîtriser mes émotions, mais elle…elle avait ce don de faire disparaître tout sens de l'honneur chez un homme marié.
Vincenzo se raidit, réalisant l'obstacle que cette fille, issue d'une liaison, représentait pour ses plans.
— Tu crois vraiment qu'elle pourrait diriger un empire pareil, alors qu’elle n’a même aucune idée de ce que c’est que de tenir la tête d’une mafia ? Elle n’a pas été forgée pour ça, pas dans les conditions qu’on connaît.
— Elle pourrait apprendre, rétorqua Vasily, confiant.
— Ne dis pas n'importe quoi, répliqua Vincenzo, les yeux fulminants. Avec tout le respect que je te dois, tu es complètement fou de risquer ton empire dans les mains d’une étrangère sans aucune qualification.
— Peut-être, rétorqua Vasily, mais une chose est sûre : cet empire lui appartient désormais. Elle en a pleinement le droit.
Deux heures après son entrevue avec Vasily, qui avait été un échec total, Vincenzo avait du mal à reprendre le vol pour Londres. Persuadé qu'il aurait facilement pu obtenir un résultat positif, une vague de frustration l’envahit à l’idée que ce ne soit pas le cas.
— Vous semblez très agité, Monsieur, observa l'hôtesse qui apparut dans son champ de vision. Voudriez-vous un rafraîchissement ou quelque chose pour vous détendre ?
Vincenzo se ressaisit immédiatement, n'étant pas habitué à faire paraître ses émotions. D'un geste sec, il déclina son offre. Lorsqu'elle s'éloigna, il tourna les yeux vers son ami qui l'observait attentivement.
— Je dois la retrouver avant lui, lança-t-il d’un ton sérieux.
— Pourquoi faire ? demanda Diego, le regard plissé. Tu comptes la faire disparaître ?
— J’avoue que l’idée me tente, fit Vincenzo froidement.
Diego reposa sèchement son verre, l'air troublé. Était-il vraiment prêt à provoquer une guerre contre l’homme le plus puissant et influent du cercle mafieux ? Vincenzo pouvait parfois se montrer impulsif lorsqu’il était submergé par la colère, ce qui l'incitait à prendre des décisions irréfléchies. Comme toujours, Diego était là pour lui montrer la voie de la raison. Mais cette fois-ci, il craignait que la colère de son ami soit plus forte que sa lucidité.
Cet empire, il le voulait à tout prix. Se sentir impuissant face à Vasily le plaçait dans une situation qu'il ne parvenait pas totalement à contrôler.
— Je te déconseille d'en arriver là, Enzo. S'il y a bien une personne qu'on ne veut pas avoir pour ennemi, c’est Vasily Federov. Et tu le sais.
— N'empêche que je voudrais la retrouver avant lui. Avoir une longueur d'avance sur lui, me permettrait de jouer mes cartes avec plus de tact.
— Quelles sont tes intentions ? s'enquit Diego, une lueur d'inquiétude dans la voix.
— Dès que je mets la main sur cette fille, je lui ferai comprendre la lourde tâche qui l’attend. Un empire comme celui de Vasily ne se dirige pas en fermant les yeux sur la réalité. Elle n’a aucune idée de ce que c’est que d’être à la tête d’une organisation comme celle-ci. Elle va découvrir la cruauté de ce monde.
— Donc, ton intention sera de la dissuader d'être à la tête de l'empire de son père, déclara Diego, stupéfait par l'extrême volonté de Vincenzo.
— Tout à fait ! Et je n'aurai aucun mal à y arriver.
Avec cette stratégie infaillible, Vincenzo et son ami poursuivirent leur voyage en silence. L’idée brillante qu’il avait eue après plusieurs heures de réflexion l’enflammait. Convaincu de tenir à nouveau les rênes de la situation, il réfléchissait déjà à diverses façons de retrouver cette héritière. Il était d’autant plus surpris que Vasily n’ait pas encore découvert son identité.
