/ Romance / ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ? / Chapitre 9 — La Dernière Nuit Avant la Cendre

공유

Chapitre 9 — La Dernière Nuit Avant la Cendre

작가: Darkness
last update 최신 업데이트: 2025-10-28 19:58:20

Giulia Ferrelli

Les couloirs du palais semblent plus vides que jamais.

Pas un bruit. Pas un souffle.

Seulement moi. Et lui.

Les murs ont cessé de murmurer. Les dorures ne brillent plus que d’un éclat fané, comme si la nuit elle-même refusait de refléter ce que nous sommes devenus. Ce lieu n’est plus un sanctuaire. C’est un mausolée. Et nous sommes les derniers vivants à y respirer.

Rafael ferme la porte derrière nous. Lentement.

Il ne dit rien. Pas encore.

Il m’observe, comme s’il cherchait à lire sous ma peau, comme si mes cicatrices allaient soudain lui révéler un secret qu’il attend depuis trop longtemps.

Je m’avance vers la table basse.

Le flacon de cognac trône là, intact.

Personne n’y a touché depuis des mois.

Comme si ce moment avait toujours été prévu.

Je dévisse le bouchon, verse deux verres. Le cristal sonne comme une cloche de guerre. Une annonce. Une fin.

Je lui tends le sien sans le regarder.

— À quoi trinquons-nous ? murmure-t-il.

Je soutiens enfin ses yeux.

Il y a tant de choses dans ce regard : des combats, des regrets, de la colère, mais surtout… un éclat. Celui que je n’ai jamais osé nommer.

— À ce que nous allons perdre. Et à ce que je vais prendre.

Il sourit. Ce sourire dangereux, en coin, entre défi et désir.

Puis il boit.

Je fais de même.

Le feu de l’alcool descend dans ma gorge comme un écho au feu qui consume encore mes paumes. Mes doigts tremblent à peine, mais pas de douleur — de tension. De trop de choses contenues. De tout ce que je n’ai jamais osé dire.

Il s’assoit sur le bord du canapé, sans me lâcher du regard.

— Tu devrais dormir, dit-il enfin. Demain, tu seras en première ligne.

— Tu crois que je peux dormir après ce que je viens de faire ?

— Non.

Il marque une pause, son verre entre ses doigts.

— Je crois que tu ne veux pas être seule.

Je le fixe.

Ce regard est une lame. Il sait. Il sait exactement où frapper.

— Et toi ? Tu es resté. Tu n’as pas fui comme les autres.

Il pose son verre.

— Je ne fuis pas les incendies. Je m’y attarde.

Un silence. Profond.

Il se propage entre nous comme un poison lent.

Je sens mon souffle s’accélérer, sans raison apparente. Peut-être parce que je sais. Que je sens. Que tout ce que j’ai retenu va se briser ce soir.

— Pourquoi es-tu là, Rafael ? murmuré-je.

Il s’approche. Sa main se lève, frôle une mèche de mes cheveux échappée de ma tresse. Ce geste est trop tendre, trop intime. Il me trouble.

— Parce que tu n’es plus l’ombre d’une héritière.

Il penche la tête.

— Tu es devenue une force. Et rien ne m’attire plus qu’une femme dangereuse.

Je me détourne, mais il rattrape mon menton, me force doucement à le regarder.

— Alors tu veux me posséder ? Comme un autre trône à conquérir ?

Il rit. Un son grave, rauque, qui glisse sur ma peau comme une lame tiède.

— Non, Giulia.

Il se penche, sa voix est un murmure contre ma tempe.

— Je veux brûler avec toi. Juste une fois. Juste cette nuit.

Je ferme les yeux.

Je devrais dire non.

Je devrais le repousser.

Mais j’ai trop combattu. Trop perdu. Trop retenu.

Je veux oublier. Les noms. Les morts. Les pactes. Le sang.

Je veux ne plus être Ferrelli.

Juste une femme.

Juste cette femme.

Juste cette nuit.

Alors je le laisse approcher.

Ses doigts glissent sur ma joue, puis sur ma nuque. Ils tremblent, à peine, comme si lui aussi portait en silence une tension qu’il n’a jamais su libérer.

Quand sa bouche touche la mienne, c’est un choc.

Pas un baiser. Une explosion.

Un baiser de guerre.

Un baiser qui exige, qui déchire, qui réclame tout ce que nous avons enfermé.

Un baiser sans promesse, mais avec toute la douleur du monde.

Je l’attrape par la chemise, arrache les boutons dans un claquement sec.

Il rit contre mes lèvres.

— Impatiente ?

— Non. Furieuse.

Il comprend. Il répond par la morsure de ses dents sur ma clavicule, la chaleur de sa langue sur ma peau nue. Il descend lentement, trop lentement, et chaque centimètre entre nous devient un champ de bataille.

Je le pousse, je le tire, je le veux.

Je le veux avec cette rage ancienne qui ne m’a jamais quittée.

