LOGINLEON
Le goût de sa bouche est une addiction instantanée. Un mélange de baume fruité et de sel, d’urgence et de consentement muet. Mes mains sur ses hanches la soulèvent comme si elle ne pesait rien, et le choc de son corps contre le miroir fait vibrer toute la cage. Le reflet dans la lumière rougeâtre nous montre enlacés, deux animaux pris au piège, les yeux injectés de désir pur.
Ses jambes se referment autour de ma taille, un étau de chair et de soie qui me coupe le souffle. Je la presse plus fort contre la surface froide, cherchant à m’enfoncer en elle par la seule force de mon bassin contre le sien. Le frottement est insupportable. Délicieux.
— Attends
Sa voix est un filet rauque, mais ses yeux disent le contraire. Ils me dévorent. Ils exigent. Attendre ? Impossible. L’attraction était un aimant, maintenant c’est une réaction en chaîne. J’engloutis son murmure avec un baiser plus sauvage, mes dens heurtant les siennes. Ma main arrache le bas de sa robe, trouve la fine bande de son string. Un seul mouvement sec, un déchirement net. Le tissu cède. Elle halète dans ma bouche, un son de surprise et d’approbation.
La chaleur humide de son sexe contre mon pantalon est une torture exquise. Je libère ma ceinture d’une traction nerveuse. Le métal claque, le cuir glisse. Je libère mon érection, brûlante, douloureuse de besoin. Elle se presse contre moi, guidant, offrant.
— Maintenant .
Je ne reconnais pas ma propre voix. C’est un grognement primal. Je l’enfonce sur moi d’un seul coup de reins, profond, total. Elle crie, un son étouffé par ma bouche, et son corps se cambre violemment, ses ongles s’enfonçant dans le cuir de ma veste. Elle est si étroite, si chaude, un poing de velours brûlant qui me serre, m’avale.
L’immobilité qui suit est électrique. Nos souffles se mêlent, précipités. Nos fronts se touchent. Dans ses pupilles dilatées, je vois mon propre reflet – un inconnu, un sauvage. Je vois la même stupeur, la même peur exaltante. Puis ses paupières battent, et ses doigts se crispent sur mes épaules.
— Bouge… s’il te plaît, bouge ..
EMMA
La sensation de le recevoir est un cataclysme. Cela déchire l’image que j’avais de moi, femme mesurée, contrôlée. Cela accomplit une promesse obscure faite dans le premier échange de regards. Je suis comblée, percée, possédée. Le miroir est une plaque de glace contre mon dos nu. Lui est un brasier vivant.
Ses mains sur mes hanches sont des marques de propriété. Je parcours son dos de mes ongles, découvrant les cratères et les reliefs de ses cicatrices, anciennes et nouvelles. Une géographie de la douleur que je veux comprendre avec ma peau, ma bouche.
Il se retire presque complètement, et le vide est une agonie.
Puis il revient. Plus fort. Plus brutal. Un coup qui fait jaillir un son rauque de ma gorge.
— Ho..mon Dieu...
Son nom est un sortilège que je lance dans l’air surchauffé. Je ne sais pas d’où il vient. Il est simplement là, sur mes lèvres, le seul mot qui existe.
— C'est fort.
Il le répande comme une confession contre ma bouche. Sa hanche frappe la mienne, encore et encore, dans un rythme qui n’a rien d’humain. C’est une tempête, un pilonnage. Chaque impact me projette contre le miroir, chaque retrait m’aspire. La douleur à l’os pubis se fond dans un plaisir si aigu qu’il en devient lumière blanche derrière mes paupières. Je m’accroche à lui, mes jambes lui ceignant les reins, l’attirant plus profond à chaque fois.
Sa bouche quitte la mienne, descend le long de mon cou, mord la courbe de mon épaule. La douleur fuse, directe, électrique, et je crie, le son répercuté par le métal. Il arrache l’épaulette de ma robe, prend mon sein dans sa bouche à travers le tissu. La morsure est précise, féroce, possédante. Une onde de choc se propage droit entre mes jambes.
— Plus dur… fais-moi mal si il faut, mais ne t’arrête pas .
Ma voix est celle d’une étrangère. Celle qui vit dans mes veines, sous ma peau polie.
Il gronde, un son venant des entrailles, et obéit. Ses mains se resserrent sur mes hanches, ses doigts s’enfonçant dans ma chair avec une force qui laissera des bleus. Il me soulève, me rabaisse sur lui avec une violence accrue. Le cuir de sa ceinture qui pend fouette ma cuisse à chaque mouvement. L’agrafe de son collier s’enfonce dans ma nuque, griffant, marquant.
