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Chapitre 4 : L'Appât

Penulis: Darkness
last update Terakhir Diperbarui: 2025-11-08 19:45:34

Ariana

Les lumières de Times Square frappent mes rétines comme des aiguilles. Après l'obscurité du motel, c'est une agression sensorielle. Un tsunami de néons, de visages anonymes, de bruit. Le corps de Yannis flotte encore dans ma vision, une tache sombre sur le bitume de ma conscience. Je serre le volant plus fort. Je ne dois pas flancher. Pas maintenant.

Je me gare dans un parking souterrain, laisse les clés sur le siège. La voiture de location est déjà un lien, une trace. Je l'abandonne comme on abandonne une peau morte.

Mon téléphone professionnel explose. Des centaines de messages. Mon agent, Lena, est au bord de la crise de nerfs.

— Ariana, où ES-TU ? Tu as manqué trois castings importants ! Les Japonais sont furieux !

Sa voix est un perçoir dans mon oreille. Je m'appuie contre un mur de béton froid, prenant une profonde inspiration.

— Lena, écoute-moi. Calme-toi et écoute.

Le changement de ton dans ma voix la fait taire.

— Annonce que je donne une conférence de presse. Ce soir. 20 heures. Place de la Rédemption, devant les studios.

— Une… une conférence de presse ? Mais pourquoi ? Tu ne prépares rien ! Qu'est-ce que tu vas annoncer ?

— Fais-le, Lena. Fais-le, et ne pose pas de questions. Contacte tout le monde. CNN, Vogue, les agences. Je veux que le monde entier soit là.

Je raccroche avant qu'elle ne puisse protester.

C'est un coup de dés. Une folie. Mais courir est inutile. Me cacher est impossible. Alors, je vais faire ce qu'il ne prévoit pas : je vais me montrer. Je vais utiliser ma gloire comme un bouclier. Nikos opère dans l'ombre. Je vais le forcer à venir à la lumière.

Je passe les heures suivantes dans un café bondé, perdue dans la foule, buvant un café noir qui a le goût de l'acier. Je regarde la rumeur grandir en ligne. #ArianaMystère. #ConférenceSurprise. Le monde de la mode s'affole. Les spéculations vont d'un nouveau contrat à une retraite soudaine.

Ils sont si loin de la vérité.

18h30. Je me rends dans un petit salon de coiffure discret. Je pointe du doigt une photo sur le mur.

— Je veux ça.

La coiffeuse a un haut-le-cœur.

— Mais… c'est votre signature ! Vos cheveux sont votre atout !

— Faites-le.

Quand je sors, deux heures plus tard, mes longs cheveux de soie noire, qui ornaient des centaines de couvertures, gisent en tas sur le sol. Mes mèches sont maintenant courtes, rebelles, teintes en un blond platine agressif, presque blanc. La femme qui me regarde dans le miroir de la vitrine est une étrangère. Cassia est morte. Ariana est en deuil. Il ne reste qu'une guerrière, mutilée et déterminée.

20 heures. La place est noire de monde. Une mer de téléphones levés, de caméras braquées sur l'estrade dressée devant les studios. Les flashs crépitent, une tempête électrique. Quand je monte sur l'estrade, il y a un silence de stupéfaction, puis un murmure qui enfle comme une marée. Ils voient mes cheveux. Ils voient mon visage, pâle et durci, sans maquillage.

Je m'avance vers le micro. Mes genoux ne tremblent pas. Ma voix est claire, portée par une froideur que je ne savais pas posséder.

— Je ne suis pas ici pour parler de mode. Je suis ici pour parler de vérité. Pendant cinq ans, j'ai vécu un mensonge.

Je marque une pause, laissant les mots se répandre dans l'air nocturne.

— Mon nom n'a pas toujours été Ariana. Et la fortune qui a lancé ma carrière… ne m'appartenait pas.

Le murmure devient grondement. Les journalistes se bousculent.

— Je l'ai volée. À un homme qui a bâti son empire sur la violence. À un criminel.

Je regarde droit dans les lentilles, sachant qu'il est là, quelque part, à regarder. Qu'il voit ce défi, cette trahison ultime. J'expose son secret au monde. Je salis son nom, son honneur, en l'associant à moi, publiquement.

— Cet argent était sale. Je l'ai utilisé pour me bâtir une vie propre. L'ironie n'est pas perdue pour moi. Aujourd'hui, cet homme me traque. Il veut se venger. Il a déjà tué un homme innocent. À cause de moi.

Je tends la main, comme pour saisir l'objectif.

— Alors, écoutez-moi bien, Nikos. Tu veux ton argent ? Viens le chercher. Mais pas dans l'ombre. Pas en tuant ceux qui m'ont aidée. Viens me le demander ici. En face. Montre ton visage au monde, comme je montre le mien. L'argent est à toi. Mais ma vie… ma vie, tu devras encore me la prendre.

Le silence est absolu. Puis l'estrade explose en un chaos de questions hurlées. Les gardes de sécurité me forment un chemin. Je descends, la tête haute, traversant la foule hystérique sans la voir.

Je viens de jeter l'appât. J'ai transformé ma chasse personnelle en spectacle mondial. J'ai ligoté ma sécurité à l'œil du public. Il ne peut plus me faire disparaître silencieusement. Pas maintenant.

De retour dans un nouveau lieu sûr – une chambre d'hôtel payée par une connaissance –, l'adrénaline retombe. L'épuisement me frappe de plein fouet. Je m'effondre sur le lit, le corps vidé.

Mon téléphone anonyme vibre. Une seule fois.

Je l'ouvre. Pas de menace. Pas de photo.

Juste deux mots.

Brava, Cassia.

Et une pièce jointe. Un fichier audio. Je le fais jouer, le cœur battant.

C'est sa voix. Pour la première fois en cinq ans. Une voix grave, veloutée, qui a toujours su trouver les chemins les plus intimes de mon âme. Elle est calme. Presque admirative.

— Tu as du courage. Plus que je ne le pensais. Transformer ton piédestal en forteresse… c'était inattendu. Mais tu oublies une chose, ma belle voleuse.

Un léger rire, qui me glace le sang.

— Les forteresses… ça se assiège. Et moi, j'ai tout mon temps. Et maintenant, le monde entier regarde. La chute n'en sera que plus spectaculaire. Dors bien, Cassia. Le jeu commence vraiment.

La voix s'éteint.

Je reste immobile dans le silence qui suit, plus terrifiée que je ne l'ai jamais été. Parce que je réalise, trop tard, que je n'ai peut-être pas fait un coup de maître.

J'ai peut-être juste monté la scène de mon propre supplice.

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