Il me soulève sans effort, me porte jusqu’au lit. Me jette presque.

Je ne suis plus une reine.

Je suis son égale. Son adversaire. Sa complice.

Il me regarde longuement. Trop longtemps.

— Dis-moi d’arrêter, murmure-t-il. Dis-le maintenant, ou plus jamais.

Je tends les bras vers lui.

— Tais-toi, Rafael.

Et il se jette sur moi.

Nos corps s’enchevêtrent comme deux serpents autour d’une vérité dangereuse.

Chaque baiser est un coup.

Chaque caresse, un aveu.

Je gémis contre son épaule quand ses doigts s’égarent là où je suis la plus vulnérable. Il me lit comme une carte de guerre. Et moi, je trace mes ongles sur sa peau comme des serments oubliés.

Je renverse la tête, haletante.

— Plus fort.

— Tu ne commandes pas ici, souffle-t-il contre ma gorge.

Je ris, rauque, le souffle court.

— Toujours.

Et je le renverse.

Cette fois, c’est moi qui grimpe sur lui. Mes cuisses serrées autour de ses hanches.

Je veux le dominer. Le posséder.

Je veux qu’il se souvienne de moi, même si demain je meurs.

Je l’embrasse, je le mords. Je le dévore.

Ses mains glissent dans mon dos, m’attirent plus près, jusqu’à ce que je sente toute son urgence, toute sa fièvre.

Quand enfin nous ne faisons plus qu’un, c’est un chaos parfait.

Une collision de volonté.

De douleur.

De désir.

Il me prend comme si c’était la fin du monde.

Et peut-être que c’est ça, justement.

La dernière fois que quelqu’un m’aimera sans me trahir.

Je crie son nom. Il se perd dans le mien.

Et quand tout s’apaise…

Quand le tumulte devient soupir,

Quand nos souffles se mêlent dans l’obscurité tiède,

Je me recroqueville contre lui.

Il caresse lentement ma hanche, son souffle calme.

Un geste simple. Presque… humain.

— Tu sais que tout va changer demain, dit-il.

— Oui.

— Et nous ?

Je lève les yeux.

— Nous ne sommes pas un serment. Pas un avenir.

Mais nous avons eu cette nuit.

Et je m’en souviendrai.

Il ne répond pas.

Il m’embrasse simplement le front, puis il ferme les yeux.

Je l’écoute respirer. Longtemps.

Ce rythme. Ce calme.

Ce que j’aurais voulu avoir toute ma vie.

Et au fond de moi, je le sais.

Demain, je tuerai peut-être pour ce silence.

Ou je mourrai pour l’avoir goûté.

이 책을 계속 무료로 읽어보세요.
QR 코드를 스캔하여 앱을 다운로드하세요

최신 챕터

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 10 — Sous la braise, la guerre

    Giulia FerrelliIl dort.Ou fait semblant.Avec Rafael, je ne suis jamais certaine. Il a ce calme prédateur, cette fausse tranquillité de l’homme habitué à survivre dans le tumulte. Même dans le silence, même dans le noir, il a l’instinct du fauve : prêt à bondir, prêt à mordre.La lune découpe son profil comme une lame d'argent. Je le regarde respirer, nu, le torse marqué de cicatrices qui racontent des histoires qu’il ne me dira jamais. Son visage est serein, presque trop. Mais je le connais. C’est une paix qui masque les tempêtes.Je me redresse lentement, les draps glissent contre ma peau nue, frémissent comme un souffle chaud. Mes muscles me rappellent la nuit. J’ai mal aux cuisses. À la gorge. Et j’en veux encore.Ce n’est pas de l’amour.C’est plus ancien, plus obscur. C’est une faim de possession, de pouvoir. Une guerre sans drapeau, sans règle, sans trêve.Je me penche au-dessus de lui. Sa poitrine se soulève lentement. Une fine cicatrice traverse son flanc gauche — une ancie

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 9 — La Dernière Nuit Avant la Cendre

    Giulia FerrelliLes couloirs du palais semblent plus vides que jamais.Pas un bruit. Pas un souffle.Seulement moi. Et lui.Les murs ont cessé de murmurer. Les dorures ne brillent plus que d’un éclat fané, comme si la nuit elle-même refusait de refléter ce que nous sommes devenus. Ce lieu n’est plus un sanctuaire. C’est un mausolée. Et nous sommes les derniers vivants à y respirer.Rafael ferme la porte derrière nous. Lentement.Il ne dit rien. Pas encore.Il m’observe, comme s’il cherchait à lire sous ma peau, comme si mes cicatrices allaient soudain lui révéler un secret qu’il attend depuis trop longtemps.Je m’avance vers la table basse.Le flacon de cognac trône là, intact.Personne n’y a touché depuis des mois.Comme si ce moment avait toujours été prévu.Je dévisse le bouchon, verse deux verres. Le cristal sonne comme une cloche de guerre. Une annonce. Une fin.Je lui tends le sien sans le regarder.— À quoi trinquons-nous ? murmure-t-il.Je soutiens enfin ses yeux.Il y a tant

