LOGINCHAPITRE 6 LE POINT DE VUE DE KADEJe n'ai pas dormi.Comment le pourrais-je ? Son parfum imprègne encore mes draps. Je sens encore la chaleur de son corps contre le mien, le goût de sa peau sur mes lèvres. Et chaque fois que je ferme les yeux, je la vois : ses cheveux étalés sur mon oreiller, ses yeux assombris par le désir, la façon dont elle a murmuré mon nom.Je suis foutu.Complètement, irrémédiablement foutu.L'aube commence à filtrer à travers les rideaux. Cinq heures du matin. Dans deux heures, je devrai me présenter devant Victor Moreau avec un visage impassible, prétendre que je n'ai pas passé la nuit à faire l'amour à sa fille à quelques mètres de lui.Je me lève, prends une douche glacée qui ne fait rien pour calmer le feu qui brûle en moi. Je m'habille mécaniquement : pantalon noir, chemise blanche, holster. Mon uniforme. Mon armure.Mais elle ne me protège de rien. Surtout pas de Lena.Un coup à ma porte me fait sursauter.— Russo ? C'est Marc.J'ouvre. Mon second a l'a
CHAPITRE 5Je veux protester, mais je vois l'inquiétude dans ses yeux. Malgré tout son pouvoir, malgré son empire, je suis son point faible. La seule chose qu'il ne peut pas contrôler totalement, et ça le terrifie.— D'accord, je murmure.— Bien. Russo, Marc vous montrera votre chambre. Lena, va te reposer. Nous reparlerons demain.C'est un ordre, pas une suggestion. Je me lève, évite soigneusement le regard de Kade en passant devant lui.— Bonne nuit, Papa.— Bonne nuit, ma chérie.Je monte l'escalier, consciente du poids du regard de Kade dans mon dos. Chaque marche me rapproche de ma chambre. De notre proximité forcée. De la tentation qui va nous dévorer.Ma chambre est exactement comme je l'ai laissée la dernière fois que j'ai dormi ici, il y a des mois. Tout est parfaitement en ordre, impeccable, mort. Je m'assois sur le bord du lit, mes mains tremblant légèrement.Qu'est-ce que nous avons fait ?Un coup discret à la porte me fait sursauter.— Entrez.C'est une femme de chambre,
CHAPITRE 4 :Point de vue : LenaLe manoir se dresse devant nous, imposant et menaçant dans l'obscurité. Toutes les lumières sont allumées. Mon père nous attend.Mon cœur se serre, mais pas de peur. De quelque chose de plus complexe. Parce que je porte encore la chaleur de Kade sur ma peau, le goût de ses baisers sur mes lèvres. Et dans quelques minutes, je vais devoir faire face à mon père en prétendant que rien n'a changé.Alors que tout a changé.Kade coupe le moteur. Ses mains restent sur le volant, ses jointures blanches. Je vois sa mâchoire se contracter, ce tic qu'il a quand il est tendu.— Lena...— Ne dis rien, je murmure. Pas de regrets. Pas maintenant.Il se tourne vers moi, et dans ses yeux gris, je vois un conflit qui me brise le cœur.— Ce qui s'est passé...— Était inévitable. Tu le sais.— Ton père me fait confiance.— Alors peut-être qu'il ne devrait pas.C'est cruel, mais c'est vrai. Mon père fait confiance à Kade pour me protéger, pas pour me toucher. Pas pour me fa
CHAPITRE 3POINT DE VUE DE KADE Je conduis pendant dix minutes, peut-être quinze. Chaque seconde est une torture. Je sens son regard sur moi, lourd, insistant. J'entends sa respiration, légèrement plus rapide que la normale. L'air dans l'habitacle est électrique, saturé de tout ce qui reste non dit.Mes mains se crispent sur le volant. Je ne peux pas continuer comme ça.Sans réfléchir, je bifurque brusquement dans un chemin de terre, m'enfonçant dans une zone boisée en périphérie de la ville. Loin des routes, loin des regards, loin de tout.— Kade ? Qu'est-ce que tu...Je coupe le moteur. L'obscurité nous engloutit, seulement trouée par le clair de lune filtrant à travers les arbres. Le silence est assourdissant.Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent dans la pénombre, immenses, questionneurs. Vulnérables.— Dis-moi d'aller au manoir, je murmure d'une voix rauque. Dis-moi de faire demi-tour et d'oublier ce qui s'est passé. Dis-le maintenant, Lena, parce que si tu ne le fais pas...
CHAPITRE 2 Point de vue : KadeJe vais me faire virer.Pire encore, je vais perdre le peu de contrôle qu'il me reste.Je la regarde retourner dans la salle de réception, cette silhouette en robe noire qui hante mes nuits depuis six mois. La courbe de son dos nu me nargue, la façon dont ses cheveux châtains cascadent sur ses épaules me torture. Et ce parfum qu'elle porte, ce mélange de jasmin et de quelque chose de plus sucré, reste suspendu dans l'air glacial de la terrasse.Je devrais la suivre. C'est mon travail. Mais j'ai besoin de ces trente secondes pour me ressaisir, pour reconstruire les murs qu'elle vient de faire voler en éclats d'un seul regard.« Alors montrez-moi. »Elle n'a aucune idée de ce qu'elle demande. Aucune idée de ce que je retiens depuis des mois. Des semaines passées à la regarder sans pouvoir la toucher. À l'écouter rire avec d'autres hommes en sachant que je ne pourrai jamais être l'un d'eux. À me tenir dans l'ombre pendant qu'elle brille sous les projecteur
CHAPITRE 1Point de vue : LenaJe déteste les soirées comme celle-ci.Les lustres de cristal projettent une lumière dorée sur les visages factices, sur les sourires calculés. Tout le monde ici veut quelque chose de mon père. Un contrat. Une faveur. Un accès privilégié au pouvoir. Et moi, je suis le pion qu'on exhibe : la fille sage, la preuve vivante que Victor Moreau est un homme de famille, pas seulement un empire à lui seul.Je porte cette robe noire qu'il a choisie. Élégante, sobre. Une cage de soie.— Mademoiselle Moreau, quel plaisir de vous revoir.Je me retourne, sourire automatique aux lèvres. Un ministre dont je ne me souviens jamais du nom. Je lui serre la main, prononce les mots qu'on attend de moi. Mon esprit est ailleurs, cherchant désespérément une sortie, un prétexte pour m'échapper vers la terrasse.C'est alors que je le sens.Cette présence dans mon dos, à trois mètres exactement. Toujours à trois mètres. Jamais plus loin. Jamais plus proche. Enfin, presque jamais.J