Il lui manquait encore des informations cruciales pour la retrouver rapidement. Si les recherches devaient commencer quelque part, ce serait du côté de Lydiana Valenti. Même si elle n’était plus en vie, elle avait sûrement laissé des indices quelque part, des traces qui le mèneraient jusqu’à sa fille.
De retour à Londres, Vincenzo se rendit à l'appartement où il séjournait de temps en temps. Après avoir laissé un message à Julia, il se dirigea vers la salle de bain, décidé à prendre une douche froide. Il devait retrouver cette journaliste dans une heure. Plus il conclurait ce marché avec elle rapidement, plus il aurait de temps à consacrer à la recherche de cette héritière.
Julia était un atout potentiel qu’il comptait utiliser à bon escient pour faire tomber ses ennemis. Détenant des informations confidentielles capables d’anéantir la réputation de chacun, Vincenzo savait qu’il devait agir dans l’ombre, sans éveiller le moindre soupçon sur son implication. Bien évidemment, il veillerait à ce que Julia exécute ses ordres avec toutes les mesures de sécurité nécessaires.
Conscient des dangers auxquels il l’exposait, il avait pris toutes les dispositions possibles pour assurer sa protection. Julia devrait comprendre que c’était le prix à payer pour revoir son fils. Vincenzo n’avait qu’une seule parole.
Tandis qu’il s’habillait, son regard implacable se posa sur le dossier trônant sur la table de chevet. À l’intérieur, toutes les informations concernant le premier nom de sa liste noire.
Savourant dangereusement d’avance sa première victoire contre cet ennemi redoutable, Vincenzo imaginait déjà la lourde peine qu’il écoperait pour tous ses crimes.
À suivre…
Une douleur atroce irradiait chacun de ses muscles alors qu’elle tentait de se redresser. Tous ses membres étaient ligotés. Cette réalisation fit naître en elle une frayeur insoutenable. Les souvenirs lui revinrent brusquement : le mouchoir, l’odeur chimique, l’ombre derrière elle… Livia s'agita frénétiquement, animée par la panique. Où était-elle ? L’angoisse redoubla en réalisant qu’on lui avait bandé les yeux. Elle était totalement aveugle, vulnérable… piégée. Qu’allait-il lui arriver ? s’inquiétait-elle, tandis qu’elle tentait vainement de se délier. Mais la douleur brûlante à ses poignets la foudroya si violemment qu’elle dû cesser tout mouvement.Elle sursauta brusquement lorsqu’un bruit sourd et tranchant lui parvint à l’oreille. Le cœur de Livia s’affola tandis que des pas lourds résonnaient dans la pièce, signe qu’une présence humaine s’approchait. À défaut de le voir, elle huma l’odeur épicée qui venait soudain d’emplir l’air. Puis elle sentit un souffle chaud lui caresser
Ce qu’elle s’apprêtait à faire était aussi insensé que suicidaire, et pourtant, Livia n’hésitait pas. L’adrénaline, de plus en plus intense, lui procurait un courage qu’elle ne se connaissait pas. Elle enjamba silencieusement la grille, puis contourna le mur de la demeure, dans l’espoir de trouver une fenêtre entrouverte, un accès discret par lequel elle pourrait espionner son hôte sans se faire remarquer. Par chance, elle en trouva une, donnant sur ce qui semblait être un bureau. La cerise sur le gâteau : elle l’aperçut face à un mini bar, occupé à se servir un verre de cognac aux reflets ambrés, bien corsé à en juger par la grimace qu’il fit en le goûtant.Le voir lécher ses lèvres pour effacer toute trace du liquide ambré lui provoqua un frisson de chaleur intense, concentré au bas-ventre. Lorsqu’il se retourna, Livia aperçut dans son regard un éclat sombre, dangereux. Il arborait toujours cet air contrarié qu’il tentait d’apaiser dans plusieurs verres d’alcool. Se souvenant de l’h
