Chapitre 4

Le visage de Sophie était légèrement pâle. Elle regardait Maxime en silence.

À côté de lui se tenait son épouse officielle, et en face était la femme qu'il avait aimée autrefois. Comment allait-il les présenter ?

Si elle avait été Maxime, elle aurait trouvé la situation embarrassante.

Maxime a croisé son regard et a dit d'une voix basse, « Voici Aurélie Garnier, je la connais depuis longtemps, et c'est mon… »

Il a marqué une pause. « Amie. »

Sophie a eu l'impression que le mot « amie » sonnait particulièrement maladroit sorti de sa bouche. Son corps a légèrement tremblé. Elle a essayé de rester calme. « Depuis longtemps ? Alors vous êtes des amis d'enfance, vous avez grandi ensemble ? »

Aurélie a souri. « Pas du tout, nous nous sommes rencontrés à vingt ans. À cette époque… » Elle a semblé penser à quelque chose, puis a porté la main à sa bouche et a ri élégamment, « Max avait une coupe de cheveux très drôle, un genre de mulet à la française. Dès qu'il entrait à la fac, tout le monde se retournait. »

Maxime a soupiré, « Tu reparles encore de ça. »

« Et alors ? J'ai encore tes photos de cette époque. Ne me cherche pas, sinon je les montre à ta femme ! » a dit Aurélie, en touchant le bras de Maxime.

Lucas a bondi vers elle et l'a serrée en riant, « Aurélie ! C'est quoi ces photos ? Je veux voir, moi aussi ! »

Cette scène a profondément blessé Sophie.

Quiconque voyait Aurélie rire avec le père et le fils aurait cru qu'elle était la vraie maîtresse de maison.

Aurélie a caressé la joue douce de Lucas et a cligné de l'œil.

« Je te les montrerai en secret, d'accord ? »

Maxime a esquissé un léger sourire et a regardé Sophie. Il ne voyait que sa silhouette fine s'éloignant, presque emportée par le vent.

Il l'a rejointe et l'a retenue par le bras. « Qu'est-ce qu'il y a ? Ne te fâche pas contre Lucas, je vais le gronder. Ce soir, il te fera des excuses à la maison. »

Sophie a mordu ses lèvres. « Tu as lu ce que je t'ai donné ? »

Maxime a haussé les sourcils. « Quoi donc ? »

Voyant qu'il n'avait visiblement rien lu, Sophie a souri tristement, « Rien. Je rentre. N'oublie pas d'aller dans ton bureau ce soir. »

« Je te raccompagne. » Maxime a fait signe au chauffeur de rapprocher la voiture.

Mais Sophie a refusé. Elle a retiré sa main de celle de Maxime et est partie en taxi.

Il est resté sur place à regarder la voiture s'éloigner.

Derrière lui, Aurélie est venue lui parler.

Sophie a jeté un dernier regard. Elle ne savait pas ce qu'Aurélie disait, mais Maxime souriait. Tous deux semblaient s'entendre parfaitement.

Elle a détourné la tête. Sa paume la brûlait à force de serrer le poing. En l'ouvrant, elle a découvert des marques bleues en forme de demi-lune.

Sophie n'a plus regardé en arrière et est partie d'un pas décidé.

De retour à la Maison Lune Bleue, le médecin l'a appelée pour lui demander de venir deux jours plus tard pour un test de tension.

Elle ne voulait pas rester aussi longtemps, mais il y avait trop de monde qui attendait ce teste. La plupart des patients étaient des personnes âgées venues de loin, qui étaient obligées de prendre l'avion.

Parmi des centaines de candidats, elle était la seule malade nécessitant ce test.

Sophie est retournée à l'hôtel et a supprimé tous les contacts de Maxime.

Vers dix-sept heures, Lucas est rentré à la maison avec le chauffeur.

Dès son arrivée, il a jeté son cartable et a crié : « Maman ! Je vais faire mes devoirs tout de suite ! Je ne veux plus que la maîtresse me gronde ! »

Il regrettait d'avoir trop joué la veille. C'était un peu la faute de maman, songeait-il, car elle ne l'avait pas rappelé à vingt heures pour qu'il fasse ses devoirs.

Maman était parfois agaçante, toujours à interrompre ses jeux ; mais sinon, il n'aurait pas eu toutes ses petites fleurs sur son cahier, et ses bonnes notes.

Il ne voulait surtout pas que les autres se moquent de lui !

Lucas est monté en courant, a cherché longtemps et n'a pas trouvé Sophie.