Léon Un seul mot, tout aussi rauque.Le 5ème étage. Le temps presse.Je prends une inspiration, un semblant de courage absurde dans cette situation. Je fais un demi-tour complet pour lui faire face.— On a oublié les présentations, hier. Dans la confusion, dis-je, essayant un ton détaché qui sonne faux. Je m’appelle Léon.Son regard se décroche du miroir et se plante dans le mien, choc frontal. Elle est surprise. Une lueur d’amusement, noir et féroce, traverse ses prunelles. Elle dépose son cartable au sol, comme pour un rituel.— Emma, répond-elle.Elle tend sa main, droite, poignet ferme, ongles rouges impeccables. Un geste d’affaires, parfaitement incongru. Une étincelle d’humour absurde fend la tension, si vive qu’elle en est presque douloureuse. Je saisis sa main. Sa peau est douce, froide. Mais le contact électrise l’air. Nos paumes se touchent, nos doigts s’enlacent un bref instant – une poignée de main normale, sauf qu’elle n’a rien de normal. C’est une reconnaissance, un pac
LEONL’hôtel semble avoir changé d’atmosphère pendant la nuit. L’air conditionné a un goût de poussière, les tapis roses dégagent une odeur de renfermé. Mes bagages sont faits, posés près de la porte. Un vol dans trois heures. Une vie à reprendre, comme si de rien n’était.Je n’ai pas dormi. Mon corps est un champ de bataille sourd. Les cicatrices de l’accident palpitent d’une douleur familière, mais c’est une autre marque, plus récente, qui m’obsède. L’empreinte de ses ongles sur mes épaules, la sensation fantôme de ses cuisses autour de ma taille, le goût de sa peau salée encore sur ma langue. J’ai pris une douche brûlante, je me suis frotté jusqu’au rouge, mais son odeur , un mélange de son parfum, de ma sueur et de nous , semble imprégnée dans mes propres pores.Je descends. Mes doigts hésitent sur le bouton de l’ascenseur. Le métal est froid. La panne est réparée, évidemment. La vie est une machine bien huilée qui efface les incidents. Je pousse un son rauque, un rire sans humour
EmmaNous ne nous embrassons plus. Nous haletons bouche à bouche, échangeant l’air vicié, le goût de l’autre. La sueur coule en ruisseaux, mélange nos odeurs en un parfum unique, animal, indécent. Je vois défiler dans ses yeux gris chaque pensée interdite, chaque fêlure, chaque dévoration. Il voit les miennes. Il n’y a plus de masque. Nous sommes deux âmes nues, accrochées l’une à l’autre dans la chute.La pression en moi devient un bloc de lave, un point de non-retour. C’est trop. C’est insoutenable. Je veux fuir cette intensité, je veux m’y dissoudre.— Je… je ne vais pas tenir… — Lâche-toi… lâche tout pour moi Sa voix est brisée, un ordre, une supplique. Il accélère, devient frénétique, désespéré. Comme si le monde allait finir dans le prochain grondement de l’ascenseur.C’est cette pensée qui fait céder la dernière digue. La fin du monde partagée avec un inconnu. Mon corps explose en une série de contractions violentes, silencieuses, qui arrachent tout de moi, âme comprise. Un c
LEONLe goût de sa bouche est une addiction instantanée. Un mélange de baume fruité et de sel, d’urgence et de consentement muet. Mes mains sur ses hanches la soulèvent comme si elle ne pesait rien, et le choc de son corps contre le miroir fait vibrer toute la cage. Le reflet dans la lumière rougeâtre nous montre enlacés, deux animaux pris au piège, les yeux injectés de désir pur.Ses jambes se referment autour de ma taille, un étau de chair et de soie qui me coupe le souffle. Je la presse plus fort contre la surface froide, cherchant à m’enfoncer en elle par la seule force de mon bassin contre le sien. Le frottement est insupportable. Délicieux.— Attends Sa voix est un filet rauque, mais ses yeux disent le contraire. Ils me dévorent. Ils exigent. Attendre ? Impossible. L’attraction était un aimant, maintenant c’est une réaction en chaîne. J’engloutis son murmure avec un baiser plus sauvage, mes dens heurtant les siennes. Ma main arrache le bas de sa robe, trouve la fine bande de so
EMMALe rouge à lèvres. C’est ma seule pensée quand la cage s’arrête. J’ai passé mon doigt sur mes lèvres dans un geste nerveux, effaçant la couleur, laissant une trace baveuse, indécente. Je suis en retard. Encore. Et maintenant, je suis prisonnière. Avec un homme.Je le vois dans le miroir, avant même de le regarder vraiment. Grand, les épaules larges, le visage fermé. Puis je vois ses mains. Des mains abîmées. Marquées par la violence de quelque chose , un accident, une chute, un combat. Les cicatrices sont récentes, la peau encore en reconstruction. Elles me fascinent. Elles racontent une histoire de douleur et de survie.Il jure. Sa voix est grave, raclée par l’agacement ou la peur. L’air devient irrespirable. Je m’adosse au miroir froid, cherchant un peu de fraîcheur, mais mon dos brûle. L’électricité statique fait crépiter son pull. Le son fuse dans le silence comme une étincelle.Et puis… cela bascule.Ce n’est pas un regard. C’est une prise. Quand nos yeux se rencontrent enfi
LEONLe déclic sourd du mécanisme qui s’arrête est le premier son. Puis le silence. Un silence épais, étouffant, qui s’abat d’un coup dans cette boîte métallique suspendue. La lumière vacille, pâlit, et se stabilise dans une lueur jaunâtre et malade. Je relève la tête du sol où je fixais mes mains. Mes mains, justement. Les cicatrices encore roses, tendues sur les articulations, me rappellent à chaque mouvement que mon corps n’est plus tout à fait le mien. Un accident, disent-ils. Une seconde d’inattention. Maintenant, il y a un avant et un après, tracé à vif sur ma peau.Je ne suis pas seul.L’odeur arrive en premier. Un mélange de fleur coupée, sucrée, et de quelque chose de plus acide, de l’adrénaline peut-être. Je tourne lentement la tête. Elle est dans l’angle opposé, adossée au miroir, comme pour s’y fondre. Une femme. Robe noire, épaules nues. Elle a les mains plaquées contre la paroi derrière elle, les doigts écartés. Et sa bouche. Elle a les lèvres rouges. D’un rouge violent,







