Chapitre 5

Sophie se tenait à la porte.

« Tu le verras toi-même, je ne rentre pas avec toi. Tu peux y aller. »

Maxime semblait ne pas l'entendre et a posé ses talons devant elle pour la convaincre. « Sois sage, Luc t'attend à la maison, viens avec moi. »

« Il attend juste quelqu'un pour l'aider à faire ses devoirs. Si ce n'était pas toujours moi qui l'aidais pour ses devoirs, ce soir, ce ne sera pas moi qu'il cherche. »

Sophie a détourné la tête. « Pars, je ne rentrerai pas. »

Maxime a attrapé sa cheville sans demander son avis, s'agenouillant sur un genou, son pantalon de costume se plissant légèrement.

« Nous avons tous besoin de toi. »

Sophie a tiré sur ses lèvres en un sourire amer. « Vous avez plutôt besoin de Mlle Garnier, non ? Dès qu'elle est arrivée à l'école, tout s'est arrangé et Luc l'a écoutée. »

Le regard de Maxime s'est assombri, mais il a esquissé un léger sourire. « Alors tu es jalouse pour ça ? Aussi douée soit-elle, elle n'est pas la mère de Luc. »

« Elle pourrait l'être, si tu le voulais. » Sophie l'a repoussé.

Le sourire dans les yeux de Maxime a disparu. Il a relevé la tête pour la regarder, « Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »

Sophie a répondu d'une voix volontairement légère : « Et si nous divorcions ? Tu pourrais épouser Mlle Garnier et confier Luc à elle. »

Maxime a laissé tomber ses talons et s'est levé, le visage sombre. Dans l'encadrement de la porte, sa silhouette imposante a dominé celle de Sophie.

« Qu'as-tu dit tout à l'heure ? Veux-tu divorcer de moi ? » a-t-il demandé, une pointe d'agacement dans la voix.

« Oui ! Il y a quelqu'un de mieux pour être ta femme et la mère de ton fils. Pourquoi ne pas l'épouser ? » Sophie ne pouvait plus réprimer ses émotions.

Elle avait l'impression que Maxime jouait un rôle d'un mari parfait. Même si l'acte de mariage était faux, il se comportait comme si le divorce le préoccupait.

Entre eux, aucune formalité n'était nécessaire. Une phrase légère suffisait pour briser sept ans d'attachement.

Elle s'est tournée, mais Maxime a attrapé son poignet.

Son visage était sombre, sa poitrine se soulevait sous tension. « Sans mon autorisation, nous ne pourrons jamais divorcer. Tu peux dire n'importe quoi d'autres, sauf ce mot. »

Sophie a haussé les épaules, l'air impassible. « Et alors ? Ce n'est pas interdit. Ou alors tu veux épouser deux femmes en même temps ? »

Tant que Maxime le voulait, sa femme de sept ans pouvait redevenir instantanément sa maîtresse, sans que cela ne l'empêche d'épouser Aurélie.

Il a crié presque instinctivement : « Quand es-tu devenue si jalouse ? Entre Aurélie et moi, il n'y a rien ! Tu ne peux pas inventer des histoires juste parce que tu es mal à l'aise. »

« Eh bien, je parle pour parler ! Ça te va ? Comme je l'ai dit, si tu ne supportes pas, divorçons ! » Sophie a repoussé Maxime. « Sors de ma chambre ! Je ne veux pas te voir ! »

La patience de Maxime a disparu. Il a saisi Sophie et a embrassé ses lèvres malgré ses paroles dures, tentant d'effacer la tension par un baiser passionné.

Un peu plus loin, une dame est passée et a sursauté en voyant la scène.

Le corps de Sophie a tremblé ; elle a tenté de le repousser.

Maxime l'a maintenue à la taille et a fermé la porte d'une main.

Ses mains chaudes se sont glissées sous ses vêtements, enflammant sa peau froide.

Sophie tremblait de plus en plus. Non seulement à cause de son malaise émotionnel, mais aussi par dégoût face à son comportement dominateur.

