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Chapitre 80 : Le Poids du Passé

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-05-13 04:06:46

Alexandre

Je n'avais pas vu le temps passer, ni même réalisé combien il était lourd. Il s’était étiré, tordu, dans une déformation que je n’arrivais plus à saisir. La tension dans l'air était toujours aussi dense, comme si le bâtiment lui-même respirait, soufflant dans mes oreilles des murmures de souvenirs. Chaque recoin semblait me faire face, un œil invisible qui attendait, scrutait. Mais ce n'était pas cela qui m'empêchait de respirer.

Je jetais un dernier coup d'œil à Élise, qui restait figée dans l'ombre de cette salle. L'air autour d'elle, plus que celui du bâtiment, semblait vibrer. Une pression étrange, presque tangible, s’emparait de nous. Samuel n'avait pas réagi, lui. Il restait concentré, toujours à l'affût. Mais moi… moi, je voyais. Je sentais.

— Comment va ta femme, Alexandre ?

La question jaillit, sèche, impérieuse, venant briser l'unité fragile du silence. C'était Samuel, bien sûr. Ce n'était pas la première fois qu'il posait cette question, mais aujourd'hui, ses mots
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    AlexandreJe marche sans savoir où je vais. Mes pas résonnent dans le couloir comme autant de coups de feu tirés dans le silence. Chaque pas m’éloigne un peu plus de Samuel, mais la brûlure ne faiblit pas. Elle pulse dans mes veines comme un poison lent, suintant à travers chaque battement de mon cœur.Je passe la porte de ma chambre non, notre chambre et tout en moi se crispe. Le lit est fait. Les draps sont blancs, immaculés. Mensongers. Hypocrites. Je les arrache d’un geste brutal. J’ai l’impression que le parfum de Gabrielle imprègne encore l’oreiller. Je l’attrape, je le serre contre moi, puis je le jette au sol comme s’il m’avait brûlé.Je m'effondre sur le bord du matelas. Ma tête entre mes mains. Je voudrais hurler, mais rien ne sort. J’ai la gorge serrée comme si elle était ligotée. Le poids est trop lourd. Trop profond. Il me tire vers le fond.Il a vécu ici.Il s’est glissé dans ma vie.Et elle… elle l’a laissé faire.Mon poing rencontre la table de chevet. Le bois craque

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    AlexandreLe silence est devenu une lame. Il coupe, tranche, s’enfonce lentement dans ma peau. La confession de Samuel tourne dans ma tête comme un poison, et malgré toute la rage que je tente de contenir, mes mains tremblent. Je ne peux plus respirer correctement. Une seule question martèle dans mon crâne, impitoyable, dévorante.Ils ont vécu ensemble.Il a pris ma place.Il a dormi dans mon lit.Avec elle.Chaque image défile dans ma tête comme un cauchemar éveillé. Lui posant sa main sur son ventre. Lui l’embrassant sur le front. Elle s’endormant dans ses bras, dans cette maison que j’avais bâtie pour nous. Chaque détail me brûle les nerfs.Mes yeux se plantent dans ceux de Samuel. Je vois son malaise, ses lèvres entrouvertes, comme s’il pressentait ce que je vais dire. Mais il reste silencieux. Il n’a pas le courage de parler avant moi. Il attend. Comme un lâche.Alors je le lâche.— Est-ce que tu as couché avec ma femme ?Il ne bouge pas. Rien ne remue sur son visage pendant quel

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    AlexandreLes mots de Samuel flottent autour de moi, suspendus dans l’air comme une brume épaisse, difficile à saisir. Son regard, empreint d'une gravité que je ne lui connaissais pas, se pose sur moi avec une intensité brûlante. Il semble me scruter, comme s'il attendait que je comprenne quelque chose, quelque chose de lourd, quelque chose d’inattendu.Je reste figé, mes doigts crispés autour de ma veste, comme si je pouvais me raccrocher à elle pour ne pas sombrer. Il y a un moment de silence. Un long moment, où mes pensées s’entrechoquent, où je cherche une explication à ce qui vient de me tomber dessus. Mais il n'y en a pas. Pas de réponses simples.Puis, enfin, Samuel parle.— Il ne savent pas que tu es vivant, Alexandre.Ses mots frappent l’air comme un coup de tonnerre. La pièce semble se vider d’un coup, l’espace entre nous se dilate. Je cligne des yeux, essayant de comprendre ce qu’il vient de dire, ce qu’il m’avoue.Je sens mon cœur s’accélérer. C'est comme si le sol sous me

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    AlexandreJe n'avais pas vu le temps passer, ni même réalisé combien il était lourd. Il s’était étiré, tordu, dans une déformation que je n’arrivais plus à saisir. La tension dans l'air était toujours aussi dense, comme si le bâtiment lui-même respirait, soufflant dans mes oreilles des murmures de souvenirs. Chaque recoin semblait me faire face, un œil invisible qui attendait, scrutait. Mais ce n'était pas cela qui m'empêchait de respirer.Je jetais un dernier coup d'œil à Élise, qui restait figée dans l'ombre de cette salle. L'air autour d'elle, plus que celui du bâtiment, semblait vibrer. Une pression étrange, presque tangible, s’emparait de nous. Samuel n'avait pas réagi, lui. Il restait concentré, toujours à l'affût. Mais moi… moi, je voyais. Je sentais.— Comment va ta femme, Alexandre ?La question jaillit, sèche, impérieuse, venant briser l'unité fragile du silence. C'était Samuel, bien sûr. Ce n'était pas la première fois qu'il posait cette question, mais aujourd'hui, ses mots