« Paul ! Où est maman ? » a-t-il demandé au majordome.

Le majordome est sorti de la cuisine. « Je ne l'ai pas vue, madame a peut-être eu un empêchement. Veux-tu un flan aux œufs, jeune monsieur ? »

Lucas a fait la moue, « Ce n'est pas aussi bon que celui de maman. Laisse tomber. »

Il est retourné dans sa chambre, a pris sa console et a joué un moment, puis a commencé ses devoirs sans conviction. Assis en tailleur, il a marmonné : « Ce n'est que des devoirs, je peux les faire tout seul. »

Mais il a vite découvert que ce n'était pas possible.

Personne n'était là pour lui expliquer les exercices difficiles.

Personne ne lui massait les yeux quand ils étaient fatigués.

Il levait la tête par habitude, attendant qu'on lui donne un fruit. Mais personne ne venait.

Il est sorti en colère chercher le majordome et les domestiques.

Mais le majordome ne savait pas lire, la domestique ne comprenait pas l'anglais et ne pouvait pas l'aider pour ses yeux. Pour les fruits déjà coupés, personne ne savait jamais à quel moment les donner à Lucas.

Le petit visage de Lucas s'est assombri. Il a repensé aux journées passées sur le balcon, quand le vent soufflait et que sa mère restait à ses côtés pendant qu'il faisait ses devoirs. Quelle sensation agréable c'était… Les devoirs semblaient alors moins désagréables.

Il n'a plus tenu. « Je veux appeler maman ! »

Le majordome lui a rapidement tendu sa montre téléphone.

Lucas a attendu longtemps avant d'être enfin connecté.

Il a aussitôt demandé : « Maman, tu es où ? Pourquoi tu ne reviens pas ? »

Sophie a gardé le silence deux secondes, puis a répondu calmement : « Pourquoi ? »

« Mes devoirs t'attendent ! Il faut que tu m'aides ! Tu veux me voir puni par la maîtresse demain ? Dépêche-toi de revenir ! » Lucas pressait, mécontent.

Sophie a serré son téléphone. Son expression est devenue peu à peu froide.

Elle avait donné toute son énergie, et voilà qu'elle élevait un fils poli en public mais impatient uniquement avec sa propre mère.

Elle n'avait reçu aucun respect, du début à la fin.

Elle a répliqué : « Tu n'aimes pas mieux Aurélie ? Si tu as un problème, va la voir. Ne viens pas me chercher. » Et elle a raccroché directement.

Lucas est resté abasourdi, tenant toujours sa montre téléphone. Il ne s'attendait pas à ce que sa mère soit si distante avec lui.

En bas, une voiture a freiné.

Lucas s'est aussitôt retourné et a couru, impatient de se plaindre à Maxime.

Ce dernier l'a écouté, a haussé un sourcil et a murmuré d'un ton froid et hautain, « Ce n'est pas toi qui as mis maman en colère ? J'irai la voir. Quand elle reviendra, tu devras bien t'excuser, compris ? »

« Oui… » Lucas a baissé la tête à contrecœur.

Une demi-heure plus tard, on a frappé à la porte de la chambre d'hôtel où se trouvait Sophie. Elle a ouvert, pensant qu'il s'agissait du personnel de l'hôtel, et a sursauté en voyant ces yeux profonds et familiers.

« C'est toi… comment saistu que je suis ici ? »

Maxime est entré en tenant un thermos contenant des pâtes.

« Tu as mangé ? Je t'ai préparé des pâtes à la bolognaise, avec un peu plus de parmesan selon ton goût, mange-les tant qu'elles sont chaudes. »

Sophie a remarqué qu'il portait encore le costume parfaitement repassé qu'elle avait soigneusement préparé pour lui.

Maxime a enlevé sa veste, a balayé la chambre du regard, a relevé ses manches pour prendre le manteau de Sophie et a ouvert sa valise.

« Rentre à la maison. Rester ici ne va rien résoudre. Lucas a besoin de discipline. Nous irons le gronder correctement, et tu ne devras pas bouder de cette manière. »

Sophie l'a regardé s'accroupir pour ranger ses affaires.

Une larme est tombée sur sa joue. Elle a immédiatement tourné la tête et a essuyé ses yeux. « Tu n'as pas encore regardé ce qu'il y avait sur ta table dans ton bureau ? »

Maxime s'est figé un instant, puis a levé les yeux.

« C'est quoi alors ? Tu en parles deux fois dans la journée. »