MasukSeraleonne entra dans le motel, trempée jusqu’aux os, les cheveux plaqués contre son visage, mais saine et sauve. Et c’était tout ce qui comptait.
Dès qu’elle franchit le seuil, une bouffée de chaleur et l’odeur alléchante d’un bouillon bien mijoté vinrent lui caresser les narines. Elle aperçut la vieille dame assise derrière le comptoir, un plaid sur les genoux et son fils Matthieu dans les bras. Le petit, joyeux, faisait rouler un petit camion citerne rouge tout en croquant avec appétit dans des pommes de terre sautées accompagnées d’une soupe fumante aux asperges vertes et petits morceaux de viande. Seraleonne esquissa un sourire sincère et chargé de gratitude. La vieille dame hocha simplement la tête et lui fit signe d’un mouvement doux d’aller se sécher. — Je m’occupe du petit, ma chérie, va te réchauffer, dit-elle avec tendresse. Sans un mot de plus, Seraleonne monta dans sa chambre à pas feutrés. Elle retira sa veste grise trempée, ôta ses talons désormais inutiles et attrapa une serviette qu’elle enroula autour de son corps frigorifié avant de se diriger vers la douche. L’eau chaude ruissela sur sa peau comme une caresse réparatrice. Elle ferma les yeux, laissant ses soucis couler avec l’eau, l’instant d’un court répit. Après s’être lavée et changée, elle enfila son pyjama rose bonbon — celui qu’elle n’utilisait que dans les moments de réconfort — puis descendit chercher son fils. À son retour au comptoir, elle le trouva en pleine discussion avec la vieille dame, éclatant de rires et parlant avec l’innocence joyeuse d’un enfant. — Bonsoir, mon petit cœur… souffla-t-elle avec douceur en couvrant son visage de petits baisers. Matthieu éclata de rire, visiblement ravi. Ces moments de tendresse avec sa maman, il les attendait toujours avec impatience. Seraleonne adressa ensuite un sourire chaleureux à la vieille dame. — Merci… pour tout. Vraiment. Vous n’étiez pas obligée, dit-elle en soulevant son fils dans ses bras. Mais au même moment, son ventre la trahit… un long gargouillis retentit. Elle baissa la tête, gênée. — Ne sois pas embarrassée, ma chérie, dit la vieille dame avec bienveillance. J’ai gardé un peu de soupe rien que pour toi. Viens en cuisine, je vais te servir un bol bien chaud. Seraleonne voulut protester, poliment, mais la vieille dame leva une main pour la faire taire, son ton doux mais ferme : — Ne refuse pas l’aide qu’on t’offre avec le cœur, ma fille. Ce monde est déjà assez cruel comme ça. Touchée, émue, Seraleonne hocha la tête et accepta. Elle suivit la vieille dame jusqu’à la cuisine, s’assit à une des chaises en bois patinées par le temps, et installa Matthieu à côté d’elle. La vieille dame s’approcha calmement de la marmite posée sur la plaque de cuisson. Elle ralluma le feu et y plongea la louche pour remuer doucement la soupe, désormais tiède. Le parfum des asperges mêlées aux petits morceaux de viande achet monta dans la pièce, réveillant encore plus l’appétit de Seraleonne. Ensuite, elle attrapa les pommes de terre sautées, les enveloppa soigneusement dans du papier aluminium et les glissa dans le micro-ondes pour les réchauffer. Tout était fait avec une telle délicatesse, une telle attention, que Seraleonne en fut presque bouleversée. Le silence s’installa, pesant. Alors que les plats se réchauffaient, la vieille dame s’approcha et s’assit à leurs côtés. Elle posa son regard doux mais franc sur la jeune femme, visiblement embarrassée. Pour briser la glace, elle lança d’une voix apaisante : — Alors, ma belle… Comment t’appelles-tu ? — Seraleonne Palmers, murmura-t-elle, le regard rivé au sol, comme si elle avait honte