Maxime ne l'aimait pas vraiment. Comment avait-il pu jouer à la carte du tendre toutes ces années, se marier avec elle, avoir un enfant et entretenir une intimité charnelle ?

Débordée par ses pensées, Sophie a brusquement repoussé Maxime et a couru vers la salle de bains. Elle n'avait rien mangé et a vomi juste de l'air, sentant son estomac se contracter violemment.

Maxime est entré derrière elle et l'a soutenue. « Encore des vomissements ? Ce n'est pas une simple fièvre. Allons à l'hôpital. »

« Je ne veux pas… »

Sophie n'a pas eu le temps de finir sa phrase avant que Maxime la prenne dans ses bras.

Elle avait mal à la tête et nauséeuse, incapable de lutter. Son léger mal de transport aggravait la situation. Elle ne pouvait ni bouger ni respirer calmement.

Maxime a conduit, la regardant de temps en temps, et ils sont rapidement arrivés à l'hôpital. Enregistrée, suivie des ordonnances et des examens… Sophie a obéi toutes les instructions comme une marionnette guidée par les infirmières.

À la sortie, Maxime l'attendait dans le couloir, lui tendant un verre d'eau au miel.

« Bois un peu pour calmer l'estomac. »

Sophie a refusé et s'est assise, le visage pâle.

Il a baissé les yeux vers elle. « Désolé, je n'aurais pas dû me disputer avec toi. » Il a attrapé son petit doigt et l'a secoué doucement, un sourire léger et conciliant dans les yeux.

Maxime ne disait jamais de paroles enjôleuses. Il jouait plutôt sur de petits gestes pour titiller Sophie.

Son cœur s'est resserré et les souvenirs se sont réveillés.

« Après les examens, on rentre, d'accord ? » a-t-il proposé en haussant un sourcil.

Sophie allait répondre lorsqu'une ombre est tombée à côté d'elle.

« Max, que faites-vous ici ? »

Elle a levé les yeux et a vu Aurélie, toute curieuse.

Maxime a retiré sa main et s'est redressé. « Sophie ne se sentait pas bien, je l'ai accompagnée pour les examens. Il est tard, que fais-tu ici ? »

Aurélie a eu un air embarrassé et a caché les résultats derrière son dos, « Rien… »

Maxime a froncé les sourcils et a tendu la main, « Montre-moi. »

Aurélie a hésité, puis a remis les résultats.

En voyant le contenu, Maxime a paru préoccupé, « Tu n'avais déjà pas eu un pontage coronarien ? Ce n'était pas censé être réglé ? Pourquoi des douleurs à nouveau ? »

« Ah, c'est un vieux problème… » Aurélie a baissé les yeux, hésitant à parler.

Il a doucement conseillé : « Prends bien tes médicaments, ton cœur est déjà surchargé. Repose-toi bien et contacte Victor si nécessaire. »

En entendant leur conversation, Sophie a senti une lourdeur dans sa poitrine.

Victor Bellamy était l'assistant de Maxime. Depuis toutes ces années, il n'avait jamais aidé personne d'autre que Maxime et elle.

Aurélie, quant à elle, a fait une démonstration de sa place dans le cœur de Maxime ; dès qu'elle apparaissait, n'importe quelle situation devenait exceptionnelle.

Sophie a respiré plus vite.

Maxime s'est penché pour masser son dos. « Ça va mieux ? Tu vomis souvent, ce n'est pas juste une fièvre. Attendons ce que dit le médecin. »

Vomir souvent ?

À ces mots, Aurélie a froncé les yeux et a regardé inconsciemment le ventre de Sophie, réfléchissant un instant. Puis, elle s'est excusée, « Je vais passer aux toilettes. »

Aurélie s'est précipitée, puis s'est tournée vers la salle d'examens.

Le médecin a ordonné à l'infirmière : « Jette cette ordonnance, remplace-la par la mienne et ne parle à personne. »

Aurélie s'est accoudée à la porte, attendant que l'infirmière jette la feuille, puis est allée la récupérer. Le papier froissé s'est ouvert : on y lisait « tumeur cérébrale ».