Il était là, comme Livia l’avait espéré. Envahie par un profond soulagement de ne pas l’avoir manqué, elle parut encore plus impressionnée en le voyant à la lumière du jour. Vêtu d’un costume sombre dissimulé sous un manteau gris, les mains recouvertes de gants en cuir, il avait l’allure d’un personnage ténébreux, difficile à cerner. Elle saisit son appareil photo pour capturer un cliché de lui, discrètement, sans éveiller le moindre soupçon. Animée par le besoin presque viscéral de saisir chaque facette de ce personnage, elle avait pris une décision audacieuse : le suivre partout où il irait. C’était un grand risque à prendre, mais nécessaire si elle voulait lever le voile sur cet homme énigmatique.Pour cela, elle avait quitté l’hôtel à l’aube, direction Brooklyn, sur la recommandation d’un employé. Là-bas, elle avait loué une moto, sa monture silencieuse pour arpenter Manhattan dans son sillage.Lorsque la voiture démarra, elle rangea rapidement son appareil et rabattit la visière
Livia se sentait ridiculement stupide d'avoir engagé une telle action, alors qu'elle se trouvait à bord d'un taxi, suivant discrètement la BMW qui conduisait cet homme qui ne cessait de hanter son esprit. À la fin de la soirée, alors que tout le monde s'était éclipsé de la pièce, Livia avait tenu à participer aux travaux de rangement, expressément pour garder un œil sur lui. Il avait était absorbé par une discussion qui semblait très importante, en compagnie de cette magnifique femme qui lui avait fait cette offre de travail.Livia n'avait pas paru très surprise de les voir ensemble. Tous deux semblaient appartenir au même monde, un monde auquel elle n'aurait jamais cru pouvoir prétendre. Rien que leur façon de se parler, leurs regards échangés, leur posture assurée... tout trahissait une complicité naturelle qu'elle n'aurait su expliquer.Un pincement discret l'avait serré la poitrine, sans qu'elle sache exactement pourquoi.Dès qu'ils avaient décidé de prendre congé, Livia avait sa
Deux jours plus tard...La soirée caritative battait son plein. La salle était immense, décorée avec goût, remplie de monde bien habillé. Des rires s’élevaient ici et là, mêlés à la douce musique d’un orchestre en fond. Livia marchait lentement entre les invités, son appareil photo autour du cou. Elle prenait des clichés discrets, capturant des sourires, des gestes élégants, des détails qui raconteraient mieux la soirée que n’importe quel article. Elle n’avait jamais assisté à un événement aussi chic. Tout brillait. Les robes longues, les bijoux, les coupes de champagne... C’était comme un rêve éveillé. Elle n’avait jamais assisté à un événement aussi chic. Tout brillait. Les robes longues, les bijoux, les coupes de champagne... C’était comme un rêve éveillé. Livia se sentait incroyablement fière de faire partie de ce genre de soirée huppée. Même si elle n'était là que pour son travail, elle profitait pleinement de l’ambiance feutrée et luxueuse. Alors qu'elle ressentait un creux da
— Évitez d'arborer cette mine grave quand vous êtes avec moi, mademoiselle. Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal, si c'est ce que vous imaginez. Les mains crispées sur sa valise, Julia resta en retrait, observant cet homme insérer la clé dans la serrure de l’appartement dans lequel elle habiterait dorénavant. Malgré le tumulte d’émotions qui l’assaillaient, elle resta figée, sidérée par l’étendue colossale du lieu.La porte s’ouvrit alors, révélant un luxe insolent auquel Julia n’était pas préparée. Les larges baies vitrées laissaient entrer une lumière douce et dorée, créant une ambiance chaleureuse à couper le souffle. Chaque recoin de cette vaste pièce dégageait une richesse qui allait bien au-delà de ses attentes.N’étant pas habituée à faire face à autant de faste, Julia resta immobile, admirant malgré elle cet espace qui représentait pour elle une cage dorée. Aussi magnifique qu’écrasant. Aussi parfait que dérangeant.Elle posa sa valise sur le parquet puis avança lente