Se connecterDANS LES BRAS DE L’ENNEMI
La villa est une prison dorée.
Des couloirs vastes, des œuvres d’art sur les murs, des domestiques silencieux. Et pourtant, Elena sent chaque regard. Chaque murmure derrière les portes. Les Esposito la tolèrent… mais ne l’acceptent pas.
> La putain des Moretti, a-t-elle entendu glisser entre deux verres.
Elle n’a pas répondu. Pas encore. Mais ça viendra.
Elle monte les escaliers, son téléphone confisqué, ses gardes restés à l’extérieur. Isolée. Vulnérable. Mais pas sans armes.
Elle est dans la tanière du loup.
Et le loup… c’est lui.Adriano.
Il est partout, dans chaque couloir qu’elle traverse, dans chaque ombre qu’elle croise. Même lorsqu’il est absent, il occupe l’espace. Comme une odeur de danger qui ne veut pas partir.
La chambre qu’on lui a attribuée est au dernier étage. Spacieuse. Trop propre. Trop froide.
Elle jette sa valise sur le lit, retire ses escarpins d’un geste sec, ouvre la fenêtre en grand.
Dehors, Rome bruisse sous la nuit. Et pourtant, ce n’est pas la ville qu’elle observe. C’est la silhouette sur le balcon d’en face.
Adriano. Torse nu. Un verre de vin à la main.
Il la regarde. Il ne détourne pas les yeux.
Elle non plus.
Un jeu commence. Silencieux. Cruel.
Elena ne baisse pas la tête. Elle redresse le menton. Et lentement, elle défait sa veste.
Son chemisier colle à sa peau sous la chaleur. Elle le déboutonne. Bouton par bouton. Pas pour lui. Pour elle. Pour reprendre le contrôle. Pour lui montrer qu’elle n’a pas peur.
Mais ses mains tremblent. À peine.
Elle sait qu’il la voit.
Quand elle enlève son haut, ne gardant que le tissu noir de sa lingerie fine, elle le sent. L’électricité. Cette chose entre eux qui monte, qui enfle, qui brûle sans toucher.
Et lui… il sourit.
— Provocante jusqu’au bout, murmure-t-il, si bas qu’elle croit l’avoir rêvé.
Puis il tourne les talons, disparaît dans sa chambre.
Et Elena, seule dans le noir, sent quelque chose éclore sous sa peau. Une colère. Un frisson. Une faim qu’elle n’a pas connue depuis trop longtemps.
Plus tard dans la nuit, elle ne trouve pas le sommeil.
Elle sort de sa chambre. Pieds nus. En robe de soie.
La villa dort. Mais elle marche, guidée par quelque chose qu’elle refuse de nommer.
Une lumière est allumée dans le petit salon.
Elle pousse la porte.
Adriano est là. Installé dans un fauteuil. Chemise entrouverte. Verre à la main. Il ne semble pas surpris.
— Tu n’as pas peur de te perdre dans les couloirs, bella ?
— Je préfère me perdre que rester enfermée dans une cage, répond-elle sans hésiter.
Il se lève. Lentement. Chaque geste est un défi. Un aveu. Un piège.
Il s’approche. Trop près.
Ses doigts frôlent une mèche de ses cheveux.
— Tu es venue me chercher, Elena.
— Je suis venue te dire que ton jeu ne prendra pas. Je ne suis pas une pièce sur ton échiquier.
— Non. Tu es la reine. Et c’est pour ça que je veux te faire tomber.
Son souffle effleure sa joue. Elle recule. Il ne la suit pas. Il attend.
— Bonne nuit, Adriano, souffle-t-elle.
— Dors bien, princesse. Si tu y arrives.
Cette nuit-là, Elena ne ferme pas l’œil.
Le danger a un visage.