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 8 — Le Serment du Feu

    Giulia FerrelliLe matin ne se lève pas. Il rampe.Un voile de cendres semble recouvrir le ciel, comme si le monde retenait son souffle. Les couloirs du palais résonnent d’un silence pesant, traversés par des ombres furtives et des pas dissimulés. Tout semble suspendu dans une attente étouffante. Je le sens. Quelque chose va céder.Mon reflet me fixe avec défiance. Le pendentif noir repose contre ma peau comme une flamme glacée, et chaque battement de mon cœur y résonne avec une intensité nouvelle. Je n’ai pas dormi. L’image d’Elena à genoux, la voix brisée par la peur, hante mes pensées. Le Conseil des Ombres m’a désignée. Je suis désormais une cible vivante.Mais ce n’est pas la peur qui me brûle le ventre.C’est l’adrénaline. La rage. La détermination.Je rassemble mes cheveux en une tresse haute, nouée d’un ruban rouge une couleur que l’on évite dans cette aile du palais. Trop provocante, trop vive, trop… vivante. Et pourtant, aujourd’hui, j’en fais mon étendard.Dans la grande sa

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 7 — Jeux de pouvoir et failles invisibles

    Giulia FerrelliL’aube m’accueille sans douceur, m’arrachant à un sommeil agité. Je reste immobile, étendue sur le dos, le regard fixé vers le plafond voilé de brume matinale. Mes pensées tourbillonnent, lourdes et incessantes, comme un torrent que je ne peux retenir ni dompter. Chaque souvenir, chaque image de la nuit passée s’entrelacent, nourrissant une fièvre sourde qui brûle au creux de ma poitrine.Le regard de Rafael me hante — ce vert profond, presque hypnotique, comme une promesse d’évasion et de puissance. Ses caresses, suaves et calculées, ont laissé une trace indélébile, une marque invisible que je porte en silence. Comment ne pas être tentée par une alliance qui semble pouvoir tout bouleverser ? Mais je sais que le jeu est dangereux, et que derrière chaque sourire, chaque geste, se cachent des pièges prêts à se refermer sur moi.Une voix intérieure, aiguë et révoltée, s’élève, implorant prudence et lucidité. Il faut avancer avec stratégie, ne pas se laisser aveugler par l

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 6 — Ombres et tentations nouvelles

    Giulia FerrelliL'aube peine à percer à travers les lourds rideaux de mes appartements, mais mon esprit est déjà en éveil, parcouru par les rémanences de la nuit passée. Le souvenir de Lorenzo est encore vif, brûlant, s’insinuant dans chaque recoin de mes pensées, me laissant à la fois enfiévrée et désarmée. Pourtant, au-delà de cette passion encore brûlante, une autre menace s’impose à moi, bien plus insidieuse et dangereuse. Chaque jour dans ce palais est un jeu d’équilibre entre confiance et trahison, entre masque et vérité.Je n’ai pas le droit de faiblir. Pas un instant.Je glisse mes doigts sur la soie de ma robe de chambre, l’air frais qui s’infiltre par la fenêtre entrouverte m’arrache un frisson. La chambre est silencieuse, trop silencieuse, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. Alors que je m’habille avec une froide détermination, un messager discret frappe à la porte. Sans un mot, il glisse dans mes mains une enveloppe scellée d’un sceau inconnu, la cire roug

  • ET SI CASANOVA ÉTAIT UNE FEMME ?    Chapitre 5 — Jeux de pouvoir et désirs brûlants

    Giulia FerrelliLa nuit s’étire lentement sur la cité, tandis que les lumières du palais jettent des éclats dorés sur les murs de pierre ancienne. La menace contenue dans ce message anonyme brûle encore au creux de mon esprit, une ombre menaçante qui s’accroche à mes pensées. Pourtant, je refuse de laisser la peur guider mes pas. La peur est un luxe que je ne peux me permettre.Je me tiens devant la grande glace dans mes appartements, observant la femme qui me regarde en retour. Une femme façonnée par les épreuves, la trahison, et l’ambition. Ma robe, choisie avec soin, est un tissu sombre, presque noir, qui caresse ma peau comme une seconde enveloppe. Elle épouse mes courbes avec une douceur sensuelle, révélant juste assez pour intriguer sans jamais dévoiler entièrement.Le corset que je dois enfiler est serré, mais il me donne cette allure de puissance et de contrôle que je dois afficher ce soir. Artemisia entre silencieusement, ses doigts experts glissent sur mes flancs pour nouer

더보기
좋은 소설을 무료로 찾아 읽어보세요
GoodNovel 앱에서 수많은 인기 소설을 무료로 즐기세요! 마음에 드는 책을 다운로드하고, 언제 어디서나 편하게 읽을 수 있습니다
앱에서 책을 무료로 읽어보세요
앱에서 읽으려면 QR 코드를 스캔하세요.
DMCA.com Protection Status