d’exister. La vieille dame posa doucement sa main ridée sous le menton de la jeune femme et releva sa tête avec tendresse : — Ne baisse jamais la tête, ma fille. Jamais. Tu m’entends ? Seraleonne hocha faiblement, les larmes lui montant aux yeux. — Tu es plus forte que toutes les épreuves qui t’ont frappée, et plus courageuse que tu ne le penses. De grosses larmes roulèrent sur ses joues. Elle ne répondit rien, mais son cœur, lui, criait merci. À cet instant, le *bip* du micro-ondes retentit, brisant l’émotion. La vieille dame se leva, sortit les pommes de terre bien dorées et les disposa soigneusement dans une grande assiette en bois. Elle vérifia ensuite la soupe : elle était enfin à la bonne température. Elle la servit généreusement dans un bol rustique, ajouta un verre d’eau fraîche, puis posa le tout devant Seraleonne. — Mange, ma fille. Et surtout, sans honte. Ici, tu es en sécurité. Seraleonne la remercia d’une voix presque inaudible, puis se mit à dîner en silence, la gorge encore nouée. Elle évitait de croiser son regard, comme si elle avait peur d’y lire trop de compassion. La vieille dame, comprenant son malaise, se contenta de sourire. Elle tendit les bras vers le petit Matthieu, qui commençait à piquer du nez. Il s’abandonna sans résistance, la tête posée contre l’épauleSeraleonne entra dans le motel, trempée jusqu’aux os, les cheveux plaqués contre son visage, mais saine et sauve. Et c’était tout ce qui comptait.Dès qu’elle franchit le seuil, une bouffée de chaleur et l’odeur alléchante d’un bouillon bien mijoté vinrent lui caresser les narines. Elle aperçut la vieille dame assise derrière le comptoir, un plaid sur les genoux et son fils Matthieu dans les bras. Le petit, joyeux, faisait rouler un petit camion citerne rouge tout en croquant avec appétit dans des pommes de terre sautées accompagnées d’une soupe fumante aux asperges vertes et petits morceaux de viande.Seraleonne esquissa un sourire sincère et chargé de gratitude. La vieille dame hocha simplement la tête et lui fit signe d’un mouvement doux d’aller se sécher. — Je m’occupe du petit, ma chérie, va te réchauffer, dit-elle avec tendresse.Sans un mot de plus, Seraleonne monta dans sa chambre à pas feutrés. Elle retira sa veste grise trempée, ôta ses talons désormais inutiles et attrapa
Cette fois, elle tourna brusquement la tête vers lui, les yeux lançant des éclairs.— Répète ça.— J’ai dit ce que j’ai dit. répondit-il calmement, sans la regarder.Le silence retomba, lourd, tendu… Seuls les essuie-glaces rythmaient leur affrontement silencieux.Mais sous cette tension, il y avait autre chose. Quelque chose de brûlant. Une guerre de regards. Une collision d’égo. Et peut-être… une étincelle.Seraleonne se sentit profondément offensée. Ses mâchoires se crispèrent, mais elle ravala sa fierté et sa colère, même si ce que venait de dire Xavier était un coup bas. Il avait osé utiliser sa douleur comme une blague.— Et vous, vous êtes sûrement le genre d’homme qui laisse mourir sa femme sans lever le petit doigt.Xavier tressaillit. Ce qu’elle venait de dire venait de le heurter en plein cœur. Comme une lame plantée là où il pensait que personne ne pouvait atteindre. Son regard se durcit. Il ne répondit pas. Le silence, brutal et glacial, s’installa dans l’habitacle du cam
