•••Tristan Si je ne peux pas avoir Maeve, personne ne l'aura. Je fixe les nouvelles photos que Morrison aurait dû me livrer, mais à la place, c'est Eddie Malan qui se tient devant moi dans mon salon. Un mètre quatre-vingt-dix de muscles et de cicatrices, ancien détenu reconverti dans les services de sécurité privée. Le genre d'homme que les riches utilisent quand leurs avocats ne suffisent plus.— Morrison n'est plus disponible » dit Eddie de sa voix rauque. « Mais moi, si. — Qu'est-ce qui est arrivé à Morrison ? — Appelons ça... un changement de loyauté. Quelqu'un a fait une meilleure offre. Ma mère. Cette garce a retourné mon propre détective contre moi.— Et vous ? Vous êtes loyal ? Eddie sourit, révélant des dents en or.— Je suis loyal à celui qui paie le mieux. Et vous payez très bien, Monsieur Johnson. — Parfait. » Je me lève et vais vers la baie vitrée. « J'ai un problème familial à régler. — Quel genre de problème ? — Mon frère. Il me vole quelque chose qui m'apparti
•••Céleste Quelques jours plus tard…Je trouve Nicolas et Maeve endormis dans la bibliothèque, enlacés sur le canapé. Il est à peine sept heures du matin et je descends prendre mon thé matinal quand j'aperçois une lumière dans la bibliothèque. En m'approchant, je découvre la plus belle des scènes, mon fils et cette jeune femme, blottis l'un contre l'autre, un plaid jeté sur leurs épaules.Ils ont dû s'endormir en parlant tard dans la nuit. Les restes de leur conversation jonchent la table basse, deux tasses de thé froid, un carnet de croquis ouvert aux dessins de Maeve, et le livre de Baudelaire que Nicolas lui avait offert. Mon cœur se réchauffe à cette vue. Enfin, enfin, mon fils cadet a trouvé l'amour véritable.Maeve repose sa tête sur l'épaule de Nicolas, ses cheveux châtains étalés comme de la soie. Nicolas a passé son bras autour d'elle d'un geste protecteur, même dans le sommeil. Ils ont l'air si paisibles, si... justes ensemble.Je me souviens de mes premières nuits avec Har
•••Maeve Jardin du manoir, trois semaines après le dîner à La Colombe…« Je suis en train de tomber amoureuse de vous. »Les mots sortent de ma bouche avant que je puisse les retenir, suspendus dans l'air tiède de cette fin d'après-midi. Nous sommes sous la tonnelle du jardin, entourés de glycines blanches qui embaument l'air de leur parfum sucré. Nicolas, qui était en train de me raconter son projet d'architecture durable pour les townships, s'arrête net.— Maeve... — Non, laissez-moi finir. » Je me lève du banc de pierre où nous étions assis côte à côte. « Il faut que je vous dise avant de perdre mon courage. Mes mains tremblent. Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'il l'entende. Cela fait des semaines que ces mots me brûlent les lèvres, des semaines que je lutte contre cette évidence qui grandit chaque jour.— Je sais que c'est compliqué » je continue en arpentant nerveusement l'espace sous la tonnelle. « Je sais que vous êtes le frère de... de lui. Je sais que je sors d'une re
•••TristanSon appartement à Sea Point, deux mois après l'arrivée de Nicolas…Mon petit frère parfait me vole MA propriété. Je regarde les photos que mon acolyte Morrison vient de me livrer, étalées sur la table basse de mon appartement. Des clichés pris au téléobjectif : Nicolas et Maeve dans la bibliothèque, penchés sur des livres. Nicolas et Maeve dans le jardin, elle qui rit à une de ses plaisanteries. Nicolas et Maeve au dîner, leurs regards qui se croisent par-dessus la table.Car c'est ce qu'elle est, ma propriété. Ma chose. Mon jouet cassé que je n'ai pas fini d'utiliser.— Combien de temps ça dure ? » je demande à Morrison.— Environ deux mois, monsieur Johnson. Quelques jours après l’arrivée de votre frère. Comme elle a perdu le bébé…Perdue le bébé. Ces mots devraient me soulager. Un problème de moins. Mais au lieu de ça, j'éprouve une rage sourde. Même mort, cet enfant continue de me faire chier en rapprochant Maeve de ma famille.— Ils se touchent ? — Pas encore. Mais l'
•••Elias Wynberg Boys' High School, un mois après l'arrivée de NicolasNicolas m'inscrit dans une école privée et me trouve un entraîneur de rugby.« Ton potentiel ne doit pas être gâché » me dit-il en signant les papiers d'inscription à Wynberg Boys' High School.C'est un lundi matin, et nous sommes dans le bureau du directeur, Mr. Davidson. Un homme distingué d'une soixantaine d'années qui me regarde avec bienveillance par-dessus ses lunettes.— Elias a un dossier scolaire remarquable » dit-il en feuilletant mes bulletins. « Surtout en mathématiques et en sciences. — C'est ce que nous espérions » répond Nicolas. « La fondation Johnson souhaite l'accompagner dans ses études supérieures. La fondation Johnson. Encore quelque chose que je dois à cette famille. Ça devrait m'énerver, mais bizarrement, venant de Nicolas et de sa mère, ça ne me dérange pas. Il y a quelque chose de sincère chez lui que je n'ai jamais senti chez son frère.— Parfait ! » Mr. Davidson sourit. « Elias, tu com
Les Conversations Nocturnes•••Maeve Trois semaines après ma promotion..Nicolas et moi parlons jusqu'à tard dans la nuit dans la bibliothèque. C'est devenu notre rituel. Après le dîner, quand Céleste se retire dans ses appartements et qu'Elias monte faire ses devoirs, nous nous retrouvons ici, dans cette pièce aux murs tapissés de livres, face à la cheminée crépitante. Lui dans le grand fauteuil de cuir bordeaux, moi recroquevillée dans celui de velours vert, une tasse de thé à la main.Ce soir, comme les autres, nous parlons de tout et de rien. Ou plutôt, lui parle et moi j'écoute, fascinée par cet homme si différent de son frère.— Paris la nuit, c'est magique » dit-il en regardant les flammes danser. « Surtout depuis le pont Alexandre III. Les lumières se reflètent sur la Seine, Notre-Dame se dresse comme une cathédrale de pierre et de prière... — Vous devez avoir des souvenirs merveilleux là-bas. — Oui et non. » Il sourit tristement. « C'était beau, c'était enrichissant, mais.