Et il sent le cuir, la poudre… et le désir interdit.Quelques mois ont passé.La villa, autrefois théâtre de luttes et de trahisons, s’est métamorphosée.Les murs portent encore les cicatrices du passé, mais l’air y est plus léger, presque paisible.Les jardins ont retrouvé leurs couleurs — le vert des feuilles, le parfum des roses, le murmure de la fontaine.Le chaos a laissé place à la vie.Elena marche lentement dans l’allée bordée de fleurs, sa main glissée dans celle d’Adriano.Leur pas est synchronisé, comme si le temps avait fini par s’accorder à leur rythme.Chaque pierre, chaque arbre semble témoigner de ce qu’ils ont traversé.Le vent joue dans les cheveux d’Elena, portant avec lui les échos lointains d’une guerre qu’ils ont gagnée, mais à quel prix.Elle s’arrête un instant, regarde le ciel clair, puis murmure d’une voix hésitante :— Tu crois qu’on y arrivera ?Adriano tourne la tête vers elle, un léger sourire aux lèvres.Son regard n’a plus la dureté d’autrefois, seulement la sérénité de celui qui a tout donné et tout reco
Le soleil se lève lentement sur une ville encore marquée par les cicatrices de la guerre.Les toits fumants portent encore les traces du chaos, mais dans la villa d’Adriano, l’air a changé.Il est plus léger, comme lavé par la promesse d’un nouveau départ.L’odeur du café se mêle à celle du bois brûlé, et pour la première fois depuis des mois, le silence n’est pas une menace.Le dernier assaut contre Riccardo a tout balayé.Son empire, bâti sur la peur et la trahison, s’est effondré sous le poids des alliances retrouvées.Les noms qu’on murmurait dans l’ombre ont disparu, les comptes se sont réglés, et la guerre s’est éteinte, non pas dans un cri, mais dans un souffle.Adriano se tient sur la terrasse, le regard perdu vers la ligne d’horizon.Sous ses yeux, la ville renaît lentement — les ouvriers réparent, les passants reprennent confiance, les sirènes se taisent.Ses mains, marquées par les batailles, tremblent légèrement.Il n’a pas peur, il se réhabitue à la paix.Elena le rejoint
L’aube se lève dans un fracas silencieux.Au loin, le grondement des moteurs déchire le calme apparent de la villa.Des silhouettes sombres se découpent dans la poussière, des véhicules noirs s’alignent sur l’allée pavée.Les Lombardi arrivent.Leur arrivée a la précision d’une armée en marche.Costumes impeccables, regards froids, mains gantées.Leurs hommes se déploient avec discipline, comme s’ils prenaient possession d’un territoire conquis.Elena les observe depuis la terrasse, les bras croisés.Son instinct se crispe. Chaque pas, chaque geste de ces alliés improvisés respire la menace.— Ils viennent pour nous aider, murmure Matteo en s’approchant d’elle.Mais surtout pour prendre leur part du gâteau.Elena esquisse un sourire amer sans quitter la scène des yeux.— Les alliances fondées sur la peur finissent toujours dans le sang.Dans la cour, Adriano s’avance pour accueillir le patriarche des Lombardi : Don Vittorio, un homme massif, au regard perçant comme une lame.Leurs mai
La nuit a avalé la villa, étouffant les dernières braises du jour sous un manteau d’ombre et de silence.Dans le grand bureau, les lampes diffusent une lumière dorée sur les cartes, les dossiers, les visages tendus.Le monde extérieur bruisse encore du chaos de la veille, mais ici, un calme étrange règne — le calme des décisions qui changent tout.Un messager vient de partir, laissant derrière lui une simple enveloppe noire scellée à la cire rouge.Le sceau porte un symbole : un lion couronné.Le clan Lombardi.Adriano fixe la lettre posée sur la table, les coudes appuyés, les doigts joints.Son regard est sombre, presque hanté.— Le clan Lombardi nous propose une trêve, dit-il enfin, sa voix grave résonnant dans la pièce.Une alliance pour abattre Riccardo.Matteo, toujours pâle de sa blessure, fronce les sourcils.— Une trêve avec eux ? C’est signer un pacte avec le diable.Ils changent de camp au gré du vent. Aujourd’hui ils nous tendent la main, demain ils nous plantent un couteau
Le jour se lève à peine sur la ville, une lueur pâle glissant entre les stores tirés de la salle de réunion.L’air y est lourd, saturé de tension et d’électricité contenue.Personne ne parle.On entend seulement le tic-tac régulier d’une horloge murale, comme un compte à rebours vers l’inévitable.Adriano est debout, immobile, les mains posées sur la table en verre.Ses yeux noirs fixent la porte fermée, impassibles, mais brûlants de colère froide.Chaque respiration est mesurée, chaque geste calculé.Ce matin, il ne négociera pas. Il tranchera.Lorsque la porte s’ouvre, le silence se brise.Riccardo entre, précédé par le bruit sec de ses bottes sur le marbre.Son sourire est celui d’un homme sûr de sa puissance, habitué à ce que la peur fasse le travail à sa place.Derrière lui, deux de ses lieutenants le suivent, arrogants, mains dans les poches, comme s’ils entraient chez eux.Les hommes des deux clans se tiennent à distance, en ligne, tendus comme des arcs prêts à rompre.Chacun s
La villa respire sous un calme trompeur.Le vent du soir glisse entre les colonnes de marbre, porte avec lui l’écho lointain des vagues, et pourtant, tout semble suspendu.Sous les dorures et le silence feutré, la tension couve comme un feu sous la cendre.Chaque regard devient soupçon, chaque mot menace.Adriano réunit son conseil restreint dans le grand salon.Les chandeliers jettent une lumière tremblante sur les visages fermés.Autour de la table, les plus proches, les plus dangereux, ceux dont la fidélité se mesure en silence.Elena, debout derrière Adriano, observe, les bras croisés, le cœur prêt à éclater.— Riccardo nous a frappés fort, commence Adriano d’une voix calme, mais chaque syllabe porte la promesse d’une vengeance.Il a détruit nos entrepôts, corrompu nos routes, tenté d’atteindre ce que j’ai de plus cher.Ses yeux glissent vers Elena, sans insister, mais le message est clair.— Mais il a commis une erreur, poursuit-il.En s’attaquant à elle, il s’est exposé.Un murm