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    ÉliseLa route serpente entre les arbres comme un serpent endormi. Chaque virage me donne la nausée, mais je reste silencieuse. Samuel conduit, concentré, ses mains crispées sur le volant. Alexandre est assis à l’arrière. Il ne dit rien, mais je le sens bouillonner, comme si sa peau brûlait de l’intérieur.Le silence dans l’habitacle est une tension pure. Chaque respiration est calculée. Personne n’ose briser ce fragile équilibre. Même la radio est éteinte. Même le vent paraît retenir sa course entre les branches.Je serre mes mains sur mes genoux. Mes doigts tremblent. Est-ce de la peur ? De l’anticipation ? Je ne sais plus vraiment.— Tu crois qu’il sait déjà qu’on vient ? demandé-je, sans détourner les yeux de la forêt.Samuel ne répond pas tout de suite. Il ralentit légèrement, comme si le poids de la question alourdissait même la voiture.— Il sait, dit-il enfin. Il attend. Ce genre de prédateur ne laisse rien au hasard. Il veut nous voir arriver. Il veut te voir, Élise.Je déglu

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    ÉliseLes lettres sont encore là. Tracées dans le sang. Épaisses. Brutes. Précises malgré la panique que cet homme devait ressentir en se vidant de sa vie.Il veille.Deux mots. Deux crochets enfoncés dans ma gorge.— Il faut partir, dis-je d’une voix que je ne reconnais pas. Il faut sortir de cette maison, quitter cette ville. Maintenant.Samuel referme la porte du débarras où il a découvert le message, les mains couvertes de sang. Alexandre reste figé, comme pétrifié par les lettres.— Ce n’est pas un simple avertissement, dit-il enfin. C’est une signature.— De qui ? demandé-je, même si je devine déjà la réponse.Ses yeux croisent les miens.— De celui qui m’a créé.---AlexandreLe silence est plus bruyant que leurs voix. Il hurle dans ma tête. Il gratte contre mon crâne. Il veille. Oui. Je le sens aussi. Il est réveillé, quelque part dans l’ombre, à m’observer comme un père perverti qui attend que son enfant s’effondre. Car je suis son œuvre incomplète, son monstre à moitié formé

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    ÉliseJe n’ai pas dormi.Le plafond fissuré de cette maison abandonnée semble vouloir s’écrouler à chaque grincement du vent. Mais ce n’est pas la peur de l’effondrement qui me tient éveillée. C’est lui. Alexandre. Son silence, ses yeux hantés, cette bête dont il a parlé sans vraiment la nommer. Depuis qu’il a quitté la pièce, il n’a pas reparu. Pas un mot. Pas un bruit. Juste cette tension sourde, suspendue dans l’air comme un fil d’acier prêt à trancher.Je me lève. Pieds nus sur le sol froid. Mes pas sont lents, prudents, comme si le moindre bruit risquait de réveiller quelque chose que je ne saurais maîtriser. La maison est plongée dans une demi-obscurité que les premières lueurs de l’aube n’ont pas encore percée. Je passe devant la pièce où dort Samuel, ou fait semblant de dormir. Ses yeux sont fermés, mais son corps est trop raide. Lui aussi attend.J’ouvre la porte du couloir.Et je le trouve là.Assis sur le rebord d’une fenêtre sans vitre, les bras croisés sur les genoux. La

  • Dans l'ombre de mon frère    Chapitre 76 : Les hurlements sous la pierre

    ÉliseL’odeur du sang flotte dans l’air avant même que la lame ne touche la peau. C’est une promesse. Une menace. Un avertissement.Elle s’infiltre partout — dans les murs, dans mes poumons, jusque dans mes os. Elle s’accroche à mes vêtements, à ma gorge, comme un souvenir que rien ne pourra effacer. Je me tiens droite, dos contre le mur, les bras croisés pour empêcher mes mains de trembler. Mais elles tremblent quand même.Alexandre ne parle pas. Depuis qu’il a arraché le bâillon du premier espion, il n’a pas prononcé un seul mot. Il observe. Il jauge. Il découpe du regard. C’est un prédateur, et il n’a même plus besoin de grogner. Son silence est plus glaçant que toutes les menaces du monde.— Tu sais pourquoi tu es là, n’est-ce pas ? murmure-t-il.L’homme hoche la tête. Une goutte de sueur lui glisse le long de la tempe. Ses lèvres frémissent, mais aucun son ne sort. Ses yeux, eux, ne quittent pas Alexandre. Il ne regarde pas un homme. Il regarde quelque chose qui a flirté avec l’i

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    ÉliseLe silence qui suit son départ est un silence épais, visqueux. Il colle à la peau. Il s’insinue dans les fissures, entre les soupirs, entre les regrets. Samuel ne dit rien. Il reste là, adossé au mur, les traits tirés, les lèvres serrées. Mais je vois qu’il tremble.Pas de peur. Pas seulement.De rage. De souvenirs. D’un monde qu’il pensait avoir enterré.Je m’approche doucement, m’agenouille à ses côtés. Il ne me regarde pas. Ses yeux fixent un point invisible devant lui, quelque part dans les ténèbres où son frère a disparu.— Il était vraiment mort, murmure-t-il.Je ne réponds pas.Je sens que ce n’est pas une phrase qu’on contredit.— Je l’ai vu tomber. Il saignait… beaucoup. Il n’a pas bougé. Et ensuite… ensuite on m’a dit que le corps avait disparu. On a pensé que les flammes avaient tout pris.Je tends la main, effleure la sienne. Il la serre aussitôt, comme s’il avait attendu ce geste sans l’oser demander.— Tu ne pouvais pas savoir, dis-je doucement.Il sourit, un rictu

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