— Encore vous ?! lança Seraleonne, furieuse, les bras tremblants sous la pluie battante qui les inondait tous les deux.Ses cheveux dégoulinaient, ses vêtements collaient à sa peau, et son regard lançait des éclairs plus violents que ceux du ciel.— Et vous, vous ne savez pas regarder la route quand vous conduisez ?! répliqua Xavier, le ton tout aussi sec, la mâchoire contractée.— Ah non mais je rêve ! s’écria-t-elle en écartant les bras. C’est MOI la fautive maintenant ?! C’est vous qui avez failli me faucher comme un chien, me tuer et empêcher mon fils de me revoir ce soir ! Mais non, c’est encore moi qu’on accuse ?! Mon Dieu, où va ce monde ?!— Vous êtes certaine d’être restée concentrée sur la route ? demanda Xavier d’un ton acerbe, les sourcils froncés.— Qu’est-ce que vous insinuez là ?! gronda-t-elle, prête à exploser.— Vous aviez l’air… ailleurs tout à l’heure. Quand je suis venu chercher mon salaire, on aurait dit une femme au bord de la rupture. Vous étiez paumée… Peut-êt
— Ne t’inquiète pas, ma fille. Je vais m’occuper de ton petit. Comment s’appelle-t-il ? — Matthieu, murmura-t-elle, émue, en essuyant une larme rebelle. — Très bien. Tu peux aller travailler l’esprit tranquille. Je te promets de prendre soin de lui comme du mien. — Merci… Merci infiniment madame. Je vous paierai pour ce service, je vous le dois. — Garde ton argent, ma fille. On doit s’aider entre mères. Il y a trente-deux ans, j’étais exactement à ta place. Mais regarde-moi aujourd’hui… Je suis toujours debout. Alors sois forte. Tu m’entends ? Sois forte. Tout finira par aller mieux. Seraleone sentit une boule dans sa gorge. Une chaleur nouvelle. Ce n’était peut-être pas le bout du tunnel… Mais pour la première fois depuis longtemps, elle voyait une lueur. Seraleone hocha simplement la tête, remercia une dernière fois la vieille dame d’un regard reconnaissant et s’éloigna rapidement vers son lieu de travail. Malgré la fatigue, malgré le chaos dans sa tête, elle ne voulait pa
En vérité, leur mariage ne tenait plus qu’à un fil. Un fil rongé par les mensonges, l’infidélité et les humiliations répétées.Elle avait reçu des messages anonymes, des captures d’écran, même des appels d’amis proches de Marc — des gens qui l’aimaient assez pour ne plus se taire face à l’évidence. Mais Seraleone… Elle avait choisi de croire en l’homme qu’elle aimait, plutôt que les preuves qui s’empilaient. Par amour. Par bêtise aussi. Et surtout pour Matthieu. Leur petit garçon. Elle voulait qu’il ait une famille "normale". Un père à la maison. Une mère présente. Des rires dans le salon… Même si, au fond, elle se noyait dans le silence de ses propres larmes.Elle avait fermé les yeux sur les signes. Et pardonné. Encore. Et encore.Mais aujourd’hui…Aujourd’hui, c’était trop. C’était l’affront de trop.Il avait osé ramener sa maîtresse dans leur lit. Sous leur toit. Devant leur enfant.Il n’avait pas seulement brisé un mariage. Il avait écrasé tout ce qu’elle était. Tout ce qu
Le destin venait d’ouvrir une porte… restait à savoir si l’un des deux aurait le courage d’y entrer.À la réception, Seraleone reprit contenance, ajustant nerveusement son tailleur quand son téléphone se mit à vibrer, puis à sonner de manière insistante. Elle décrocha, un peu agacée :— Allô ?Mais au lieu d’une réponse normale, ce fut une avalanche de gémissements moites et de râles étouffés qui s’échappèrent du haut-parleur.Elle fronça les sourcils, prête à raccrocher quand une voix féminine surgit, haletante et sans retenue :— Ne t’arrête surtout pas… Marc… oh oui !Seraleone blêmit. Son sang se glaça.Ce prénom. Cette voix. Cette situation.Et quelques secondes plus tard, la confirmation, aussi tranchante qu’un coup de lame :— Orh… Je t’adore, Alicia… continua l’homme d’une voix rauque.Marc. Son mari. Et Alicia, sa secrétaire, celle qu’il jurait ne voir qu’en réunion.Le sol sembla se dérober sous ses pieds. Seraleone se laissa retomber lentement sur sa chaise, le regard vide,