Aurélie a été surprise.

Pendant ce temps, l'infirmière a expliqué à Maxime : « Juste un problème gastrique, un peu de médicaments et ça ira. »

Sophie a échangé un regard avec l'infirmière, puis soupirait de soulagement en silence.

Avant de partir, elle ne voulait révéler sa maladie à personne.

Heureusement, le médecin avait respecté sa décision.

Maxime s'est rassuré un peu, lui a mis sa veste sur les épaules. « Allons-y, rentrons. »

« Max… » Aurélie est apparue à nouveau. « Il est tard, il sera difficile de trouver un taxi. Peux-tu me ramener ? » Elle tenait sa poitrine, demandant prudemment.

Sophie a instinctivement retiré sa main de celle de Maxime, prête à partir.

Mais Maxime a saisi sa main. « Sophie ne se sent pas bien, je l'emmène d'abord. Je vais t'appeler un taxi ensuite. »

Aurélie est restée figée, serrant les poings.

Sophie a été surprise un instant, puis a compris. Face à elle, Maxime ne pouvait pas être courtois avec Aurélie. Un regard ironique dans ses yeux, elle a suivi Maxime dans l'ascenseur et a rapidement quitté les lieux.

Maxime a doucement murmuré derrière elle : « Ne t'inquiète pas, je ne te forcerai pas, je t'emmène à l'hôtel. »

Sophie a hésité deux secondes puis est montée dans la voiture.

Maxime a conduit jusqu'à l'hôtel et l'a suivie dans l'ascenseur.

Sophie voulait refermer la porte pour le laisser dehors, mais elle a constaté que la porte de la chambre était déjà ouverte.

À l'intérieur, les domestiques plaçaient le drap bleu de Lucas sur le canapé.

Lucas faisait ses devoirs à côté, grognant en voyant Sophie arriver : « Tu en fais encore un drame avec papa ? Demain, il doit se lever tôt ! »

Sophie a eu un pincement au cœur.

Elle est allée directement dans sa chambre et a fermé la porte.

Dehors, on entendait Maxime réprimander son fils.

Sophie a regardé autour d'elle, découvrant que Maxime avait déjà demandé aux domestiques d'apporter ses vêtements pour le lendemain et son ordinateur pendant qu'ils étaient à l'hôpital.

Elle a froncé les lèvres, ne comprenant pas ses intentions.

En s'approchant de l'ordinateur allumé, elle a vu l'historique du navigateur.

Une phrase l'a figée : [Consultation de l'état civil personnel].

Les doigts de Sophie se sont raidis. Elle a cliqué sur le lien et a ouvert les résultats.

Ses yeux se sont écarquillés. Après vérification, elle a cru à peine ce qu'elle voyait.

L'état civil de Maxime Lefèvre…

Marié.

Dans la case « épouse », il y avait clairement inscrit un autre nom : Aurélie Garnier.

Le sang de Sophie s'est glacé.

Maxime n'était pas seulement marié avec elle de manière fictive, il était réellement époux d'Aurélie derrière son dos.

Dans le livret de famille des Lefèvre, il n'y avait qu'eux et Lucas.

Comme si eux trois formaient la vraie famille.

Et elle ? Elle avait été la nourrice gratuite pendant sept ans.

Quant à Lucas, savait-il qu'Aurélie et Maxime étaient les véritables époux ?

Sophie a tremblé de tout son corps, a fermé l'ordinateur et a reculé de deux pas.

Elle est tombée dans les bras chauds et humides de Maxime.

Elle s'est retournée pour apercevoir qu'il portait une serviette autour de la taille, cheveux à moitié secs, le torse musclé à découvert.

Maxime n'a pas remarqué son trouble, un sourire aux lèvres et une voix empreinte de désir, « Ça va mieux ? »

Sophie a serré ses lèvres, incapable de réagir.

Le regard de Maxime s'est intensifié.

Il a interprété son silence comme une invitation silencieuse. Il l'a alors prise dans ses bras et l'a déposée sur le lit, s'inclinant au-dessus d'elle.